Patrimoine classé
Façade sur le Rhône (indiquée sur plans par A, B, C, D) et toitures correspondantes ; ensemble délimité sur plans par M, N, O, P (sol de la cour A, façades etourant cette cour, toitures correspondantes) ; ensemble délimité sur plans par E, F, G, H (sol de la cour B, façades des bâtiments, toitures correspondantes, galeries y compris leur sol, chapelle, salle voûtée qui la surmonte, escalier) ; ensemble délimité sur plans par I, J, K, L (sol de la cour C, façades entourant cette cour, toitures correspondantes) (cad. G 223, 224, 225 (ILOT 82) ) : classement par arrêté du 3 février 1958
Origine et histoire du Musée des beaux-arts
L’ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dite aujourd’hui musée Réattu, a accueilli le siège du grand prieur de Saint-Gilles après la destruction du grand prieuré de Saint-Gilles en 1562. Le site a succédé à la commanderie de Trinquetaille : une commanderie dédiée à saint Thomas fut créée en 1358 après la disparition de l’église du même nom au XIVe siècle. Installés à l’abri des remparts, près du Rhône, les Hospitaliers y refondent leur établissement et y adjoignent, au XVe siècle, la commanderie de Saliers et la commanderie de Saint-Pierre. Ces bâtiments formeront, au XVIIe siècle, le prieuré de l’Ordre, reconstruit par le prieur Honoré de Quiqueran de Beaujeu ; un décret de 1615 impose désormais la résidence des prieurs sur place et la commanderie devient le grand prieuré des quarante-huit commanderies de la langue de Provence. Saisi en 1792, l’ensemble fut vendu comme bien national en plusieurs lots entre 1796 et 1827 à Jacques Réattu, peintre et collectionneur, et la municipalité d’Arles en fit un musée en 1868 qui porte son nom. Au fil des siècles, réaménagé et embelli, le prieuré constitue l’un des ensembles les plus importants de l’architecture de la Renaissance à Arles ; il est partiellement classé au titre des monuments historiques par arrêté du 3 février 1958.
Le prieuré se situe au nord de la vieille ville, en bordure du Rhône et à proximité des thermes de Constantin. L’ensemble se compose à l’origine de deux corps de logis contigus : la commanderie de Saliers, construite au XVe siècle, présente sa façade nord sur le fleuve et, côté cour intérieure, une salle voûtée en rez-de-chaussée et une grande pièce à l’étage ouvrant sur le Rhône. La commanderie de Saint-Thomas, qui deviendra le grand prieuré, s’organise également autour d’une cour intérieure ; en 1640 elle est réduite par la construction d’un escalier d’honneur qui remplace l’ancien escalier en vis, et des loggias à chaque étage s’ouvrent sur la cour pour relier les pièces entre elles. La façade nord du corps de logis a conservé des éléments de fenêtres à meneaux et croisillons, remplacés au XVIIIe siècle par de larges ouvertures ; son sommet est décoré de créneaux et de faux mâchicoulis ornés de gargouilles. La porte d’entrée sur la rue du Grand-Prieuré est surmontée d’un fronton à pan coupé du XVIIe siècle. La chapelle, commencée en 1503 dans un style gothique tardif, présente un chevet plat sur la rue, trois travées voûtées en croisées d’ogives aux clés à pendentifs armoriés et une salle supérieure qui abritait les archives. On remarque encore aujourd’hui la cour intérieure, les gargouilles et divers blasons sculptés ornant le monument.
Transféré depuis Saint-Gilles en 1562, le grand prieuré a été dirigé jusqu’à la Révolution par une succession de prieurs, parmi lesquels Charles d'Urre-Ventarol, Louis du Pont, Claude de Glandevès, Honoré de Quiqueran de Beaujeu, Christofle de Baroncelli-Javon, Richard Jean-Louis de Sade et Gaspard-Louis de Tulle-Villefranche.