Origine et histoire du Palais Lascaris
Le palais Lascaris est une ancienne demeure aristocratique de Nice, construite par la famille Lascaris de Vintimille dans la première moitié du XVIIe siècle et située au cœur du Vieux-Nice. De style baroque dit génois, son architecture est attribuée à des auteurs inconnus faute de sources documentaires. La mairie de Nice indique que le palais abrite aujourd'hui un musée des instruments de musique anciens rassemblant environ 500 pièces, la deuxième collection la plus importante en France. Propriété des Lascaris de Vintimille jusqu'en 1802, le bâtiment est tombé en décrépitude au début du XXe siècle avant d'être acquis par la ville de Nice en 1942 pour y installer un musée des arts et traditions populaires régionaux. Classé au titre des monuments historiques le 15 février 1946, il a fait l'objet d'une réhabilitation de 1963 à 1970, année de son ouverture définitive au public. En 2001, les collections instrumentales de la ville, jusqu'alors au musée Masséna, ont été transférées au palais et l'exposition permanente des instruments a été inaugurée en 2011. Intégré au tissu urbain ancien, le palais présente en façade une ornementation riche mettant en valeur fenêtres et balcons à balustres de marbre blanc. Dès l'entrée, un vaste vestibule voûté d'arêtes, peint de motifs aux tons vigoureux, produit un fort effet visuel. Un escalier monumental, fermé par des galeries d'arcades et décoré de statues, mène aux salles du premier étage consacrées aux expositions temporaires. L'étage noble conserve ses appartements d'apparat et leurs décors plafonnants peints à la fresque au milieu du XVIIe siècle ; le mobilier d'apparat date des XVIIe et XVIIIe siècles, tandis que les statues et le décor rocaille des salons furent ajoutés au XVIIIe siècle. Tapisseries flamandes et d'Aubusson ornent les murs, et de nombreux tableaux à thèmes religieux évoquent l'influence de l'ordre de Saint‑Jean de Jérusalem ; reliquaires et objets de dévotion témoignent de l'héritage de la famille Lascaris‑Vintimille. Le palais consacre aujourd'hui ses espaces d'exposition à la présentation permanente de la collection d'instruments de musique anciens issue du legs du notable niçois Antoine Gautier. Le legs d'Antoine Gautier, né à Nice en 1825, a pris effet en 1904 et comprenait plus de 225 instruments ainsi qu'une bibliothèque musicale, avec une dotation destinée à l'entretien des instruments. Musicien amateur et fondateur d'un quatuor familial, Gautier avait rassemblé dans son salon de la rue Papacino une importante collection et reçu des artistes tels que Jacques Thibaud, Eugène Ysaÿe et Gabriel Fauré. Depuis ce legs, la Ville de Nice a enrichi la collection, exposée successivement au musée des beaux-arts, au musée Masséna, au conservatoire, puis au palais Lascaris. La collection comporte des pièces remarquables : une sacqueboute ténor d'Anton Schnitzer (Nuremberg, 1581), des violes d'amour et des violes de gambe de divers luthiers, et une basse de violon de Paolo Antonio Testore (Milan, 1696). Elle comprend également plusieurs guitares baroques rares, des flûtes à bec et un clavecin anonyme du XVIIIe siècle, de nombreuses harpes — dont des prototypes de Sébastien Érard et une harpe de Naderman (Paris, 1780) — ainsi qu'un ensemble rare de clarinettes et des instruments à cordes expérimentaux. On y trouve aussi plusieurs instruments d'Adolphe Sax, des instruments à clavier français du XVIIIe au XXe siècle, dont un piano Pleyel (Paris, 1863), une guitare en état de jeu d'Antonio de Torres (Almeria, 1884), de nombreux instruments de facture méridionale, une cinquantaine d'instruments extra-européens issus du legs Gautier et un ensemble d'instruments de jazz comprenant un saxophone Grafton des années 1950. En 2009, le groupe AXA a déposé au palais le fonds Gaveau‑Érard‑Pleyel, présenté au public dans deux expositions en 2011 et 2012, et l'Institut de France a déposé en 2013 la collection Tissier‑Grandpierre (66 instruments, dont 18 harpes anciennes). La collection instrumentale du palais Lascaris participe au projet MIMO (Musical Instrument Museums Online) et ses notices sont accessibles sur le site Europeana.