Origine et histoire du Musée du Vieux-Château
Le château de Laval, situé au centre-ville sur un éperon rocheux dominant la Mayenne, se compose du Vieux-Château médiéval et du Château-Neuf de la Renaissance, transformé en palais de justice au XIXe siècle. Classés parmi les premiers monuments historiques en 1840, ces deux ensembles dominent la vieille ville et illustrent l'évolution de l'architecture du XIe siècle à la Renaissance. La fondation du château au XIe siècle a favorisé le développement de la ville et la seigneurie de Laval, liée à la maison de Laval, a marqué l'histoire locale jusqu'à la fin de la Renaissance. Le Vieux-Château, implanté sur un promontoire triangulaire, conserve la chapelle romane et la puissante tour maîtresse philippienne coiffée d'un hourd en chêne, exemple rare d'architecture militaire médiévale. La tour maîtresse cylindrique, isolée à l'origine et dotée d'une défense très complète, comporte plusieurs niveaux desservis par un escalier comprenant des modifications postérieures et conserve une charpente de hourd datée par dendrochronologie au début du XIIIe siècle. La chapelle, aménagée au XIIe siècle, présente des voûtes d'arêtes, des colonnes et des chapiteaux sculptés ; elle a conservé des éléments liturgiques et la sépulture d'Anne d'Alègre retrouvée lors de fouilles. Le logis médiéval, remanié aux XVe et XVIe siècles, offre une grande salle d'apparat, des façades ornées de baies sculptées et une décoration mêlant motifs gothiques et influences de la Première Renaissance. Les travées sculptées des logis, riches en motifs végétaux, figures mythologiques et emblèmes dynastiques, traduisent la volonté des comtes de Laval d'affirmer leur rang et leurs alliances. La galerie dite Château-Neuf, élevée dans la première moitié du XVIe siècle pour l'agrément des seigneurs, s'étend en bordure de la rivière et témoigne des formes de la Seconde Renaissance par sa régularité et l'usage des ordres antiques. À la fin de la Renaissance la galerie, restée inachevée, présente des travées sculptées et s'achevait par des pavillons aujourd'hui remaniés ou détruits, tandis que son sous-sol voûté couvre toute la longueur de l'édifice. Le Château-Neuf a été transformé à la Révolution et au XIXe siècle pour accueillir les services judiciaires ; ces aménagements ont modifié la structure intérieure et ajouté des pavillons latéraux et un campanile pour l'horloge. Après le départ du palais de justice dans les années 2000, le Château-Neuf attend une reconversion et la municipalité a envisagé d'y installer un centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine. Des fouilles récentes ont mis au jour des indices du premier château sur motte, notamment l'ancienne muraille matérialisée par une série de fossés, des constructions sur poteaux et des silos. L'enceinte médiévale s'est progressivement resserrée sur l'extrémité du promontoire, laissant place à des remparts en pierre flanqués de tours et à des aménagements défensifs adaptés aux évolutions militaires. Au fil des siècles, des parties des murailles et des tours ont été arasées, remaniées ou incorporées aux logis, mais la silhouette du donjon et le hourd restent des éléments saillants du site. Classé dès 1840, le Vieux-Château a connu au XIXe et au XXe siècle des campagnes de restauration et a été transformé en musée municipal à partir des années 1920, d'abord consacré à l'archéologie, aux sciences naturelles et aux arts décoratifs. Depuis 1967 le Vieux-Château abrite le Musée d'Art naïf et d'Arts singuliers, qui présente une riche collection d'œuvres naïves et singulières, dont des toiles du Douanier Rousseau et d'autres artistes représentatifs du mouvement. Le musée expose également des collections variées : œuvres médiévales, objets liturgiques, mobilier, vues anciennes de Laval et pièces archéologiques issues des fouilles locales. L'ensemble château et musée est ouvert au public, la cour et les salles d'exposition étant accessibles gratuitement, et des visites guidées payantes sont proposées pour la tour et la chapelle. Implanté face au Pont Vieux, le château contrôlait autrefois la traversée de la Mayenne et les voies de communication entre le Maine et la Bretagne, rôle renforcé par sa position topographique. Monument central de l'identité lavalloise, il a inspiré des artistes et des écrivains et figure depuis longtemps parmi les images et les repères touristiques de la ville.