Origine et histoire du Musée du Vieux Nîmes
L'ancien palais épiscopal de Nîmes occupe un emplacement à l'ouest du quartier cathédral et a été reconstruit sur les vestiges d'un édifice antérieur bâti pour Guillaume Briçonnet (1496-1511) et détruit en 1567. La reconstruction engagée en 1682 sous Monseigneur Séguier a été conçue par Ponce Alexis de La Feuille, inspecteur des ouvrages du Canal du Midi, d'après des plans auxquels a également participé l'architecte Jacques Cubizol. Les élévations, commencées en 1683, empruntent plusieurs principes des hôtels parisiens, avec un corps de logis placé entre une cour d'honneur et un jardin ; La Feuille fit peindre en noir les tuiles pour évoquer l'aspect de l'ardoise et prévut un escalier ostentatoire, sans loggia. Des peintures exécutées en 1683-1685 dans le cabinet de l'évêque ont été attribuées aux frères François et Jean Gommeau. Les expertises de 1688 et 1707 notaient que le projet restait inachevé et que le premier étage n'était pas habitable. Les travaux se poursuivirent et furent menés à leur achèvement à partir de 1757 sous l'épiscopat de Charles-Prudent de Becdelièvre ; l'architecte Dardalhion (également nommé Dardailhon) et Antoine Fabre réalisèrent le grand escalier, rehaussèrent les façades latérales et aménagèrent les appartements du premier étage, ainsi qu'un portail fermant la cour d'honneur. Des aménagements supplémentaires eurent lieu au milieu du XIXe siècle ; à cette époque les menuiseries des fenêtres furent remplacées par des vitraux et la décoration intérieure date en grande partie du même siècle. En 1910, la liaison entre la chapelle épiscopale et le palais fut supprimée pour permettre la création de la rue Mathieu-Lacroix, et d'autres remaniements modifièrent la configuration du bâtiment. L'édifice comprend aujourd'hui un corps de logis central, une aile en retour à l'est et, à l'ouest, une façade factice simulant une aile occidentale symétrique ; les communs se trouvent à l'ouest du jardin. Les anciennes écuries, à l'est, ouvraient sur une cour qui communiquait par des passages avec la cour d'honneur, le jardin et la rue du Chapitre. Un sous-sol voûté occupe la surface du bâtiment. Les façades nord et sud présentent une travée centrale légèrement en avant et plus large que les autres, qui concentre toute l'ornementation sculptée. Des peintures anciennes ont été retrouvées dans le cabinet de l'évêque et peuvent être attribuées aux Gommeau. Le palais a été inscrit au titre des monuments historiques le 18 mars 1986. Aménagé à partir de 1920 en musée du Vieux Nîmes par l'érudit Henry Bauquier, l'ancien palais épiscopal abrite des collections sur la vie nîmoise depuis la fin du Moyen Âge, notamment des salons reconstituant l'univers des industriels du textile aux XVIIIe et XIXe siècles et une salle dédiée à la production de la serge de Nîmes (denim) sur plus de trois siècles ; le musée organise aussi des expositions temporaires. Parmi les conservateurs se succèdent Henry Bauquier, Victor Lassalle, Christiane Lassalle (années 1970-1986), Martine Nougarède (1986-2011), Aleth Jourdan (2011-2021) et, depuis 2021, Lisa Laborie-Barrière.