Musée et Jardins Albert-Kahn à Boulogne-Billancourt

Crédit photo : Auteur inconnu - Sous licence Creative Commons

Propriété du département

Période

XXe siècle

Patrimoine classé

Domaine dit d'Albert Kahn : les parties suivantes, délimitées selon le plan annexé à l'arrêté : en totalité, les jardins avec leurs sols, clôtures, ponts, portes et éléments décoratifs ; en totalité, les fabriques de jardin, à savoir la serre dite le palmarium, les deux maisons japonaises, le pavillon de thé, le cottage dit normand et la maison dite grange vosgienne ; en totalité, l'ancienne demeure d'Albert Kahn, située 6, quai du Quatre-Septembre, avec le sol de la parcelle ; les façades et toitures de l'immeuble, ancien laboratoire des archives de la planète, ainsi que la salle des plaques autochromes et sa bibliothèque, situés en arrière du 8, quai du Quatre-Septembre, avec le sol de la parcelle ; les façades et toitures des communs de la demeure d'Albert Kahn, ancienne salle de projection et studio de prises de vue, situés en arrière du 6, quai du Quatre-Septembre, avec le sol de la parcelle ; les façades et toitures de l'immeuble, ancien laboratoire de biologie et microcinématographie du docteur Comandon, situés au 8, quai du Quatre-Septembre, avec le sol de la parcelle ; les façades et toitures de l'immeuble, ancien siège de la société Autour du Monde, situé au 9, quai du Quatre-Septembre, avec le sol de la parcelle (cad. D 1, 31, 33, 35, 41) : inscription par arrêté du 16 décembre 2015

Origine et histoire du Musée et Jardins Albert-Kahn

Le domaine dit d'Albert Kahn comprend un musée et un jardin à scènes paysagères créés par Albert Kahn autour de sa propriété au fur et à mesure des acquisitions de terrains entre 1895 et 1908. Des paysagistes, jardiniers et pépiniéristes renommés participèrent à la conception, à la réalisation et à l'entretien de ce parc conçu comme un microcosme végétal évoquant des paysages représentatifs de diverses cultures, reflet de la pensée humaniste et philanthropique de son fondateur. Le jardin s'étend sur près de quatre hectares (3,9 ha) et rassemble des scènes paysagères contrastées caractéristiques de la fin du XIXe siècle. Il comprend un village japonais originel, implanté après le voyage d'Albert Kahn au Japon, dont des maisons et un pavillon de thé furent rapportés en pièces détachées ; ce pavillon a été remplacé en 1965 et inauguré en 1966 en collaboration avec la société des maîtres de thé de l'école Urasenke et la ville de Kyôto, où des cérémonies du thé y sont toujours pratiquées. Un jardin japonais moderne, partiellement substitué en 1990, a été aménagé par le paysagiste Fumiaki Takano autour d'un cours d'eau symbolique et comprend deux ponts de bois, une montagne d'azalées évoquant le mont Fuji et des berges de galets. Le jardin à la française, conçu par Henri et Achille Duchêne, présente un salon de verdure aux parterres symétriques devant une serre d'hiver et un verger ornemental assocíant arbres fruitiers taillés et rosiers anciens sur des parterres géométriques. Le jardin anglais offre une vaste pelouse vallonnée bordée de fabriques de jardin — cottage, pont de rocailles, puits, vestige d'une laiterie — et affiche une grande diversité d'essences, témoignant du goût d'Albert Kahn pour la richesse végétale. Une forêt vosgienne reconstitue sur environ 3 000 m2 le versant lorrain du massif des Vosges, plantée de pins et d'épicéas et ponctuée de rochers de granit, tandis que le versant alsacien s'organise autour d'une combe parsemée de grès ; cette partie, très affectée par la tempête de 1999, a fait l'objet d'une restauration. La « forêt bleue », composée de cèdres de l'Atlas et d'épicéas du Colorado, forme un écran gris-bleu ponctué au printemps d'azalées et de rhododendrons autour d'un marais et d'un double plan d'eau propices aux jeux de lumière. Une forêt dorée, plantée de bouleaux et d'une prairie d'herbes hautes mêlées de vivaces, offre des teintes dorées à l'automne. Le jardin est géré par un chef jardinier et constitue une partie intégrante des collections du musée départemental Albert-Kahn, situé à Boulogne-Billancourt.

Le musée conserve la collection des Archives de la Planète, rassemblée par Albert Kahn entre 1909 et 1931 : 72 000 photographies en couleurs sur plaques autochromes, 184 000 mètres de films — soit environ une centaine d'heures — et 4 000 plaques stéréoscopiques en noir et blanc. Après la faillite de la banque Kahn, la propriété fut saisie puis acquise successivement par la préfecture de la Seine et par les Archives de la Planète ; les jardins furent ouverts au public en 1937 et des projections d'autochromes y reprirent. Georges Chevalier, qui avait poursuivi bénévolement le travail de laboratoire, fut réembauché comme conservateur et Marguerite Magné de Lalonde fut engagée comme conservatrice-adjointe; tous deux organisèrent des missions photographiques locales et rendirent publiques des projections d'images. Marguerite de Lalonde succéda ensuite à Georges Chevalier à la tête des collections et anima des cycles de conférences, puis fut replacée par Jeanne Beausoleil en 1974, qui entreprit des recherches historiques et des campagnes de restauration des films et des plaques; Jeanne Beausoleil porta l'œuvre d'Albert Kahn à la connaissance du public par des expositions et des publications. Le département des Hauts-de-Seine, devenu propriétaire du site après sa création en 1968, assure depuis la conservation et le financement du musée ; l'établissement a acquis le statut juridique de musée en 1986 et est labellisé « musée de France » depuis 2002. Une galerie d'exposition de 650 m2 a été ouverte en 1990.

Chaque année, le musée organise des expositions temporaires thématiques et depuis 2012 accueille régulièrement le festival de photographie contemporaine « Allers Retours », qui met en perspective l'œuvre d'Albert Kahn avec des enquêtes photographiques contemporaines. Le site a accueilli 143 447 visiteurs en 2010, ce qui en faisait le plus visité du département selon l'office du tourisme. De grands travaux de rénovation et d'extension, dirigés par l'architecte Kengo Kuma, ont été entrepris à partir de 2016 pour construire un bâtiment d'exposition de 2 300 m2 et rénover les bâtiments existants ; dans le même temps, une partie de la collection est devenue accessible en ligne, avec 65 000 images consultables sur le portail Collections. Le jardin a été fermé au public de 2016 à 2019 et a rouvert lors des Journées européennes du patrimoine le 20 septembre 2019 ; le nouveau musée, comprenant la galerie réhabilitée et les bâtiments patrimoniaux, a rouvert le 2 avril 2022 avec un parcours de visite renouvelé, des espaces d'exposition temporaires, des dispositifs pour les familles, un auditorium de 100 places, un centre de documentation, des ateliers pédagogiques, une boutique et un espace de restauration. Depuis 2015, l'ensemble du jardin, la maison d'Albert Kahn, certains pavillons et le palmarium sont inscrits à l'inventaire des monuments historiques, et les collections des Archives de la Planète sont inscrites au Registre international Mémoire du monde de l'Unesco.