Origine et histoire du Musée Folie Marco
L'Ancien Hôtel Marco, souvent appelé Folie Marco, est une demeure patricienne du XVIIIe siècle construite en 1763 par Louis-Félix Marco, bailli de la seigneurie de Barr, sur l'emplacement de l'ancienne chapelle Saint-Wolfgang, en dehors de l'enceinte urbaine. À la mort de Marco en 1772, la propriété fut mise en vente forcée puis transmise à divers propriétaires; vers 1780 elle accueillit Barbara Froehlich et son second époux Jean-Christophe Kienlin, qui acquit le vignoble adjacent lorsqu'il fut vendu comme bien national après la Révolution. Entre 1816 et 1922 la maison servit de résidence d'été à la famille Trawitz, négociants en tabac, qui y apporta des transformations. En 1922 l'édifice fut vidé de ses meubles puis acheté par les frères Henri et Gustave Schwartz, qui y installèrent leurs collections de meubles bourgeois et l'entretenaient avec soin. Les deux frères, sans héritiers, léguèrent la propriété à la ville de Barr à la condition qu'elle la transforme en musée ; l'édifice est partiellement inscrit au titre des monuments historiques depuis 1935 et le musée ouvrit en 1964, portant aujourd'hui le label « musée de France ».
L'appellation « Marco » renvoie au nom du constructeur, tandis que le terme « folie », attesté très tôt, évoque un type de maison de campagne recherché dès le XVIIe siècle ; selon l'historien d'art Hans Haug, il s'agit davantage d'une vaste maison de campagne que d'une folie au sens strict, mais d'autres auteurs attribuent ce surnom au caractère mondain de la demeure et aux fêtes qui s'y tenaient, ainsi qu'à l'impression laissée par les dépenses engagées par l'avocat Marco.
Le bâtiment se situe au 30, rue du Docteur-Sultzer, à la sortie nord de Barr en direction de Strasbourg, sur un terrain acquis devant l'ancienne porte Feyl où se trouvait la chapelle démolie par la ville.
L'inscription au titre des monuments historiques concerne principalement les façades et les toitures du bâtiment principal, les deux portes cochères et leurs balcons dont la ferronnerie porte les armes de Félix Marco et de son épouse Catherine Richarde Cunigonde Kien, autant d'éléments qui confèrent à la maison son caractère seigneurial. Sont également protégées les façades et la toiture à comble brisé du pavillon des communs ainsi que les deux petits pavillons d'angle. À l'intérieur, un escalier en chêne de style Louis XIV, pourvu d'une rampe à balustres sculptée, dessert les trois niveaux, chacun organisé autour d'une grande pièce centrale destinée aux réceptions.
Le jardin, créé au XVIIIe siècle et plusieurs fois modifié avant une rénovation en 2001, occupe 2 400 m² ; il présente de grands arbres datés de la première moitié du XIXe siècle — hêtre pourpre, pins noirs, if imposant — ainsi que plantes vivaces et grimpantes comme chèvrefeuille, polygonum et rosiers, et diverses fleurs annuelles et vivaces telles que pulmonaires, iris, hémérocalles et géraniums. L'espace est agrémenté de gloriettes et d'éléments lapidaires, et un balcon à atlantes provenant de l'abbaye d'Andlau est enchâssé dans le mur de clôture oriental.
La vigne située en face du musée, d'origine médiévale, fait partie du domaine depuis la Révolution, lorsque Jean-Christophe Kienlin l'acheta ; une colonne commémorative du XIXe siècle marque l'entrée du clos et porte, depuis 1922, une plaque énumérant les propriétaires successifs depuis le Grand Chapitre de Strasbourg.
Le musée de la Folie Marco, musée municipal d'arts décoratifs, présente des collections de mobilier bourgeois alsacien du XVIIe au XIXe siècle, assemblées notamment par les frères Schwartz. L'accès aux collections se fait par la porte extérieure donnant sur la cour ; dans le vestibule se trouve une bibliothèque en chêne à deux corps de style Louis XV, unique mobilier subsistant de l'ameublement d'origine, tandis que des trophées en bas-relief rappellent les goûts de Marco pour la chasse. Aux étages, les décors muraux restaurés, des meubles, céramiques et étains, des objets liturgiques et des œuvres graphiques composent les salles d'exposition ; au second étage, sur le palier, un tabernacle en chêne à trois pans (vers 1700) et une Vierge polychrome du XVIIIe siècle figurent parmi les pièces remarquables, et une porte tardive du XVIIe siècle provenant du château d'Andlau donne accès aux combles. Enfin, au premier étage, une copie du testament de 1933 rappelle le legs des frères Schwartz à la ville.