Origine et histoire du Musée gallo-romain
L'aqueduc du Gier, aussi appelé aqueduc du Mont-Pilat, est l'un des réseaux antiques qui alimentaient Lugdunum en eau. Long d'environ 85 kilomètres, il est le plus étendu des quatre aqueducs lyonnais et figure parmi les mieux conservés. Il puise son eau dans le bassin du Gier, affluent du Rhône. Plusieurs de ses vestiges bénéficient de protections au titre des monuments historiques, avec des classements et inscriptions intervenus dès 1862 et notamment en 1875, 1912, 1930 et 1986.
La datation de sa construction a longtemps été débattue : des tuyaux de plomb marqués au nom de Claude, l'inscription dite « pierre de Chagnon » liée à Hadrien et d'autres documents ont successivement soutenu des attributions à Claude, Hadrien ou Auguste. La découverte en 2018 de restes de coffrages en bois dans les fondations du pont-siphon de Beaunant, datés par dendrochronologie de l’an 110, a permis de situer la construction de cet ouvrage sous Trajan, sans exclure un achèvement ultérieur sous Hadrien.
La connaissance de l'aqueduc repose sur des observations anciennes et des études plus systématiques : antiquaires dès le XVIe siècle, monographies du XVIIIe et XIXe siècles, relevés topographiques et la thèse de Germain de Montauzan en 1908 ont posé les bases de la recherche moderne. À partir des années 1970, puis au début du XXIe siècle, des recherches et des prospections ont précisé l'emplacement des regards, le nombre de tunnels et certains tronçons du tracé ; en 2001 moins d'une centaine de regards avaient été identifiés, alors que l'on estime que le monument comportait en réalité près d'un millier de regards. Des campagnes de restauration récentes ont porté sur la restitution des niveaux de sol, la suppression de la végétation et la reprise des maçonneries selon des matériaux et des techniques inspirés des pratiques romaines, notamment à Chaponost en 2009-2010, et l'aqueduc a été retenu pour le loto du patrimoine en 2018.
Les seules inscriptions réglementaires retrouvées sont deux bornes de protection, la « pierre de Chagnon » (découverte en 1887) et la « pierre du Rieu » (1996), qui portent la même formule latine interdisant de labourer, semer ou planter dans l'espace destiné à la protection de l'aqueduc ; ce texte reprend une législation d'époque augustéenne.
Le tracé part des hauteurs de Saint-Chamond, dans le massif du Pilat, suit le plateau et traverse les départements de la Loire et du Rhône en passant par des communes telles que Mornant, Orliénas, Chaponost et Sainte-Foy-lès-Lyon avant d'aboutir à Lyon. La dénivellation totale est d'environ 105 mètres, soit une pente moyenne proche de 1,1 mètre par kilomètre ; le débit est estimé à quelque 15 000 m3 par jour, une valeur plus élevée ayant été proposée par des études antérieures.
L'ouvrage mobilise presque toutes les techniques romaines : une pente très faible, de longues tranchées couvertes, des conduits enterrés de grandes dimensions, des tunnels (dont un de 825 mètres vers Mornant), des ponts-canaux, des murs et arches et quatre siphons pour le franchissement des vallons. Les conduits enterrés présentent des dimensions extérieures d'environ 3 mètres de haut pour 1,5 mètre de large et peuvent être enfouis jusqu'à 4 mètres ; les regards repérés en 2001 étaient espacés en moyenne de 77 mètres.
Le siphon de l'Yzeron illustre la technicité de l'ensemble : il relie deux réservoirs sur quelque 2 600 mètres, présente une flèche de 123 mètres, comprend une partie basse formée d'un pont-canal d'environ 270 mètres et 17 mètres de haut, et utilisait un faisceau de douze tuyaux de plomb de 27 centimètres de diamètre noyés dans le mortier pour résister à la pression. Le franchissement de la Durèze associe, de façon surprenante, un pont-siphon et un canal contournant long d'environ 11,5 kilomètres, qui rallonge le parcours d'environ 10 kilomètres et peut témoigner d'un fonctionnement défectueux du siphon ou d'une construction postérieure.
Sur le parcours subsistent des vestiges variés et localement spectaculaires : le réservoir de chasse et des piles du pont-siphon de la Durèze à Genilac, le pont-canal complet de Jurieux et le pont des Granges à Saint-Maurice-sur-Dargoire, le tunnel long de Mornant et son puits de regard, les murs et l'alignement d'arches du Plat de l'Air à Chaponost, ainsi que des piles et rampants du siphon de Beaunant à Sainte-Foy-lès-Lyon ; on retrouve également des vestiges notables à Soucieu-en-Jarrest et Brignais liés au pont-siphon du Garon.
Des découvertes récentes sur le terrain comprennent la mise au jour de conduits ou de piles lors de travaux agricoles ou de terrassement, la conservation et parfois le déplacement d'éléments de parement, ainsi que la découverte de bornes protectrices dont des moulages sont exposés en mairie ou au musée. Une section de conduit enterré a par ailleurs été déplacée en 2006 à Chaponost pour la préserver lors d'une opération immobilière, exposée ensuite en plein air, ce qui a posé des problèmes de conservation car l'élément était conçu pour rester enfoui.
Plusieurs sections de l'aqueduc sont classées ou inscrites au titre des monuments historiques et l'étude comme la protection de cet ensemble monumental se poursuivent.