Origine et histoire du Musée
Le musée Jacquemart-André, musée de beaux-arts et d'arts décoratifs, est situé au 158 boulevard Haussmann dans le 8e arrondissement de Paris ; il appartient à l'Institut de France et sa gestion a été confiée à la société Culturespaces dans les années 1990, qui assure la valorisation des espaces, les expositions temporaires, l'accueil des visiteurs, la communication ainsi que l'exploitation du salon de thé et de la boutique. À l'origine demeure privée de grands bourgeois, l'hôtel particulier fut édifié sur commande d'Édouard André, qui fit appel à l'architecte Henri Parent pour construire ce second hôtel entre 1869 et 1875 sur un terrain de 5 700 m2 acquis pour 1 520 000 francs ; il était destiné aux réceptions et doté des commodités modernes dans un décor théâtral. Installé depuis 1864 avec sa collection à l'hôtel de Saint‑Paul, Édouard André prit des responsabilités dans le monde des arts en rachetant la Gazette des Beaux‑Arts et en dirigeant l'Union centrale des arts décoratifs, et il conçut un fonds consacré notamment aux tableaux, sculptures, tapisseries et objets d'art du XVIIIe siècle. En 1881, son mariage avec la peintre Nélie Jacquemart fit naître une collaboration dans les acquisitions et l'aménagement de la demeure ; Nélie se consacra particulièrement à la peinture italienne, des primitifs des XIVe et XVe siècles à la Renaissance ; selon le texte, cela correspond à 124 des 137 tableaux italiens de la collection. À la mort d'Édouard André, Nélie acheva le projet muséal et décida de léguer l'hôtel et les collections à l'Institut de France à la condition qu'ils soient ouverts au public ; son legs réunit également la collection de l'abbaye de Chaalis. Le legs prit effet en 1913 et, depuis cette date, l'Institut de France et la Fondation Jacquemart‑André veillent à la conservation et à la mise en valeur du patrimoine en maintenant la disposition et le mobilier d'origine, selon un « accrochage archéologique ». Le musée fut inauguré officiellement le 8 décembre 1913 par le président de la République Raymond Poincaré. Une campagne de restauration menée à partir de l'automne 2023 a permis, entre autres, de restaurer la fresque de Tiepolo ainsi que les marbres et les bronzes de l'escalier. Parmi les conservateurs qui se sont succédé figurent Émile Bertaux, Pierre de Nolhac, Lucien Simon, Robert Poughéon, Jean‑Gabriel Domergue, Julien Cain, René Huyghe, Nicolas Sainte‑Fare‑Garnot et Pierre Curie, avec quelques intérims comme Pierre Clamorgan et Arnaud Doria. L'hôtel particulier présente une façade sur le boulevard Haussmann encadrée par deux pavillons et rythmée de pilastres, avec un avant‑corps central arrondi inspiré du Petit Trianon ; une haute terrasse domine un soubassement percé de deux portes cochères, dont l'une ouvre sur la cour d'honneur. Cette cour est fermée par un mur en hémicycle traversé d'arcatures aveugles et d'une arche qui donnait accès à des installations fonctionnelles — manège, sellerie, écuries pour quatorze chevaux et remise pour treize voitures — et comportait des accès secondaires par la rue de Courcelles et l'impasse Émery. La façade principale sur la cour comporte un avant‑corps à baies en plein cintre orné de colonnes ioniques ; l'entrée se marque par un escalier flanqué de deux lions assis et de lampadaires, tandis que les niveaux latéraux s'organisent en travées rectangulaires surmontées d'une corniche et d'une balustrade ornée de vases en pierre. Au centre de l'élévation se détache une très grande fenêtre d'atelier surmontée d'un fronton triangulaire, élément caractéristique de l'aménagement du musée. L'intérieur conserve les salons de réception et les espaces privés d'origine : vestibule, Salon des Peintures, Grand Salon, Salon des Tapisseries, cabinet de travail, boudoir, bibliothèque, salon de musique, jardin d'hiver et escalier d'honneur ponctué par la fresque de Tiepolo, ainsi que le fumoir et la galerie des musiciens. Le musée italien comprend plusieurs salles thématiques (salle des sculptures, salle florentine, salle vénitienne) et les appartements conservent des pièces comme la chambre de Madame, l'antichambre et la chambre de Monsieur ; l'ancienne salle à manger sert désormais de restaurant. Les collections réunissent principalement des peintures italiennes et françaises, ainsi que des œuvres hollandaises, flamandes et anglaises, des sculptures, du mobilier et des objets d'art ; on y reconnaît des noms majeurs tels que Giovanni Bellini, Botticelli, Mantegna, Donatello, Canaletto, Carpaccio, Le Pérugin, Rembrandt, Van Dyck, Frans Hals, Chardin, David, Fragonard, Boucher, Reynolds, Tiepolo, Uccello, Signorelli, Jacob van Ruisdael et Hubert Robert, ainsi qu'un livre d'heures de Jean de Boucicaut. Le musée organise régulièrement des expositions temporaires et a présenté de nombreuses manifestations consacrées à des artistes et collections comme Fragonard, Van Dyck, Fra Angelico, Canaletto, Rembrandt, Mary Cassatt, le Caravage, Turner, Botticelli, la galerie Borghèse ou la collection Alana. Enfin, le Jacquemart‑André a servi de décor à plusieurs films, dont La Traversée de Paris, Gigi, La Porteuse de pain, Fedora et La Vengeance de Monte‑Cristo.