Origine et histoire du Musée Jean de la Fontaine
La maison où naquit Jean de La Fontaine en 1621 se situe au pied du vieux château de Château-Thierry ; cet hôtel particulier de la Renaissance conserve plusieurs éléments de sa décoration d'origine. La famille La Fontaine y habite lorsque Charles de La Fontaine, maître des eaux et forêts, y installe sa famille ; Jean y passe son enfance et y hérite en 1658 avant de la vendre en 1676 pour raisons financières. La façade porte encore des traces de son époque : la date 1559 gravée sur un pilastre, un bandeau de fleurs de lys au-dessus de la porte, trois ordres de petits chapiteaux sculptés, de larges corniches et des croissants entrelacés associés au chiffre de Diane de Poitiers. La cour conserve un perron de pierre et brique à double révolution, un ancien puits et l'emplacement d'un portail monumental qui fut supprimé lorsque la rue a été élargie ; il a été remplacé par une grille. Selon la tradition, la tourelle menait au cabinet de travail du fabuliste situé à l'aile, au premier étage sur la rue. Le bel escalier de pierre voûté en berceau, les plafonds à poutres apparentes, quelques parquets anciens et des dallages de tomettes témoignent d'éléments intacts depuis l'époque de La Fontaine. Classé monument historique, l'hôtel particulier a fait l'objet, à partir de 2008, d'une restauration des façades soutenue par l'État et le Conseil général de l'Aisne.
La municipalité acquiert la maison en 1876 à l'initiative de la Société historique locale, après une souscription publique lancée en 1869 et interrompue par la guerre de 1870 ; le montant réunis pour l'achat s'élève à 16 000 francs. Le musée s'installe alors dans la maison natale et reçoit un premier fonds d'œuvres offert par le collectionneur Jules Maciet entre 1876 et 1878 ; les collections se sont ensuite enrichies par des dons privés, des dépôts de l'État et des acquisitions. L'identité du musée, centrée sur Jean de La Fontaine et son œuvre, s'affirme progressivement ; il bénéficie aujourd'hui de l'appellation Musée de France et du label Maisons des Illustres. Après un transfert temporaire au nouvel hôtel de ville en 1893, les pièces principales sont réinstallées dans la maison en 1898.
Les collections reflètent la renommée internationale du fabuliste : éditions originales, manuscrits autographes, l'acte de baptême, documents relatifs à ses fonctions et à ses propriétés, ainsi que la grande clef du portail de la maison. Elles comprennent aussi des illustrations célèbres des Fables — de François Chauveau à Jean-Baptiste Oudry, dont trois dessins (Les Deux Coqs, Le Paysan du Danube, Belphegor) ont été acquis par le musée — ainsi que des portraits, des bustes et des sculptures en lien avec La Fontaine. Le parcours présente des œuvres couvrant du XVIIe au XXe siècle, des peintures et objets d'art lafontainiens, des créations d'artistes régionaux comme Léon Lhermitte et Eugène Buland, et un cabinet de travail désormais ouvert au public ; une salle est par ailleurs consacrée aux expositions temporaires.