Origine et histoire du Musée Jeanne d'Albret
La maison dite de Jeanne d'Albret, située à Orthez, est une demeure des XVe et XVIe siècles qui fut sans doute celle d'un riche bourgeois, Jeanne d'Albret occupant par ailleurs le château vicomtal de Moncade. Les lettres patentes du 30 novembre 1555, enregistrées le 5 mai 1556, attestent que le bâtiment fut offert à Jeanne d'Albret en 1555 par Arnaud de Gachissans, seigneur de Salles et maître d'hôtel de Henri II d'Albret, en échange de lettres de noblesse, et qu'elle souhaitait y demeurer lors de ses passages à Orthez. L'immeuble se compose de deux corps de bâtiment en équerre formant un angle rentrant où s'insère une tourelle octogonale abritant un escalier à vis, coiffée d'un toit en forme de flèche et éclairée par des fenêtres à meneaux. Le mur de soutènement du jardin constitue un des vestiges des remparts de la ville, tandis que les façades sur rue ont été agrandies au XVIe siècle et que, côté jardin, la diversité des ouvertures témoigne des étapes successives de la construction. Du côté sud se trouvent des dépendances dont une partie est construite en cailloux roulés. Plus loin, un pigeonnier très élevé, à pans de bois, repose sur quatre piliers ronds ; des dalles de pierre placées en hauteur servent à empêcher la progression des rongeurs. La maison a été inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 16 mai 1929 ; les façades et toitures des bâtiments nord et est, le pigeonnier et l'escalier de la tourelle octogonale ont été classés par arrêté du 30 octobre 1974. Des restaurations importantes ont été menées dans les années 1980 après l'acquisition du bâtiment par la ville d'Orthez. Le musée Jeanne-d'Albret, installé dans cette ancienne demeure, est consacré à l'histoire du protestantisme en Béarn depuis le XVIe siècle. Ses collections d'objets, de portraits et de documents retracent les grandes phases historiques : guerres de religion, guerres de Rohan, persécutions et clandestinité, ainsi que le développement du protestantisme aux XIXe et XXe siècles, les missions et la laïcité. Le musée met aussi en lumière des personnalités liées au Béarn, parmi lesquelles Élisée Reclus, Félix Pécaut, Eugène Casalis, Albert Cadier et le prédicateur espagnol Manuel Matamoros. Le fonds documentaire présenté provient du Centre d'Étude du Protestantisme Béarnais, association loi de 1901, qui a commencé à le réunir en 1987 ; ces objets et documents étaient conservés aux archives départementales des Pyrénées-Atlantiques. Une nouvelle association créée en 1991 a permis de concrétiser le projet d'un musée associatif, inauguré le 1er juillet 1995 avec le soutien de la ville, propriétaire du bâtiment.