Origine et histoire du Musée Adrien Dubouché
Le musée national Adrien‑Dubouché et l'École des Arts Décoratifs ont été conçus pour conserver et valoriser les collections réunies par Adrien Dubouché et pour abriter un complexe pédagogique. Leur création a été votée par le Parlement en 1881 et les travaux se sont déroulés de 1895 à 1900 sous la conduite de l'architecte Mayeux. Le site se compose d'un bâtiment principal rectangulaire abritant le musée, flanqué de deux ailes encadrant un jardin, tandis que l'école occupe à l'arrière un bâtiment rectangulaire parallèle. La façade principale présente un décor en sgraffite à motifs végétaux ocre sur fond beige, ponctué de plaques en porcelaine polychrome, et un avant‑corps central surmonté d'un fronton triangulaire destiné à recevoir six bustes illustrant l'histoire régionale. Les ailes côté jardin reprennent le même décor en sgraffite, et les deux parterres du jardin d'honneur ont conservé leur tracé d'origine. À l'intérieur, le sol de la réception est une mosaïque signée Guibert Martin; des peintures inspirées du goût néo‑pompéien ont été réalisées par l'atelier Rouillard; des vitraux historiés ont été exécutés par Delon d'après des cartons de Gallan et Merson; les sculptures proviennent d'Honorat d'après des modèles de Corbel; un panneau peint orne la bibliothèque, œuvre d'Aridas. Fondé en 1845 à Limoges par Tiburce Morisot, le musée fut d'abord hébergé dans les locaux de la préfecture et rassemblait peintures, sculptures, objets d'art et spécimens d'histoire naturelle réunis par la Société archéologique et historique du Limousin. Adrien Dubouché prit la direction bénévole de l'établissement en 1865, enrichit les collections par de nombreux dons et obtint de la ville des locaux place du Champ‑de‑Foire pour installer le musée et fonder l'école d'arts décoratifs. En 1875 il acquit la collection d'Albert Jacquemart, composée de 587 pièces, qu'il offrit à la ville, et en reconnaissance le musée prit son nom avant sa mort. À la veille de la disparition de Dubouché en 1881, le musée et l'école furent nationalisés; leur direction fut confiée au directeur de l'École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, Auguste Louvrier de Lajolais. Le complexe, construit avec des structures métalliques internes et des matériaux régionaux, adopte une façade à l'italienne et emploie la céramique architecturale en décor. Le rez‑de‑chaussée, ouvert par de grandes baies arrondies, accueille les salles de présentation des céramiques organisées autour d'éclairages latéraux et de vitrines, tandis que le premier étage, éclairé zénithalement, est destiné aux sculptures et aux peintures. L'intérieur témoigne d'influences Art nouveau par ses motifs naturalistes stylisés peints et en mosaïque sur plafonds, sols et encadrements de fenêtres; le salon d'honneur porte une peinture décorative de l'atelier Rouillard. Le bâtiment a été classé monument historique en 1992. Le musée présente une vaste collection de céramiques et de verres — près de dix‑huit mille œuvres — couvrant les techniques et les civilisations depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours. Y figurent notamment des céramiques de la Grèce antique et d'Europe, des porcelaines chinoises, des faïences islamiques, des grès et des porcelaines européennes du XVIIe siècle à l'époque contemporaine, ainsi qu'une importante collection publique de porcelaine de Limoges; la section verrière rassemble des productions de centres comme Venise, Nevers et la Bohême. Au fil du XXe siècle et du début du XXIe, le musée et l'école ont évolué: l'école s'est installée sur le campus universitaire au milieu des années 1990 et un vaste projet de rénovation a été lancé par le ministère de la Culture en 2003. Le concours fut remporté par l'équipe de Boris Podrecca et de la muséographe Zette Cazalas, qui a repensé l'accueil et créé une nouvelle façade en verre et porcelaine ouvrant sur une esplanade conçue comme une piazza, ornée de l'œuvre Une Suite de Haguiko et Jean‑Pierre Viot réalisée dans le cadre du 1 % artistique. Les travaux, incluant la mise en communication de l'ancienne école avec le nouvel espace central, ont abouti à un ensemble de trois bâtiments; le musée a rouvert le 28 juin 2012 avec un parcours réparti sur quatre niveaux. Le parcours, chronologique et thématique, débute par les étapes de fabrication de la céramique — exposées dans la « mezzanine des techniques » — et présente des œuvres du monde entier jusqu'à la porcelaine de Limoges. Parmi les pièces présentées figurent des médaillons en biscuit de porcelaine dure, des vases en grès, des services de porcelaine de Limoges, une lampe de mosquée en verre émaillé et des plats de Jingdezhen et de Deruta, illustrant la diversité des matériaux et des provenances. Le musée faisait partie de la Cité de la céramique — Sèvres et Limoges avant son intégration en 2025 dans l'établissement public Manufactures nationales - Sèvres & Mobilier national. Dans la nuit du 3 au 4 septembre 2025, le musée a été victime d'un cambriolage qui a entraîné le vol d'œuvres issues d'une collection personnelle présentée dans une exposition temporaire dédiée à la porcelaine chinoise, le préjudice étant évalué à 9,5 millions d'euros.
