Origine et histoire du Musée national de l'Éducation
Installée à l’angle des rues Eau-de-Robec et du Ruissel, cette maison de maître appartenant à un riche drapier remonte vraisemblablement au dernier quart du XVe siècle. Elle présente deux étages en encorbellement, soutenus par de puissants poteaux, et un vaste comble en surcroît éclairé par des lucarnes. Sa façade est marquée par un essentage d’ardoises taillées de manière variée qui recouvre les colombages en pan de bois, ainsi que par un pignon ouest à ferme débordante reposant sur des doubles pigeâtres. Au début du XIXe siècle, l’édifice a été surnommé « maison des mariages » en raison du nombre d’unions qui s’y célébraient, parfois d’origine et de durée incertaines. Après restauration, la maison est devenue en 1984 le siège du Musée national de l’Éducation à Rouen.
Le musée, service du réseau Canopé et labellisé musée de France, fonctionne sur deux sites distincts : un centre d’expositions et un centre de ressources. Créé par Jules Ferry le 13 mai 1879 à Paris comme musée pédagogique de l’État à partir d’objets présentés à l’Exposition universelle de 1878, il avait pour objectif d’améliorer la formation des maîtres en réunissant livres et matériels pédagogiques. Installé successivement au palais Bourbon, puis dans un bâtiment du lycée Rollin (aujourd’hui lycée Jacques-Decour), il occupe en 1885 un vaste bâtiment à l’angle des rues Louis-Thuillier et Gay-Lussac. Dans les années 1970 un second fonds est constitué à Rouen par le directeur du Centre régional de documentation pédagogique, qui récupère du vieux mobilier scolaire et des livres, enrichis ensuite par des dons privés. Les deux fonds sont réunis en 1975 à Rouen et, en 1980, leur fusion donne officiellement naissance au Musée national de l’Éducation.
La collection du musée compte près de 950 000 œuvres et objets retraçant l’histoire de l’éducation en France depuis la Renaissance : peintures, estampes et images populaires, matériel pédagogique et didactique, mobilier scolaire, travaux d’élèves et d’enseignants, jeux et jouets, documents autographes et une importante bibliothèque de livres, périodiques et ouvrages de littérature de jeunesse ; une partie de ces pièces est répertoriée dans une base de données. On y trouve également de nombreux supports liés à la pédagogie « par l’aspect » — maquettes et objets didactiques — ainsi que des documents de pédagogie audiovisuelle.
Le centre d’expositions occupe depuis 1980 la maison dite des Quatre Fils Aymon, bâtiment du XVe siècle classé au titre des monuments historiques le 25 septembre 1961 ; il propose une exposition permanente sur deux étages et des expositions temporaires sur les deux étages supérieurs, complétées chaque année par des dossiers thématiques. Le centre de ressources, installé depuis 2010 au 6 rue de Bihorel dans un bâtiment de l’architecte N. Fahmy, abrite les réserves — près de 950 000 pièces sur 2 500 m² — ainsi qu’une salle d’étude accessible au public, une photothèque et les services de documentation, de conservation, d’accueil ainsi que les locaux administratifs et techniques.
