Origine et histoire du Musée Pierre-de-Luxembourg
L'Hôtel Pierre de Luxembourg occupe un palais urbain dont le bâtiment actuel, de style classique, a été édifié au XVIIe siècle sur l'emplacement d'une livrée cardinalice du XIVe siècle où mourut l'évêque Saint-Pierre de Luxembourg en 1387. L'édifice présente deux étages sur rez-de-chaussée et un attique, organisé en trois travées de baies, et une porte monumentale baroque à fronton arrondi située à droite de la façade. Les fenêtres respectent le type classique régional des XVIIe et XVIIIe siècles : rectangles allongés à moulures discrètes et à un seul décrochement, tandis qu'une forte corniche sépare le second étage de l'attique. À l'intérieur, la grande salle du rez-de-chaussée est ornée de gypseries dorées — trumeau, cheminée et dessus-de-porte décorés de cartouches, guirlandes, feuilles de palme, coquilles et têtes — et coiffée d'un plafond à la française. La cage d'escalier est couverte d'un plafond de stucs à tores épais, agrémenté de fruits et de coquillages, dont le panneau central a été remplacé en 1875 par une peinture. Au XVIIe siècle, le grand corps d'entrée du palais de Ceccano fut scindé en deux : la moitié sud, de trois travées sur rue, appartenait à Laurent Bouchas, la moitié nord, de quatre travées, aux héritiers de Jean Blachères. La moitié sud fut achetée le 24 août 1663 par Madeleine de Fayn de Pérault, veuve d'Abel-Antoine de Calvière, baron de Boucoiran, qui fit procéder quelques mois plus tard à la refonte des constructions d'après un dessin de l'agence de La Valfenière ; François de Royers assista à la signature du prix-fait le 17 décembre 1663 et les travaux furent réalisés par le maçon Georges Mangarel. Au XIXe siècle le plafond reçoit une peinture de Léon Tessier représentant l'Aumône de Pierre de Luxembourg. La livrée a été classée au titre des monuments historiques le 21 mars 1983 et, à la fin du XXe siècle, le bâtiment a été aménagé pour accueillir le musée Pierre-de-Luxembourg, installé dans ces lieux depuis 1986 et bénéficiant du label Musée de France. Les collections permanentes proviennent essentiellement des établissements religieux de Villeneuve-lès-Avignon, sécularisés pendant la Révolution française, et comportent notamment deux chefs-d'œuvre de l'Occident médiéval : une Vierge en ivoire du début du XIVe siècle sculptée dans une défense d'éléphant, rehaussée de polychromie et de dorures, et Le Couronnement de la Vierge d'Enguerrand Quarton, peint entre 1453 et 1454 pour l'autel de la chapelle de la Sainte-Trinité de la chartreuse Notre-Dame-du-Val-de-Bénédiction et documenté par un prix-fait très détaillé. Le musée présente également une importante collection de peintures du XVIIe siècle, issues de la sacristie de la chartreuse et de l'abbaye Saint-André, avec des œuvres de Nicolas Mignard, Philippe de Champaigne, Nicolas Colombel et Reynaud Levieux, ainsi qu'une vue de l'abbaye Saint-André peinte par William Marlow avant sa destruction au XIXe siècle. Le parcours permanent expose enfin un mobilier riche illustrant la vie en chartreuse, notamment les étains de l'hôtellerie, et une armoire de sacristie exceptionnelle du milieu du XVIIe siècle, venue des Pays-Bas du Nord et marquetée d'ivoire et de bois précieux, qui renfermait autrefois le « trésor » du monastère.