Origine et histoire
Le musée Schœlcher est situé dans le vieux quartier de Pointe-à-Pitre au 24 rue Peynier. Victor Schœlcher fit don au conseil général de la Guadeloupe d'une partie de ses collections d'art et souhaita qu'elles soient exposées dans un musée ; pour réaliser ce vœu, Armand Hanne offrit un terrain à l'arrière de l'hôtel de ville. Les plans du bâtiment furent dressés par la direction des Ponts et Chaussées de Guadeloupe ; le nom de l'entrepreneur responsable des travaux reste inconnu. La collection initiale, comprenant des sculptures romaines et égyptiennes ainsi que des porcelaines, fut complétée par des dépôts du musée du Louvre en 1885, tels que moulages et calcographies, et le musée ouvrit ses portes en 1887. Le bâtiment, de style néoclassique en maçonnerie de pierre, fut très endommagé par le cyclone de 1928 et de nombreuses pièces des collections furent détruites. Rénové en 1998, doté de travaux d'extension en 2016 puis restauré en 2022, il a rouvert le 30 septembre sous le nom de Musarth (Musée d'Art et d'Histoire) avec une nouvelle muséographie inspirée du Mémorial ACTe. Le bâtiment a été partiellement inscrit au titre des monuments historiques le 17 août 1979.
Les collections associent objets personnels de Victor Schœlcher, pièces antiques et œuvres liées à l'histoire de l'esclavage et de la traite négrière. Un buste monumental de Victor Schœlcher sculpté par Frédéric-Louis-Désiré Bogino, érigé le 20 juillet 1913, comporte, fait surprenant pour une commande publique, des erreurs sur les dates de naissance et de décès de Schœlcher. Une plaque en zinc peinte, offerte au musée par les premiers conscrits guadeloupéens lors de leur départ en 1913, commémore la généralisation du service militaire dans les colonies. Une plaque en bronze gravée par Marguerite Gagneur, représentant la Liberté délivrant un esclave de ses chaînes et destinée au piédestal du monument en hommage à Schœlcher à Basse-Terre, n'a finalement jamais été installée.
Parmi les antiquités figure une tête de sarcophage égyptien en bois sculpté et peint, datée entre 750 et 30 avant J.-C., provenant de la région de Louxor et mesurant 32 cm de haut sur 50 cm de large ; Schœlcher l'acheta en Égypte en 1845 lors d'un voyage au cours duquel il souhaitait comparer différentes formes d'esclavage et dont il dénonça le pillage des sépultures antiques. La maquette du navire négrier La Vigilante, datée du XXe siècle et mesurant 58 cm de long sur 13 cm de large, reproduit l'entassement des captifs à bord du navire arraisonné en 1822. Le musée conserve aussi des bustes de Joseph Bara et de Joseph Viala produits par la manufacture de Sèvres, en biscuit sur piédouches de porcelaine bleue, ainsi qu'une statue en marbre d'un sans-culotte provenant de la collection du musée L'Herminier, datée de la fin du XVIIIe siècle et transférée en 1985 ; cette statue, rapportée selon la tradition par Victor Hugues, représente une scène d'humiliation symbolique.
Parmi les objets décoratifs figurent une aiguière et un bassin en porcelaine décorée et dorée d'environ 1810 issus de la fabrique Schœlcher de Paris fondée par Marc Schœlcher, respectivement de 18 cm et 10,5 cm de hauteur. Une clochette de divination Ifá rapportée du Sénégal en 1847, taillée dans une défense d'éléphant et mesurant 35 cm sur 4,5 cm, était utilisée dans le culte Ifá pratiqué chez les Yoruba. Le musée conserve également un médaillon en porcelaine attribué à Josiah Wedgwood portant l'inscription « Am I Not a Man and a Brother ? », emblème de la Society for Effecting the Abolition of the Slave Trade, ainsi que deux carcans en fer, rares témoignages de supplices, découverts respectivement lors de fouilles archéologiques à l'anse des Corps en 1984 et sur la plage des Raisins Clairs en 1992. Un vase Townley en bronze, produit par la fonderie Ferdinand Barbedienne au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, est une réduction du vase en marbre conservé au British Museum et présente une procession dionysiaque en relief.
Les peintures et dessins du musée comprennent des aquarelles d'Adrien de Beauchamps datant de 1842 issues de sa succession, montrant notamment une danse d'esclaves et une scène mettant en relation une ouvrière agricole et un esclave choisi par le maître. Un pastel de Joseph Savart du 17 novembre 1770 représente quatre femmes créoles libres vêtues selon la mode antillaise. Deux huiles sur toile d'Évremond de Bérard réalisées entre 1852 et 1856 offrent des vues de la rade de Pointe-à-Pitre et de la place de la Victoire ; la première, panoramique, est un rare témoignage du travail du peintre. Enfin, une huile de Germaine Casse de 1923 représente une plage proche du fort Fleur d'Épée et porte une dédicace à Marcel Ruedel.