Origine et histoire des Musées Gadagne
Le musée Gadagne regroupe deux établissements, le Musée d'Histoire de Lyon (MHL) et le Musée des Arts de la Marionnette (MAM), ainsi qu'un petit théâtre, une boutique, un café-restaurant et un jardin suspendu dominant la ville. Installé dans le Vieux Lyon, quartier Saint-Jean du 5e arrondissement, il occupe l'hôtel des Pierrevive, dit Hôtel de Gadagne, un hôtel particulier aménagé au début du XVIe siècle par les frères Pierrevive. Le marchand-banquier Thomas II de Gadagne y fut locataire à partir de 1538 et ses fils Guillaume et Thomas III en firent l'acquisition en 1545; ils remanièrent immédiatement l'édifice et en restèrent propriétaires jusqu'en 1581. La famille des Gadagne, d'origine florentine et présente à Lyon dès le début du XVe siècle, doit sa grande fortune au commerce et à la banque et joua un rôle financier notable, notamment par des prêts aux souverains et des contributions à la libération du roi François Ier.
Le site, occupé de façon ponctuelle entre le Ve et le XIIIe siècle, voit l'apparition d'une construction d'importance au XIVe siècle sur une longue parcelle s'étendant de la montée Saint-Barthélémy à la rue du Palais (actuelle rue Saint-Jean). Cette maison, installée sur une terrasse, disposait d'une glacière, de vitraux, de fenêtres à colonnettes et de carreaux vernissés, signes d'un haut niveau de confort pour l'époque. Au fil des siècles la parcelle est fragmentée et transformée : entre le XIVe et le XVe siècle on distingue probablement deux maisons, l'une donnant sur la rue Saint-Jean et l'autre, dite de la Boyssette, à l'arrière, dont les dépendances agricoles furent réaménagées en habitation. À la fin du XVe siècle les Pierrevive entreprennent une vaste reconstruction, détruisent la maison des Boyssette et modifient la répartition de la parcelle, des opérations qui contribuent à la configuration actuelle du bâti.
Au XXe siècle l'hôtel est morcelé en petits logements et sa sauvegarde commence avec des acquisitions partielles de la ville dès 1902; l'édifice est classé monument historique en 1920 et acheté par étapes jusqu'en 1941. Le projet d'un musée consacré à l'histoire de Lyon est porté à partir de la fin du XIXe siècle et, après choix de l'hôtel de Gadagne pour ses qualités architecturales, les premières salles sont inaugurées en 1921. La collection fondatrice résulte de rassemblements antérieurs provenant notamment de la collection de Sébastien-Louis Rosaz, du fonds François Morel, d'objets issus de démolitions et fouilles du XIXe siècle et de dons tels que ceux de Félix Desvernay, premier conservateur. À partir des années 1930 les collections s'enrichissent par achats, dons et legs, avec l'appui de la Société des Amis de Gadagne, et prennent une orientation marquée vers les arts graphiques et décoratifs, ainsi que des fonds liés à des personnalités politiques, à la franc-maçonnerie et au compagnonnage.
En 1998 le conseil municipal décide d'un vaste programme de rénovation et d'agrandissement; les travaux, accompagnés d'une importante campagne de fouilles, s'étalent sur une dizaine d'années, avec une réouverture partielle en avril 2007 et une réouverture totale en juin 2009. Le chantier, conduit entre 1998 et 2009 par l'architecte en chef des Monuments historiques Didier Repellin et l'Atelier Bizouard-Pin, visait à retrouver la cohérence d'un édifice fragmenté tout en l'adaptant aux usages contemporains. Après diagnostics, relevés et études archéologiques, les interventions ont privilégié la conservation des éléments significatifs, l'emploi de matériaux et savoir-faire traditionnels, et l'identification claire des apports contemporains par l'usage du béton, de l'acier et du verre. Le projet a doublé la surface utile du musée, passant de 3 500 à 6 300 m², et a permis d'intégrer de nouveaux espaces tels qu'un auditorium, un centre de documentation, un café et des ateliers pédagogiques.
Le Musée d'Histoire de Lyon, dont l'idée remonte à 1874, a vu son parcours permanent profondément remanié depuis 2019 dans un programme en quatre volets appelé à s'achever en 2024 ; les nouvelles séquences présentent notamment "Portraits de Lyon", "Les Pieds dans l’eau", "Qu’est-ce que tu fabriques" et "Lyonnaises, Lyonnais !". Le Musée des Arts de la Marionnette, installé dans l'hôtel depuis 1950 autour notamment de l'original de Guignol, a été reconfiguré en structure autonome après les travaux des années 2000 et rebaptisé en 2017. Son parcours évolue régulièrement : rénové partiellement en 2017, il est désormais reconstruit tous les quatre ans ; en 2022 il a été renouvelé à 60 % avec 110 objets pour l'exposition permanente "Virevolte", donnant une large place aux artistes contemporains et aux compagnies.
La salle Carte Blanche, dédiée à une exposition biennale, met en lumière l'œuvre d'une compagnie ou d'un marionnettiste contemporain ; depuis le 24 juin 2023 elle présente une donation de Michaël Meschke, composée de 44 marionnettes issues de six spectacles. L'exposition permanente installée entre 2019 et 2023 a suscité des débats : certains médias l'ont critiquée pour son ton politique tandis que d'autres critiquent ces appréciations et défendent son approche innovante et ses contenus scientifiques. Le musée a répondu aux critiques en rappelant les contraintes du lieu, la volonté de rendre les collections vivantes et l'ambition d'atteindre un public plus large que les seuls habitués des musées. La fréquentation a connu une baisse en 2013, liée à l'intérêt moindre du public pour l'exposition "Lyon, centre du monde !" comparée à des expositions antérieures.
En 2023 la structure emploie cinquante personnes et dispose d'un budget annuel d'environ trois millions d'euros. Le site est desservi par la station de métro Vieux Lyon - Cathédrale Saint-Jean, plusieurs lignes de bus, des stations Vélo'V à Saint-Paul, place Fousseret et rue de la Baleine, avec un accès pour les personnes à mobilité réduite au 14 rue de Gadagne et des parkings autocars quai Romain-Rolland.
