Origine et histoire
Le Muséum d'histoire naturelle de La Réunion, unique muséum de l’île, est installé au cœur de Saint-Denis, dans le parc du Jardin de l'État ; il a été inauguré le 14 août 1855 et classé Monument historique en totalité le 29 décembre 1978. Le bâtiment, construit dès 1834, abrita jusqu'en 1848 le conseil colonial puis le conseil général, transféré ensuite dans l'actuelle préfecture. Le gouverneur Louis Henri Hubert-Delisle signa l'arrêté de création du muséum le 1er février 1854, et une commission d'organisation fut instituée le 11 avril 1854 sous la présidence du maire Gustave Manès, entouré de médecins naturalistes tels que Charles Coquerel et Auguste Vinson. Le muséum fut inauguré le 14 août 1855 en présence du major général Hay, gouverneur de l’île Maurice, ouvrit au public le 18 août et, par une circulaire du 24 août, se vit assigner la mission de rassembler les richesses des différents règnes, en particulier les spécimens de la mer des Indes. En 1858, le docteur Joseph Bernier succéda à Gustave Manès, et Auguste Lantz, choisi le 30 mai 1862 au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, prit ses fonctions à La Réunion le 8 août 1864, poste qu'il conserva jusqu'à son décès en 1893.
Ne disposant d'aucune collection au départ, la commission acheta des peaux en Afrique du Sud et reçut des dons : oiseaux de Chine et des îles malaises de collectionneurs locaux, 2 000 objets minéraux et animaux de Gustave Manès, un herbier offert par MM. Richard et Bernier, une collection de bois et de roches de Louis Maillard et des moulages de fruits réunionnais fournis par un peintre saint-paulois. À l'ouverture, le muséum recensait environ 800 articulés, 200 coquilles, 180 vertébrés, 17 crustacés et 500 échantillons minéraux ; ces collections furent ensuite enrichies par les voyages d'Auguste Lantz à Madagascar, aux Seychelles et aux îles de Saint-Paul et Amsterdam, et le fonds atteignit 25 000 objets à la fin du XIXe siècle. Le muséum participa à plusieurs expositions, notamment à l'île Maurice et à l'Exposition universelle de Paris en 1866, envoya 76 oiseaux et six mammifères à l'Exposition universelle par la suite, et obtint des médailles d'or et d'argent à l'Exposition coloniale nationale de Marseille en 1906. Les cyclones de 1945 et 1948 détruisirent une partie des collections et le muséum resta fermé d'avril 1945 à juin 1952 ; une nouvelle fermeture due à l'effondrement du plafond de la bibliothèque en 1955 affecta également son fonctionnement. En 1990, le fonds n'était plus que de 12 000 objets ; entre 1990 et 2017, il a été porté à 560 000 spécimens, dont 125 000 objets patrimoniaux.
Aujourd'hui 560 000 pièces sont répertoriées, dont les deux tiers proviennent des îles de l'ouest de l'océan Indien. Parmi les spécimens remarquables figurent un canard grec, une perruche eclectus mâle, un faucon concolore et une perruche à collier de Ward dont il n'existe que 13 spécimens au monde, espèce autrefois endémique des Seychelles aujourd'hui éteinte ; le muséum conserve aussi des fœtus humains, un chevreau né la tête à l'envers et l'encrier de son premier conservateur, Auguste Lantz. L'étage abrite un important fonds de livres et de gravures scientifiques des XVIIIe et XIXe siècles ; le fonds ancien comprend 416 des 1 008 planches de Buffon, don personnel de ce dernier à M. de Lanux. La conservatrice Sonia Ribes-Beaudemoulin a enrichi la collection en 2010.
Depuis novembre 2017, le rez-de-chaussée présente l'exposition temporaire "Collections collectionneurs", retraçant la constitution du fonds par des donateurs, anciens conservateurs, particuliers et institutions, et montrant notamment des collections ethnographiques provenant de la Nouvelle-Calédonie, de l’Indochine, de Madagascar, de l’archipel des Comores et d'Amérique du Sud entre 1882 et 1887. Y figurent également des échantillons de roches volcaniques rassemblés dans les années 1950 par Marcel Ducrot (1916-1963), conservateur de 1955 à 1960, qui organisa des expéditions au Piton de la Fournaise et cartographia les coulées d'après-guerre jusqu'en 1960. À l'étage, la salle Auguste Lantz présente divers lémuriens de Madagascar et la salle Alfred Lacroix expose maquettes et spécimens d'animaux jadis présents à La Réunion, tels que le solitaire et la tortue terrestre, ainsi qu'un squelette de dodo venu de l'île Maurice.
Le muséum est accessible gratuitement le premier dimanche de chaque mois et propose régulièrement des expositions sur le patrimoine naturel et les enjeux de conservation. Il appartient désormais au département de La Réunion et est géré par le Conseil départemental ; sa conservatrice était Sonia Ribes-Beaudemoulin jusqu'au 30 juin 2019.