Origine et histoire du Muséum d'histoire naturelle
Le Muséum d'histoire naturelle de La Rochelle est installé sur l'ancien jardin des Jésuites et occupe un ensemble formé de deux bâtiments du XVIIIe siècle et de l'ancien évêché du XIXe siècle. L'hôtel Jouin de la Tremblay, première construction du site, a été réalisé entre 1708 et 1718 d'après les plans de Claude Masse. Il devient résidence des gouverneurs de l'Aunis à partir de 1748. En 1775 la ville fait adjoindre deux ailes au bâtiment : l'une au sud, accolée à l'hôtel, l'autre au nord destinée aux dépendances et aux écuries ; ce projet, daté de 1773, est lié aux architectes Nicolas‑Marie Potain et Julien Nassivet. En 1808, Napoléon donne ces deux ailes à la ville pour y installer la bibliothèque publique et le cabinet d'histoire naturelle, dont les collections avaient été léguées en 1782 par Clément de la Faille à l'Académie de la ville. L'aile gauche de l'hôtel est réaménagée en 1832 pour y accueillir ces collections naturalistes, constituant le « muséum Lafaille », tandis qu'en 1852 Louis‑Benjamin Fleuriau de Bellevue lègue ses propres collections et sa bibliothèque, ouvertes plus tard dans le corps nord sous le nom de « musée Fleuriau ». En 1874, l'évêque Monseigneur Thomas achète l'hôtel pour en faire l'évêché et procède à un remaniement du décor qui subsiste en partie ; l'ensemble est ensuite repris par la ville en 1910 pour permettre l'extension des musées et du jardin botanique. L'aile droite est prolongée en 1914 le long de la rue Alcide d'Orbigny jusqu'à la rue Albert‑Ier, le cabinet Lafaille est agrandi en 1920 puis restauré entre 1958 et 1960, et le dolmen de La Jarne est remonté dans le jardin des plantes. Le muséum ferme en 1998 pour une importante restauration de 14,4 millions d'euros qui crée des réserves climatisées, réaménage le jardin et double la surface d'exposition à 2 300 m2 en y intégrant un auditorium ; il rouvre le 27 octobre 2007. Les bâtiments sont inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 27 octobre 2003 et le muséum est membre du Réseau national des collections naturalistes (RECOLNAT).
Les collections occupent 2 300 m2 d'exposition et se répartissent principalement entre histoire naturelle et ethnographie, avec des ensembles d'importance liés à des collectes anciennes effectuées par des marins, des explorateurs de la région ou issues de grandes collections comme celle d'André Breton. Les collections d'histoire naturelle, présentes depuis le XVIIIe siècle, constituent le fonds historique du muséum ; le cabinet de curiosités de Clément Lafaille, restauré dans sa teinte rouge corail, est considéré comme l'un des plus anciens cabinets d'histoire naturelle de France. Au rez‑de‑chaussée, les espaces présentent le littoral comme milieu de vie pour la flore et la faune, avec de nombreux animaux naturalisés ; au premier étage se trouvent les collections de zoologie, richement représentées en animaux naturalisés, et au sous‑sol les collections de paléontologie, de géologie et de minéralogie. Parmi les pièces remarquables figurent une girafe offerte à Charles X par Méhémet Ali, évoquée dans une interprétation libre du film d'animation Zarafa, des ammonites du Jurassique supérieur de Charente‑Maritime, un calice d'encrine holotype du Kimméridgien de la pointe du Chay et un ptérodactyle très rare acquis entre 1872 et 1884.
Les collections ethnographiques et archéologiques, principalement présentées au deuxième et troisième étage, comprennent des salles consacrées à la France et à l'Afrique, avec du matériel lithique préhistorique, des sculptures sahéliennes du groupe Sao et quelques pièces précolombiennes d'Amérique centrale et du Sud. Les collections extra‑européennes font une large place à l'océan Pacifique et à l'Afrique ; elles rassemblent des pièces d'exception telles que le moaï kavakava de l'île de Pâques, la statue Rongo de Mangareva et un masque à cornes Kwele de la République du Congo, ainsi que des témoins de la vie des peuples indiens d'Amérique du Nord et d'Amérique du Sud. Des salles spécifiques (notamment les salles 17 à 19 et la salle 25) abordent l'histoire et l'actualité de l'ethnologie, avec des dispositifs documentaires et vidéo.
Le muséum participe à un projet régional d'inventaire des collections d'origine subsaharienne intitulé Anada (Afriques‑Nouvelle‑Aquitaine : décolonisation des arts), financé pour la période 2023‑2027 par le Conseil régional de Nouvelle‑Aquitaine et coordonné par Sophie Chave‑Dartoen. Avec 5 500 pièces, dont 2 500 d'origine africaine, la collection dite « Les Ailleurs » du muséum de La Rochelle est la deuxième plus importante de France après celle du Musée du Quai Branly ; ce patrimoine colonial, souvent issu de campagnes militaires, de la traite négrière, de missions religieuses ou d'expéditions ethnographiques, fait l'objet d'enquêtes de provenance et peut, le cas échéant, être restitué aux États ou communautés d'origine. À ce jour, seules des restitutions de restes humains ont été réalisées, notamment une tête maorie rendue à la Nouvelle‑Zélande en 2012. Le muséum possède enfin une bibliothèque spécialisée en sciences naturelles et ethnographie de plus de 45 000 titres, accessible au public sous certaines conditions, et un jardin des plantes qui prolonge les collections in situ.