Origine et histoire du Muséum Emmanuel Liais
Le domaine Emmanuel-Liais est un parc remarquable de plus d'un hectare situé au cœur de Cherbourg, dans le quartier de la Bucaille. Ancien jardin privé d'Emmanuel Liais, il a été dessiné en 1881 et inauguré en 1885. À sa mort, Liais a légué le domaine et sa maison à la commune ; la maison abrite aujourd'hui le Muséum d'histoire naturelle, d'archéologie et d'ethnographie de Cherbourg. Le premier musée de Cherbourg avait ouvert en 1832 dans une salle de l'hôtel de ville, réunissant notamment les collections de François-Henri Duchevreuil acquises par la municipalité et des tableaux offerts par Thomas Henry. Ces collections se sont rapidement enrichies par des dons, comme une stèle égyptienne de l'intendant Ptah-em-sa-ef de la XIIe dynastie et une momie de Nésy-Khonsou-pa-khéred, ainsi que par des objets rapportés par des marins de retour d'expéditions et des colonies. Parallèlement, Emmanuel Liais, astronome, explorateur, hydrographe et météorologue, a aménagé un vaste parc très arboré comprenant une tour-observatoire, un plan d'eau planté de nénuphars et d'autres plantes aquatiques, et deux serres totalisant 510 m² abritant 4 000 variétés de plantes rares, dont une riche collection de plantes d'Amérique du Sud rapportées et acclimatées par Liais. À sa mort, le domaine a été légué à la ville dont il avait été le maire pendant dix ans, et la commune a poursuivi son aménagement ; au printemps 1908, les maisons formant l'angle de la rue de l'Abbaye et de la rue Emmanuel-Liais ont été démolies pour améliorer l'accès au parc. En 1909, conformément à son testament, une bibliothèque pour la Société des sciences a été construite dans le parc, et le musée a été transféré en 1910 dans l'ancienne maison familiale. La statue d'Emmanuel Liais, œuvre d'Alphonse Marcel-Jacques créée en 1903, avait été installée dans le parc ; elle a été détruite par l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux et remplacée par un buste en pierre sculpté par Antoinette Sloïmovici sur le socle d'origine. L'ensemble du domaine — parc, muséum, bibliothèque des sciences, serres, tour observatoire et maison du gardien — a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 2 septembre 2015 et labellisé Jardin remarquable en 2020.