Origine et histoire de la Nécropole
La nécropole de la Boixe est un ensemble de onze tumulus situés sur les communes de Vervant, Maine‑de‑Boixe et Cellettes, en Charente. La première mention figure dans la Statistique monumentale de la Charente ; Gustave Chauvet et Auguste‑François Lièvre ont décrit les fouilles menées entre 1874 et 1876 et ont désigné les tumuli encore visibles par les lettres de A à K, précisant qu'à l'origine la nécropole comprenait une quinzaine de monuments dont certains furent démantelés pour récupérer des pierres. Le dolmen B a été classé monument historique (liste de 1889, arrêté du 11 mai 1971) et la nécropole a été inscrite par arrêté du 22 avril 1991.
Les tumuli sont implantés sur la ligne de faîte d'un plateau à 166 m d'altitude dominant la vallée de la Charente. Quatre d'entre eux (A, B, G et H) se distinguaient par leur taille ; tous sont de forme circulaire mais les chambres et leurs modes de couverture varient : quatre chambres circulaires (C, E, F et I), deux chambres quadrangulaires et une polygonale étaient recouvertes par encorbellement, trois chambres quadrangulaires étaient couvertes par une table de couverture, et l'architecture des tumuli K à O demeure inconnue.
Le tumulus A, situé à Cellettes et appelé Gros‑Dognon, a été presque entièrement détruit pour fournir des pierres à un chemin. Il ne subsiste qu'une moitié de table de couverture, bloc parallélépipédique d'environ 4,10 m sur 1,60 m et d'une épaisseur de 0,70 à 0,95 m, estimé à 15 tonnes ; cette Pierre du sacrifice porte une rainure en V attribuée par la tradition à des rites mais qui est en réalité une marque de carrier liée au débitage. D'après la table restante, la chambre aurait été carrée, d'environ 3,30 m de côté ; un orthostat sculpté d'une crosse, caractéristique du type angoumoisin, a été retiré et réutilisé localement, mais des moulages de cette dalle sont conservés au musée Sainte‑Croix de Poitiers et au musée des tumulus de Bougon.
Le tumulus B, situé à environ 200 m au sud du tumulus A, est circulaire, mesure 90 m de circonférence pour environ 3 m de haut et présente un double parement concentrique de 18 m et 12 m de diamètre. Un couloir d'environ 7 m dessert deux chambres : la première est rectangulaire et construite entre les deux murs de parement par des murs en pierre sèche et des piliers d'angle ; la seconde est une grande chambre rectangulaire alternant murets en pierre sèche et orthostates, surmontée d'une table de couverture de 4,25 × 2,25 m connue sous le nom de Pierre‑des‑Fades. Au fond de la seconde chambre, une ouverture entre deux dalles gravées mène à une petite cellule dallée (1,35 × 1,25 m) ; toutes les dalles en calcaire sont soigneusement équarries et bouchardées, deux d'entre elles portent des gravures (une hache emmanchée en léger relief et trois bandes verticales) et, si aucun mobilier n'a été mis au jour dans les chambres, le couloir contenait des dépôts humains attribués au Néolithique final (Artenacien).
Le tumulus C, à 100 m à l'ouest du B, mesure 55 m de circonférence pour moins de 1,20 m de hauteur ; il comporte une chambre ronde de 2,70 m de diamètre entourée d'un parement d'environ 1,50 m qui a permis de condamner l'entrée du couloir en fin d'utilisation, et sa couverture en encorbellement est désormais effondrée. Les fouilles de 1874‑1876 ont livré quelques ossements et un mobilier homogène du Néolithique moyen : tessons de céramique, poinçon et couteau en os, hachette polie et petites armatures de flèches triangulaires et trapézoïdales.
Le tumulus D, d'environ 15 m de diamètre et moins d'un mètre de haut, renferme une chambre quadrangulaire longue de 2,75 m dont les parois alternent orthostates et murets en pierre sèche ; selon Chauvet et Lièvre la chambre a été réutilisée à plusieurs reprises, expliquant l'état très fragmenté des ossements, et le mobilier lithique comprend plusieurs haches, lames en silex, armatures de flèches, grattoirs et éclats, tandis que la céramique se limite à des tessons grossiers. Le tumulus G, de morphologie voisine et d'environ 15 m de diamètre, abrite une chambre quadrangulaire allongée de 3,70 m par plus de 2 m, dont l'entrée est marquée par deux dalles dressées et dont le couloir est dallé ; hormis un fragment de crâne la chambre paraît avoir été vidée à une époque inconnue.
Le tumulus E présente une circonférence d'environ 46 m et une chambre circulaire de 3,10 m de diamètre, accessible par un petit couloir orienté au sud‑est où était placée une dalle‑seuil ; les découvertes se réduisent à quelques ossements fragmentés, tessons de poterie grossière et un poinçon en os. Le tumulus F, situé entre C et D, mesure environ 40 m de circonférence et renfermait une chambre circulaire de 3,25 m contenant un squelette presque complet ainsi que des restes de plusieurs individus, accompagnés de deux hachettes, un objet en grès, éclats et lame de silex, petits outils en os et un vase fragmenté.
Le tumulus H, isolé à l'est de la nécropole, a environ 23 m de circonférence et 2,50 m de hauteur ; son sommet a été arasé et la chambre largement détruite ne conserve qu'un fragment d'orthostat de 0,75 m, les fouilleurs n'y ayant relevé que de rares ossements fragmentés. Le tumulus I, de 15 m de diamètre pour 1 m de hauteur, comporte une entrée au nord‑est et un couloir de 0,60 m menant à une chambre dallée probablement couverte en encorbellement ; la fouille a révélé deux couches distinctes : la couche supérieure contenait un crâne brisé, une dent de porc et une poterie grossière attribuée à l'âge du Bronze, la couche inférieure livrant une hachette en diorite ébréchée, une dent de carnivore percée et un petit élément de parure en coquillage marin. Le tumulus J, situé près du centre de la nécropole, mesure 12 m de diamètre et 0,50 m de hauteur ; il contient une chambre polygonale réalisée en murets de pierre sèche, où furent retrouvés un fragment de crâne et une hachette en diorite.
Le tumulus K ne présentait aucune structure interne et n'a livré aucun vestige lors de sa fouille. Une légende locale affirme que le tumulus A était l'habitation de petits hommes velus et très forts qui transportaient sur leur tête les blocs constitutifs de la chambre du dolmen.