Origine et histoire de la Nécropole et de l'Église
Les Alyscamps sont une nécropole d'époque romaine située à Arles, dans les Bouches-du-Rhône. Propriété de la commune, l'allée des Alyscamps a fait l'objet d'un arrêt célèbre du Conseil d'État relatif à la domanialité publique.
De l'Antiquité au Moyen Âge, les Alyscamps furent successivement une nécropole païenne puis chrétienne installée à l'entrée sud-est de la cité, le long de la via Aurelia, en dehors de l'enceinte comme la plupart des nécropoles romaines, et ils comprenaient de très nombreux sarcophages. La célébrité du lieu remonte à la fin du IVe siècle avec le martyre de Genest, saint arlésien décapité en 303, et, au fil des siècles, de nombreuses personnes y voulurent être enterrées, y compris des évêques d'Arles. Des défunts étaient transportés par le Rhône sur de petits bateaux pour y être inhumés, une somme d'argent étant versée aux Arlésiens qui accomplissaient les sépultures.
Entre les XIe et XIIIe siècles, le cimetière, connu de toute la chrétienté, s'enrichit de plusieurs églises et une collégiale fut établie aux Alyscamps au XIe siècle. Vers 1035, l'archevêque Raimbaud remit l'ancienne église Saint-Genès et ses dépendances aux moines de Saint-Victor de Marseille contre le cens d'une livre d'encens à fournir le jour de Saint-Trophime. Les Alyscamps devinrent alors une étape du pèlerinage de Compostelle pour les pèlerins provençaux, mais la translation des reliques de saint Trophime à la cathédrale Saint-Étienne en 1152 en diminua une partie du prestige.
À la Renaissance, prélats, seigneurs et rois dérobèrent les sarcophages les plus sculptés pour enrichir leurs collections, et un bateau chargé de tels vestiges coula dans le Rhône à hauteur de Pont-Saint-Esprit vers la fin du XVIe siècle. Au XVIe siècle, le quartier fut transformé par le creusement du canal de Craponne, destiné à alimenter en eau la Crau entre la Durance et le Rhône. L'église Saint-Honorat des Alyscamps figure sur la liste des monuments historiques de 1840. En 1848, la nécropole fut profondément modifiée lors de la construction de la voie ferrée Paris-Lyon-Méditerranée et des ateliers associés. La chapelle des Porcelet et le cimetière entourant l'église Saint-Honorat furent classés par la liste de 1862; sont également concernés l'église Saint-Honorat, son lanternon, la chapelle Saint-Accurse — d'abord expiatoire, puis funéraire — et le champ de sarcophages de la promenade devant l'église.
Le site a inspiré de nombreux artistes : Paul Gauguin et Vincent Van Gogh le peignirent à l'automne 1888, et Félix Vallotton ainsi que Léopold Lelée l'ont aussi représenté. Dante fait allusion aux Alyscamps dans l'Enfer (Divine Comédie), Chant IX, aux vers 112 et 115 : « Tout comme à Arles, où le Rhône s'attarde, [...] Les sépulcres font le sol inégal. » Paul-Jean Toulet évoque les Aliscams dans un poème dont on retient notamment ces vers : « Dans Arle, où sont les Aliscams, / Quand l'ombre est rouge, sous les roses, / Et clair le temps, ». Ce poème a été mis en chanson en 2021 par Daniel Auteuil dans l'album Si vous m'aviez connu. Les Alyscamps sont également évoqués dans la chanson Emmène-moi du groupe Marc Seberg et cités par Boby Lapointe dans Le Beau Voyage.
Le 30 mai 2018, la nécropole d'Arles a accueilli le défilé de présentation de la collection Cruise 2019 de la maison Gucci.