Origine et histoire
Située à Thiescourt (Oise), la nécropole nationale française et le cimetière allemand forment deux nécropoles de la Première Guerre mondiale, juxtaposées à la sortie du village, près de l'église et contiguës au cimetière civil. Elles sont dédiées aux soldats français et allemands morts notamment lors des combats du printemps et de l'été 1918. D'octobre 1914 à mars 1917, Thiescourt a été en zone occupée ; le secteur était alors relativement calme et en retrait du front. L'église du village a servi d'hôpital militaire pour les blessés des deux camps jusqu'en 1916 ; l'édifice a été endommagé en 1916-1917, puis gravement atteint en 1918 au cours de l'offensive allemande du printemps et des combats de l'été. Les soldats allemands inhumés à Thiescourt ont été tués en 1918, notamment lors de la bataille de Noyon en juin et des affrontements dans le secteur du Matz en août. La nécropole et le cimetière ont été aménagés en 1920 sur un terrain où avait été découverte une fosse commune franco-allemande contenant environ cinquante corps ; il fut décidé de maintenir en ce lieu une sépulture commune. L'ensemble a été inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 14 septembre 2016.
La nécropole nationale française, de type regroupement, a rassemblé les corps provenant de seize cimetières provisoires, parmi lesquels figurent L'Ecouvillon, Mareuil-la-Motte, Saint-Claude, Roye-sur-Matz et Plessis-de-Roye. Elle contient 1 266 corps, dont 547 placés dans deux ossuaires, et ses tombes sont disposées en rangées autour d'une allée centrale, conformément au modèle habituel des nécropoles françaises. Quatre soldats britanniques — deux mitrailleurs non identifiés et deux officiers de la RAF, dont un seul a pu être identifié — ainsi que deux soldats français de la Seconde Guerre mondiale y sont également inhumés.
Le cimetière allemand, contigu et sans séparation physique avec la nécropole française, regroupe 1 095 corps. Il comporte 707 tombes individuelles, dont quatre inconnus, et 388 dépôts en deux ossuaires, dont seulement 90 identifiés. Conçu, comme d'autres cimetières allemands de l'entre-deux-guerres, selon les principes développés par l'architecte munichois Robert Tischler, il s'articule autour de deux notions majeures : le deuil et la vie universelle. La végétation y pousse librement et une vingtaine d'arbres ont été plantés sans alignement rigide, un parti pris se référant à une conception de communion entre l'homme et la nature. Les stèles, en pierre, portent chacune le nom de quatre soldats, deux sur chaque face, tandis que les soldats de confession juive sont inhumés sous des stèles rectangulaires à sommet arrondi.