Origine et histoire de Notre-Dame de Lamourguier
L'ancienne église Notre-Dame du Bourg de Lamourguié, à Narbonne (Aude), est un édifice désaffecté qui a abrité le musée lapidaire de la ville de 1868 à 2018 ; elle est vacante depuis. L'édifice apparaît dès 782 dans des actes judiciaires et est attesté au XIe siècle; il fut tenu à une époque par des Nicolaïtes et, en 1078 ou 1086, affilié comme prieuré régulier de l'abbaye Saint-Victor de Marseille sous les noms de Beata Maria de la Morguia, Nostra Dona la Morguia ou Beata Maria de Monachia. Au XVIe siècle le prieuré décline : en 1572 la messe n'y est plus célébrée et, en 1602, il ne compte plus que trois religieux. En 1662, l'archevêque de Narbonne François Fouquet le pousse à rejoindre la congrégation de Saint-Maur, qui restaure le prieuré. Après la Révolution, les bâtiments conventuels passent sous administration militaire ; ils servent de caserne de 1824 à 1889 et sont finalement détruits en 1902, tandis que l'église abrite des magasins de l'armée et, à partir de 1869, la collection lapidaire municipale. L'édifice est inscrit au titre des monuments le 28 mars 1900. Entre le 24 et le 31 mars 1871, l'église accueille le siège du Club de la Révolution lors de la Commune centrale de l'arrondissement de Narbonne. Sauvegardée à partir de 1868 grâce à son usage comme dépôt archéologique, elle a conservé plus de 1 700 pièces — blocs inscrits, stèles, colonnes et sarcophages — qui ont été transférées entre 2017 et 2018 au futur musée régional de la Narbonne antique, Narbo Via.
Architecturalement, l'église combine des éléments romans et gothiques. Elle présente une vaste nef unique, sans bas-côtés, divisée en travées et couverte d'une charpente traditionnelle ; le chevet et le chœur sont voûtés. Des vestiges romans subsistent, comme une archivolte et deux colonnes dans la chapelle de droite, probablement issus de l'édifice primitif. La charpente de la nef, dépourvue d'entrait et d'arbalétrier, repose sur des pannes portées par des arcs doubleaux et abrite un plafond à deux rampants, voligé entre les pannes, dont certains fragments conservent une décoration peinte. Le chevet, accolé aux remparts, adopte un plan polygonal et montre que l'abside était en contact avec la fortification ; son couronnement crénelé est encore en grande partie intact et pouvait contribuer à la défense du bourg. Le triforium est très ajouré et les points d'appui paraissent délicats, mais un large formeret, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, reporte les charges sur de puissants contreforts. Une galerie ajoutée au XIVe siècle traverse les doubleaux et communique avec le triforium au-dessus des chapelles du chœur. L'abside à pans est voûtée d'ogives retombant sur des consoles richement sculptées. Parmi les parties les plus anciennes figurent une baie en plein cintre du mur occidental et le portail méridional (fin du XIIe siècle ?), tandis que le flanc sud porte une tour avec tourelle pentagonale. L'édifice conserve divers éléments remarquables, dont un portail roman et une stèle datée du VIIe siècle, qui ont nourri son intérêt archéologique et patrimonial.