Nouveau centre urbain à Douvaine en Haute-Savoie

Nouveau centre urbain

  • 74140 Douvaine
Propriété de la commune

Période

XXe siècle

Patrimoine classé

En totalité, les éléments suivants subsistant du projet de « nouveau centre urbain » : la salle polyvalente, l'école maternelle (à l'exclusion des adjonctions récentes), les arcades de la place publique et le transformateur électrique, tel qu'indiqué sur le plan annexé à l'arrêté : inscription par arrêté du 20 janvier 2017

Origine et histoire

Le « Nouveau centre urbain » de Douvaine, conçu autour des plans urbanistiques de Jean-Louis Chanéac et réalisé par les architectes Claude Costy et Pascal Häusermann, constitue un exemple singulier d'urbanisme prospectif et d'architecture‑bulles. Le projet, lancé sous la mandature du maire Jacques Miguet entre 1972 et 1977, visait à créer un nouveau cœur de ville pour prévenir l'étalement le long de la RN5. Chanéac a élaboré un plan d'occupation des sols en trois dimensions organisant des circulations aériennes et une conception volumétrique où l'habitant peut exercer des droits de construction au‑dessus de sa parcelle. En avril 1972, Costy et Häusermann furent chargés d'aménager un cœur urbain dynamique combinant commerces, équipements communaux et logements conformément à ce POS. Le programme prévoyait une place ronde entourée d'arcades, fermée à l'ouest par un mât de trente mètres pour une bâche rétractable et une plateforme, ainsi qu'un centre commercial de trente à cinquante boutiques. Les équipements devaient comprendre une salle polyvalente, une école maternelle avec logement de fonction, une auberge de campagne, une piscine olympique et une plage. Les logements devaient prendre la forme de Domobiles, cellules en matière plastique modulables et assemblables, implantées sur terrains publics et reliées par des passerelles supportant les canalisations. La création d'une société civile immobilière gérée par les habitants devait associer ceux‑ci à la création et à la gestion de la zone, les logements pouvant évoluer par déplacement, suppression ou ajout de cellules. Le projet fut adopté au conseil municipal le 12 décembre 1974 ; une maquette exposée trois mois au syndicat d'initiative et une couverture médiatique nationale et internationale attirèrent l'attention. Après la séparation du couple Costy‑Häusermann en 1972, Claude Costy prit en charge l'école maternelle et Pascal Häusermann la salle polyvalente. Le manque de financements empêcha la réalisation de la piscine et du restaurant, et le premier choc pétrolier fit tripler le prix des Domobiles, qui ne furent finalement installées que pour les vestiaires et les sanitaires de la salle polyvalente. Le changement de municipalité en 1977 entraîna l'arrêt du projet ; seuls furent construits l'école maternelle, la salle polyvalente, les arcades de la place centrale et un abri pour transformateur. L'école maternelle, issue d'un concours de l'Éducation nationale remporté par Claude Costy, comprend un bâtiment principal d'environ 350 m2 avec quatre classes sur deux niveaux et plusieurs sphères accolées ; une coupole centrale regroupe la cantine, la salle de jeux, les sanitaires et un coin feu. Les classes à l'étage, montées sur pilotis et desservies par une rampe, possèdent une terrasse faisant office de préau ; les portes‑fenêtres ont été conçues pour permettre d'éventuelles extensions par de nouvelles sphères. Costy a également dessiné du mobilier adapté aux formes arrondies et choisi des dégradés de couleurs inspirés de la région. La salle polyvalente, commencée en 1973, offre un terrain multisports entouré de gradins, des loges, des locaux techniques et un bassin extérieur suspendu ; elle pouvait accueillir 1 500 personnes sur 2 000 m2 sous une toiture bombée portée par une charpente en bois lamellé collé. Des malfaçons apparues rapidement entraînèrent des critiques et, après des fuites, la toiture bombée fut remplacée par un toit en tôle d'acier en 1983. La place centrale, d'environ 1 800 m2 avec un passage couvert de 1 000 m2 formé par des arcades, reliait la salle polyvalente à la mairie ; la construction du mât fut interrompue et sa base rasée par la nouvelle municipalité. Dans les années 1990 la moitié des arcades fut supprimée et la partie restante sert de préau à l'école primaire. Dès l'origine le projet suscita des oppositions au sein du conseil municipal et ne fut adopté que d'une voix ; la controverse politique contribua à la défaite de Jacques Miguet en 1977. Longtemps déconsidéré en raison de son inachèvement et des restaurations successives qui ont altéré sa cohérence — réfection du toit, disparition de coursives, repeints aux couleurs vives —, l'ensemble a vu sa valeur patrimoniale reconsidérée au début des années 2000. Il a reçu le label Patrimoine du XXe siècle délivré par la DRAC en 2003 et a été inscrit aux monuments historiques en 2017, restant le seul exemple bâti d'urbanisme prospectif et un rare ensemble d'architecture‑bulles.

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