Origine et histoire
Le théâtre-amphithéâtre gallo-romain de Gennes est un édifice de spectacle de type mixte situé dans la commune déléguée de Gennes, aujourd'hui rattachée à Gennes-Val de Loire, dans le département de Maine-et-Loire. Intégré à une agglomération secondaire antique d'environ vingt hectares, il est peut-être fréquenté du IIe au IVe siècle. L'ensemble monumental qui l'entoure comprend un aqueduc, des thermes publics, des habitats et un nymphée. Gennes figure parmi les localisations proposées pour Robrica, étape incertaine entre Caesarodunum (Tours) et Juliomagus (Angers) sur la table de Peutinger.
Le style des maçonneries, marqué par l'alternance d'assises de moellons et de lits de tuiles, suggère une construction au IIe siècle. Le mobilier le plus récent mis au jour sur le site remonte à la fin du IVe siècle, mais il est difficile de préciser quand l'édifice cessa d'être fréquenté. À l'époque mérovingienne, le secteur du théâtre fut réutilisé pour des inhumations dans des sarcophages en pierre. Les ruines sont signalées dès 1837 à un membre de la Société française d'archéologie et des fouilles ont été menées entre 1862 et 1901. L'édifice a été classé au titre des monuments historiques en 1986.
Le plan associe une arène elliptique complète, propre aux amphithéâtres, et une cavea incomplète qui n'occupe qu'environ la moitié du périmètre, caractéristique des théâtres ; ce type mixte, fréquent en Gaule et surtout dans des agglomérations secondaires ou des ensembles ruraux, permettait d'accueillir des spectacles de nature diverse. Implanté sur le flanc d'un vallon qui descend vers le ruisseau d'Avort, le monument tire parti de la topographie pour limiter le gros-œuvre et bénéficie d'une orientation qui évite l'éblouissement des spectateurs, conformément aux prescriptions de Vitruve.
La cavea, qui ne forme pas tout à fait un demi-cercle comme celle du site de Montbouy, présente un diamètre de 94 mètres et une capacité estimée à 5 000 personnes. Près de l'arène, certains gradins semblent avoir été aménagés pour les notables avec des assises de pierre, tandis que le reste de la cavea repose sur une pente de terre retenue par un contrefort à l'arrière et devait recevoir des gradins en bois dont des clous ont été retrouvés. La forte poussée des remblais est compensée par des contreforts appuyés sur le mur limitant la cavea, visibles dans la partie orientale du site.
L'arène elliptique mesure 43,60 sur 38,55 mètres et est entourée d'un mur-podium interrompu pour ménager des passages ; derrière ce mur, un couloir de circulation est encadré par deux murs curvilignes. Ces murs délimitent un espace à la base de la cavea où un euripe a été creusé pour évacuer les eaux de ruissellement et servent de support à un plancher qui porte les gradins réservés aux notables. Deux loges ouvrant sur le couloir, interprétées comme locaux de service ou carceres, complètent l'organisation fonctionnelle de l'édifice. L'appareil des murs, l'euripe et les aménagements de circulation restent des témoins visibles de la conception de ce théâtre-amphithéâtre.