Origine et histoire de l'Observatoire
L'Observatoire de Paris a été fondé en 1667 par Colbert sous le règne de Louis XIV et construit par Claude Perrault entre 1667 et 1672. Les astronomes tracèrent alors l'orientation nord-sud du domaine, imposant cet axe comme ligne de symétrie du bâtiment ; il devint le méridien de Paris. L'édifice, vaste rectangle flanqué de deux tours octogonales, présente quatre faces correspondant aux points cardinaux, s'élève sur trois niveaux au nord et deux au sud et se termine par une terrasse. La façade sud est ornée de sculptures de Temporiti et des bâtiments scientifiques ajoutés dans les jardins aux XIXe et XXe siècles abritent plusieurs instruments. Parmi eux figurent le pavillon de la Carte du Ciel (1870 et 1892), le pavillon du grand équatorial (1889), la salle Baillaud et le pavillon de la méridienne réalisé par Jean Prouvé en 1951 sur un projet de l'architecte Remondet. L'observatoire est implanté sur trois sites, à Paris (avenue de l'Observatoire), Meudon et Nançay, et il est le plus ancien observatoire du monde toujours en fonctionnement. Né du projet de 1667 visant à doter la France d'un observatoire astronomique équipé pour établir des cartes de navigation, il complétait l'Académie des sciences fondée en 1666 et a favorisé en France le développement de la géodésie, de la cartographie et de la météorologie. En 1927, le site de Meudon fut rattaché administrativement à l'Observatoire de Paris. Établissement public de recherche et d'enseignement, l'Observatoire a le statut de grand établissement, relève du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, est membre fondateur de l'université PSL et constitue le principal pôle national de recherche en astronomie, tout en dispensant un enseignement supérieur de haut niveau. Il fait partie des observatoires des sciences de l'Univers, groupement de laboratoires associés à l'Institut national des sciences de l'Univers du CNRS, et accueille des unités et laboratoires en tutelle secondaire. Sous la direction des Cassini, la première phase de l'institution connut une longue continuité : la famille Cassini dirigea l'observatoire pendant les cent vingt-cinq premières années, avec Giovanni Domenico Cassini à l'origine de son essor. Après la Révolution, l'observatoire connut d'importantes réorganisations : le Bureau des longitudes fut institué et reçut la mission de développer l'astronomie, l'établissement reçut des instruments provenant des collections royales et participa à la normalisation des mesures, le mètre et le kilogramme, sous la direction de Lalande. Au XIXe siècle, François Arago réaménagea la tour est et fit installer une grande lunette équatoriale dont la coupole principale de Paris fut construite à partir de 1846 ; plus tard, Urbain Le Verrier développa la météorologie et, malgré des tensions internes, étendit l'influence du poste de directeur. Jules Janssen fonda à Meudon l'Observatoire d'Astronomie Physique, y fit réaliser la Grande Coupole et la Grande Lunette qui devinrent des références pour l'étude du Soleil. Sous la direction d'Ernest Mouchez, l'Observatoire participa en 1887 au projet international de la Carte du Ciel, rénova ses instruments et organisa l'ouverture au public ainsi que l'unification de l'heure sur le méridien de Paris. Au XXe siècle, des directeurs comme Benjamin Baillaud, Henri Deslandres, Ernest Esclangon — auteur de la première horloge parlante mondiale présentée en 1932 — puis André Danjon contribuèrent successivement à la modernisation des équipements, à l'expansion des personnels et au rattachement d'autres sites comme Nançay en 1953. Aujourd'hui, l'Observatoire remplit trois missions : la recherche, l'enseignement supérieur et la diffusion des savoirs vers le grand public. Ses recherches couvrent l'ensemble des champs de l'astronomie et de l'astrophysique contemporaines, depuis le Soleil et ses relations avec la Terre jusqu'aux planètes et exoplanètes, la formation des étoiles, le milieu interstellaire, les galaxies, les astroparticules, la cosmologie, la métrologie de l'espace et du temps, ainsi que l'histoire et la philosophie des sciences. Les équipes conçoivent et réalisent des instruments pour télescopes au sol ou sondes spatiales, organisent des campagnes d'observation, traitent et analysent des données, développent des bases de données et réalisent des simulations numériques. Les chercheurs sont regroupés en sept unités de recherche (GEPI, IMCCE, LERMA, LESIA, LUTH, SYRTE et l'USN de Nançay) et l'Observatoire assure la tutelle secondaire de laboratoires associés tels que l'OSUC, l'APC et le LPP. L'enseignement va du master au doctorat avec des formations professionnelles et de recherche, une école doctorale, des diplômes universitaires en présentiel ou à distance et des actions de formation des enseignants, organisés par l'Unité formation-enseignement. La communication vers le grand public s'appuie sur expositions itinérantes, visites des trois sites, parrainages scolaires, journées portes ouvertes, parcours comme le Système Solaire de Meudon et des manifestations publiques d'observation. L'observatoire conserve un riche patrimoine instrumentologique : à Paris la Coupole Arago abrite une grande lunette équatoriale historique de 38 cm, un astrographe conçu pour la Carte du Ciel occupa autrefois une coupole et les instruments méridiens ont été logés sous un abri conçu par Jean Prouvé en 1951. À Meudon, la Grande Lunette, composée d'un objectif visuel de 83 cm et d'un objectif photographique de 62 cm, repose sous une coupole de 18,30 mètres, tandis que d'autres installations comprennent le télescope de 1 m, la Table équatoriale et des instruments solaires comme le spectrohéliographe et la tour solaire. Des instruments modernes et des démonstrateurs technologiques, comme le prototype Schwarzschild-Couder SST-GATE destiné à l'astrophysique des rayons Cherenkov, sont également présents sur le site de Meudon. Pour des observations scientifiques, l'Observatoire utilise aussi des sites aux conditions d'observation plus favorables (Pic du Midi, Observatoire de Haute-Provence, VLT au Chili, Hawaï, îles Canaries, etc.). La bibliothèque, fondée en 1785, conserve des collections patrimoniales et documentaires importantes, dispose de catalogues en ligne, d'une bibliothèque numérique regroupant publications, archives et collections iconographiques, et utilise Calames pour inventorier ses fonds. Les archives et les instruments historiques sont répertoriés dans la base Alidade et une part importante du patrimoine sert aujourd'hui à la médiation scientifique et à la formation.