Origine et histoire de l'Oppidum de Constantine
L'oppidum de Constantine est un site protohistorique celte situé sur la commune de Lançon-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Perché sur une élévation rocheuse dominant la plaine de l'étang de Berre, il couvre environ sept hectares. Le site se caractérise par un rempart en pierres sèches d'environ 240 mètres de long avec les bases de sept tours côté nord, et par les ruines d'un temple chthonien au centre. On y observe également des avens, une citerne, des vestiges d'habitats de plusieurs époques, une chapelle paléochrétienne et plusieurs murailles protohistoriques encore visibles. Probablement bâti à l'âge du Fer (VIe siècle av. J.-C.), Constantine est l'un des plus grands et des mieux conservés des oppida de Provence. Il relevait de la tribu des Salyens, dont la capitale était Entremont, et remplissait des fonctions défensives, d'habitat permanent, d'échanges marchands et de lieu votif consacré à Bélénos. Le site a aussi joué un rôle dans les relations commerciales entre les Salyens et les Phocéens et, à partir du IIe siècle av. J.-C., dans la couronne défensive salyenne contre l'expansion massaliote. Constantine s'inscrit dans un réseau d'oppida, de fermes et de hameaux s'étendant de l'étang de Berre jusqu'aux collines du Var, en passant par Entremont, la Sainte-Victoire et la Sainte-Baume ; les oppida voisins incluent Les Escalèdes à environ 5 km à l'ouest, un site sur l'actuelle commune de La Fare-les-Oliviers et Roquepertuse à une dizaine de kilomètres à l'est, tandis que l'oppidum de Pierredon se trouvait à l'extrémité est du massif. Le rocher de Constantine occupe par ailleurs une position proche d'axes de circulation anciens : une direction est-ouest reliée plus tard par la voie aurélienne et une voie nord-sud qui a longtemps permis le transit de marchandises diverses — ambres, métaux, textiles — entre le nord de la Gaule, la vallée du Rhône et les ports massaliotes. Le site a fait l'objet de fouilles et parfois de pillages depuis le XVIe siècle ; des campagnes régulières et rigoureuses se sont déroulées à partir des années 1980 jusqu'en 2007. Des interventions antérieures notables ont été menées en 1933 par Henri de Gérin-Ricard, en 1948 par M. Renard et, à partir de 1955, par Jacques Gourvest ; Hettiger est également cité pour 1987. Parmi les découvertes figurent une pierre gravée d'un buste «préromain» trouvée en 1978 et remise au Musée Granet en 1980, ainsi qu'un chapiteau «préromain» mis au jour par Yves Rigoir en 1991, qui a aussi mis en évidence cinq niveaux d'occupation autour du sanctuaire allant de l'époque hellénistique au Bas-Empire. Des sarcophages repérés en 2013 et l'analyse de F. Verdin suggèrent l'existence d'une petite nécropole creusée le long de la voie d'accès méridionale. L'accès nord était autrefois mieux aménagé qu'aujourd'hui, avec un muret de soutènement et des secteurs pavés ou atténués par la pente naturelle. Les fouilles ont révélé un habitat important près d'un aven, avec un dallage en mortier à inclusions de pierres blanches et la découverte d'une statue de Jupiter, indice d'une occupation perdurant jusqu'au Haut-Empire, ainsi que des contrepoids de pressoirs à l'emplacement de l'église paléochrétienne, témoignant d'une activité agricole dès la période de La Tène. L'occupation du site a fluctué : il est occupé jusqu'à la période romaine, connaît un déclin entre le dernier quart du Ier siècle av. J.-C. et le Ve siècle de notre ère, puis fait l'objet d'une réoccupation — notamment par les Wisigoths — du Ve au IXe siècle. Au haut Moyen Âge, Constantine redevint refuge et village ; des pièces d'habitat adossées aux remparts et une chapelle paléochrétienne de 17 mètres sur 7 attestent une communauté active avec des travaux intérieurs visibles jusqu'au IXe siècle, avant un déclin après l'Empire carolingien. Sur le plan architectural, l'habitat pouvait comporter des éléments en terre crue, tandis que la fortification est décrite dans certaines sources comme une muraille en pierre sèche d'environ un kilomètre de longueur et d'environ trois mètres d'épaisseur à la base, avec des blocs cyclopéens employés jusqu'à deux ou trois mètres de hauteur ; le chapiteau retrouvé et l'absence d'autres colonnes minérales laissent par ailleurs supposer l'utilisation de colonnes en bois pour certaines structures. Le site appartient au domaine privé de Calissanne, dont les bâtiments sont au pied de la colline sur la D10, et il est inscrit aux monuments historiques depuis 1993 ; toute visite nécessite l'autorisation du propriétaire.