Origine et histoire de l'Oppidum de la Cloche
L'oppidum de la Cloche se situe au nord de la chaîne de la Nerthe, à 235 m d'altitude, presque entièrement sur la commune des Pennes‑Mirabeau, à la limite du Rove, et domine la voie reliant Marseille à Arles via Septèmes. Il domine un vallon où la parcelle s'étend jusqu'à l'approche, qui aboutit à une entrée en chicane. Occupé au second âge du Fer, il a probablement été fondé au IIIe siècle av. J.-C., peut‑être en continuité avec l'oppidum de Teste‑Nègre, et les vestiges visibles résultent d'une reconstruction à la fin du IIe siècle av. J.-C. L'abandon du site vers 50 av. J.-C. est associé au siège de Marseille par Jules César. Le site est classé monument historique depuis 2004. L'agglomération contrôlait la voie reliant l'étang de Berre à Marseille en traversant la Chaîne de l'Estaque et semble avoir été intégrée au domaine massaliote ; sa destruction lors du siège de 49 av. J.-C. renforce cette hypothèse. Des tessons résiduels témoignent d'une occupation antérieure aux vestiges actuels, au IIIe‑IIe siècles, mais aucune structure de cette phase ancienne n'a été conservée. Les aménagements visibles comprennent une fortification scandée de tours carrées et d'un avant‑mur, des rues en escalier et des habitations disposées avec habileté sur la pente. Une citerne d'environ 60 000 litres, répartie en deux volumes, a été mise au jour ; pour son enduit, on a utilisé pour la première fois sur un oppidum un mortier de chaux. Le site a fait l'objet de fouilles systématiques à partir de la fin des années 1960, conduites notamment par Louis Chabot, qui a exploré près de la moitié de la superficie ; des fouilles clandestines antérieures à 1946 ont également été relevées. Les premières campagnes (1967‑1972) ont porté sur la voie d'accès, l'entrée et le secteur nord‑est, une phase suivante a dégagé le quartier d'habitation autour de l'entrée, et les années 1990 ont permis d'explorer la zone sommitale qui suggère un espace à vocation cultuelle. Deux accès principaux desservent l'oppidum : un passage abrupt, facile à défendre, mène au petit quartier nord avec quelques cellules alignées dont une présente une cuvette creusée et des murs taillés dans la roche, tandis qu'une montée par la crête sud‑ouest, protégée par un glacis, donne accès au grand quartier sommital doté d'un mur de défense à l'ouest et d'un important ensemble de cellules sur plusieurs niveaux. Le site offre une vue à 360 degrés et une position aisée à défendre. Parmi les découvertes figurent des fragments d'une statue de guerrier assis en cuirasse, datés du IIIe siècle av. J.-C. et analogues à celles d'Entremont ; les fragments permettent de reconstituer la tête, une partie du torse et le bras gauche, et la main porte la gravure d'une bague dont des exemplaires ont été retrouvés sur le site et dans d'autres établissements contemporains ; cette statue est exposée au Musée d'histoire de Marseille. On a aussi mis au jour des crânes destinés à être exposés sur un linteau de porte, ainsi que divers outils et armes. Pour expliquer la reconstruction du site à la fin du IIe siècle, il a été proposé que la peur suscitée par l'attaque des Cimbres et des Teutons en 101 av. J.-C. ait pu conduire les Romains à autoriser la réoccupation de certains oppida. Posidonios, en voyage à Marseille vers 100 av. J.-C., rapporte le rite des têtes coupées exposées à l'entrée, qu'il pourrait avoir observé à la Cloche.