Patrimoine classé
L'oppidum, à l'exclusion des parties classées (cad. Saint-Dionizy B 758 à 791, lieudit Roque de Vif ; Nages-et-Solorgues A 346, lieudit les Combes, 348 à 357, lieudit les Castels, 977, lieudit les Belardes) : inscription par arrêté du 3 avril 1980 - Les parcelles AC 5, 7 à 9, 11, 12, 14 à 16, 18, 23, 24, 27 à 32, 36 à 38, partie de l'oppidum, en totalité : classement par arrêté du 23 octobre 2006 - Les parcelles AC 10, 13, 19, 20, 26 et 34, partie de l'oppidum de Roque de Viou, en totalité : classement par arrêté du 26 février 2008
Personnages clés
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| Maurice Aliger |
Découvreur de vestiges lithiques néolithiques en 1958. |
| Michel Py |
Archéologue ayant mené les fouilles et restaurations principales de 1958 à 1974. |
Origine et histoire
L'oppidum de Roque de Viou, parfois identifié à l'oppidum de Nages (ou des Castels, dit aussi oppidum de Saint-Dionisy), se situe dans la vallée de la Vaunage, sur la commune de Saint-Dionisy, à proximité de Nages-et-Solorgues, dans le Gard. Le site, occupé du Néolithique à la période romaine, est l'un des sept oppida gaulois qui rassemblaient la population de la Vaunage à l'âge du fer (800 à 50 av. J.-C.). Une première phase d'habitat s'étend du VIIIe au début du VIIe siècle AC ; elle se caractérise par des cabanes en matériaux périssables, des bases creusées dans le rocher, des foyers sur sol en terre battue et la présence de vases de provisions. Après un abandon d'environ deux cents ans, une nouvelle agglomération est édifiée vers 380-360 AC sur l'emplacement des anciennes habitations. Cette ville est alors ceinte d'un rempart en pierres sèches et ponctuée de tours quadrangulaires. Vers 290-280, ce centre est délaissé au profit du site voisin de Nages. Le lieu fait l'objet d'une réoccupation partielle à l'époque gallo-romaine, entre 25 AC et 50 PC. Au pied de la colline, des vestiges lithiques néolithiques ont été découverts en 1958 par Maurice Aliger. Les fouilles et restaurations principales ont été menées de 1958 à 1974 par l'archéologue Michel Py. Au cours des investigations, on a mis au jour quatre enceintes successives datées entre 290 av. J.-C. et 10 apr. J.-C., dont une partie a été dégagée. L'enceinte de pierres plates, les tours de guet et de défense ont fait l'objet de restaurations importantes. À l'intérieur, les vestiges dégagés révèlent un réseau de rues en damier, des maisons d'habitation, des magasins et un fanum daté de 70 av. J.-C., détruit par un incendie au début du Ier siècle. Cet incendie correspond à l'abandon du site et au transfert d'une partie de la population vers Nemausus (Nîmes), devenue alors la capitale romanisée de la région. Le site connaît une brève réoccupation au IIIe siècle, marquée par la construction d'une cinquième et dernière enceinte englobant son quart nord-ouest. L'oppidum occupe le sommet d'une colline d'environ 160 mètres d'altitude et domine la plaine de la Vaunage ; il est situé au nord du village de Nages, en direction de la fontaine romaine. Le site est accessible depuis Nîmes, à 15 km à l'ouest, par la CD 40 en direction de Sommières puis en prenant à gauche vers Nages-et-Solorgues. Depuis le sommet, on aperçoit les villages et hameaux voisins — Calvisson et ses hameaux Sinsans et Bizac, Saint-Côme-et-Maruéjols, Clarensac, Saint-Dionisy, Caveirac, Boissières — et Nages-et-Solorgues au pied de la colline. On distingue également à l'œil nu l'oppidum de Mauressip, situé sur la commune voisine de Saint-Côme-et-Maruéjols. Le site est implanté en position stratégique : du sommet on distingue le tracé de l'ancienne voie romaine reliant Nîmes à Sommières et, à proximité plus au sud, la Voie Domitienne, construite à partir de -118. Un petit pont romain restauré permettait encore de traverser le Rhôny. Pendant 48 ans, une salle au premier étage de la mairie de Nages-et-Solorgues abritait un musée municipal présentant des vestiges issus des fouilles de l'oppidum ; faute de fonds, ce musée a fermé ses portes en 2023 et la collection a quitté le village.