Origine et histoire de l'Oppidum du Baou-Roux
L'oppidum du Baou-Roux, établissement celto-ligure — plus précisément salyen — se situe sur le flanc nord‑ouest du massif de l'Étoile, au nord de Marseille, sur la commune de Bouc‑Bel‑Air. Occupé dès le VIIe siècle av. J.-C., il a été détruit par les Romains en 124 av. J.-C. et n'a été que très partiellement fouillé. Le site occupe un petit plateau d'environ deux hectares, bordé à l'ouest par une falaise d'une quarantaine de mètres, le « baou » provençal, et culmine autour de 300 mètres. Il domine la plaine de Bouc‑Bel‑Air, ancienne voie de communication entre la cuvette marseillaise et la vallée de l'Arc, et depuis son sommet on pouvait apercevoir les hauteurs abritant l'oppidum d'Entremont et le Camp Marius de Ventabren. L'accès principal se fait par la « carraïre arlésienne » au sud ; deux autres voies plus difficiles existent au nord, où l'on observe des marches taillées dans la roche, postérieures à l'époque salyenne. Le plateau possède un sol végétal qui autorise une exploitation agricole poursuivie depuis l'époque salyenne, avec une importante réutilisation des blocs provenant des murailles et des murs d'habitations. Les premières mentions de recherches remontent à 1856, avec une note de Benoni Blanc signalant un fragment de meule provenant du « camp retranché de Sousquières, près de Simiane ». À la fin du XIXe siècle, la famille Tennevin, propriétaire d'une partie du plateau, recueille des objets en surface et mène des fouilles éparses. En 1903, Félix Tennevin met au jour, à 60 cm de profondeur, le squelette d'une femme apparemment enterrée rituellement et portant huit bracelets en bronze et deux bagues en fer. La même année, le comte de Gérin‑Ricard explore ce qu'il nomme le « castellum de la Chiera », désignation tirée de l'étymologie de Sousquières, et évoque aussi l'appellation « Mons rapaciosus » trouvée dans une charte du XIe siècle de l'abbaye Saint‑Victor de Marseille. En 1903 encore, G. Vasseur, de la Faculté des Sciences de Marseille, conduit une campagne de fouilles et publie ses résultats sous le titre « Note préliminaire sur l'industrie ligure en Provence », tandis que d'autres chercheurs tels Convert, Faudin et Durand apportent leur contribution. Dans les années 1960, Jean‑Pierre Tennevin entreprend des fouilles plus méthodiques sur le secteur nord‑est du plateau : sous une première couche il met au jour une « table archéologique » riche en débris d'amphores, dolia et urnes couvrant des époques variées, jusqu'aux Ve et VIe siècles av. J.-C. et vers des vestiges préhistoriques. En profondeur il atteint un sol en terre battue, dallé par endroits, qu'il identifie comme le niveau d'occupation terminale salyenne, et découvre des murettes de pierre rectilignes qui quadrillaient l'espace en dix‑huit « cases » et plusieurs « rues », formant le quartier d'une véritable agglomération. Jean‑Pierre Tennevin publie en 1972 les plans, photographies et le catalogue des pièces recueillies dans la revue des Amis d'Entremont. Des campagnes de fouilles ultérieures figurent également sur le site de l'association archéologique locale, couvrant la période 1981‑1996.