Période
Age du fer 1, Age du fer 2, Gallo-romain, Haut-Empire, Haut Moyen Age
Patrimoine classé
Les vestiges archéologiques de l'oppidum gallo-romain (cad. D 596, 598 à 602, 625 à 627, 629, 631 à 633, 636, 637) : inscription par arrêté du 16 février 1954
Origine et histoire
Ruscino est un ancien oppidum ibère puis gallo-romain situé à Château-Roussillon, près de Perpignan, commune à laquelle il est aujourd'hui rattaché ; il a donné son nom au Roussillon. Le site occupe un promontoire entre Perpignan et la mer, dominant la basse vallée de la Têt. Le nom de Ruscino apparaît sur le premier des Gobelets de Vicarello (Ruscinonem XXV), dans l'Itinéraire d'Antonin et sur la Table de Peutinger, tandis que Pline l'Ancien le qualifie d'« Oppidum latinorum ». Différentes formes anciennes du toponyme sont attestées, dont Roschinus, Ruscinos, Ruskinon, Ruscionem, puis Ruscino, Ruscino latinorum, Colonia Ruscino, Ruscinon polis et Ruscione selon les époques. Les premières traces d'habitat remontent aux environs de 600 av. J.-C. : les populations ibères pratiquaient la pêche et l'agriculture, travaillaient le fer, produisaient des objets artisanaux et commerçaient avec les Grecs. Vers 400 av. J.-C., apparaissent des constructions en pierre et des silos à grains en terre cuite ont été mis au jour. En 218 av. J.-C., les Romains tentèrent sans succès de soulever les Celtes de la région contre Hannibal. La romanisation s'amorce lors de la fondation de la Gaule narbonnaise et de la réfection de la Via Domitia au IIe siècle av. J.-C., mais les fouilles indiquent que la ville romaine se constitue surtout au milieu du Ier siècle av. J.-C. Les Romains organisent alors l'agglomération selon leurs principes urbains et Ruscino devient le chef-lieu de la civitas des Sordes, puis une cité de droit latin, bénéficiant du commerce local et des échanges le long de la Via Domitia. L'apogée de la ville se situe à la fin du Ier siècle av. J.-C., moment où un forum monumental est édifié sous Auguste. Le site décline ensuite à la fin du siècle suivant au profit d'Elne (Oppidum Illiberis) et de Narbo Martius (Narbonne) ; ce déclin aurait pu être précipité par un fort séisme au début du IIe siècle. Les vestiges, qui couvrent une période allant du premier âge du fer au Haut Moyen Âge, sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 1954. Les fouilles ont révélé un forum mesurant environ 60 mètres de long, 50 mètres de large et 10 mètres de haut, des canaux d'irrigation et des citernes. Un quartier d'habitation a livré les restes de cinq domus de type italique ornées de peintures murales d'inspiration pompéienne datées des IIe et IIIe siècles, ainsi que des thermes, des installations de stockage de denrées (céréales, olives, vin), des forges et des amphores.
