Ouvrage du mont Chaberton à Montgenèvre dans les Hautes-Alpes

Ouvrage du mont Chaberton

  • 05100 Montgenèvre
Crédit photo : Riotforlife - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Frise chronologique

XIXe siècle
Époque contemporaine
1900
2000
1910
Achèvement des travaux
1915-1918
Démontage des pièces
21 juin 1940
Neutralisation du fort
8 septembre 1943
Abandon du fort
1947
Annexion à la France
1957
Démantèlement militaire
Fin du XIXe siècle
Construction de la batterie
4 février 2021
Inscription historique
Aujourd'hui
Aujourd'hui

Patrimoine classé

L'ouvrage du mont Chaberton, en totalité, comprenant : la batterie avec le glacis, le mur de soutènement et ses arcs de décharge, la station d'arrivée du téléphérique, le local de chargement, la caserne des officiers et la caserne des troupes, le poste de garde, les galeries souterraines, le chemin d'accès vers le sommet du mont Chaberton depuis le poste de garde ainsi que les vestiges du réseau de barbelés sur supports cimentés, situés au col du Chaberton et au mont Chaberton sur les parcelles n° 11 et n°17, figurant au cadastre sur la section AC et sur les parcelles n°2 et n°3 figurant au cadastre section AD, tel que délimité en rouge sur le plan annexé à l’arrêté : inscription par arrêté du 4 février 2021

Personnages clés

André Miguet Lieutenant ayant dirigé la neutralisation du fort en 1940.

Origine et histoire

Le mont Chaberton, sommet des Cerces culminant à 3 131 mètres, se situe sur la commune de Montgenèvre dans le Briançonnais. À la fin du XIXe siècle, l'Italie décida d'ériger au sommet une batterie fortifiée dominant le col du Montgenèvre pour contrôler le passage entre le Piémont et la vallée de la Durance. Le chantier, confié au génie de Turin, s'acheva en 1910 avec un ensemble atypique formé d'un bâtiment rectangulaire en bois et béton adossé à une plate-forme rocheuse. Sur son toit furent installées huit tours en béton, chacune coiffée d'une tourelle pivotante armée de canons orientés vers Briançon. L'ouvrage comprenait un poste de commandement, une infirmerie, une cuisine et des réserves desservis par deux couloirs, avant et arrière, et des casernes en contrebas logeaient officiers et soldats en temps de paix. Des galeries souterraines et des casemates, creusées profondément dans la roche, servaient au stockage des munitions et à la liaison des différents éléments. Son approvisionnement était assuré par un téléphérique, l'un des premiers construits en Italie, qui garantissait une autonomie de plusieurs mois. Culminant à plus de 3 130 mètres, ce « Fort des nuages » fut longtemps considéré comme l'un des plus élevés et des plus impressionnants de son époque. Conçu comme un « ouvrage autonome d'action lointaine », il devait pouvoir remplir des missions à la fois offensives et défensives depuis sa position dominante. Pendant la Première Guerre mondiale, les pièces d'artillerie furent démontées et réaffectées au front contre l'Empire austro-hongrois ; l'ouvrage resta inoccupé entre 1915 et 1918. Réarmé à la fin des années 1920, il fut intégré à la ligne de fortifications italienne, le Vallo Alpino Occidentale. Le 21 juin 1940, en dépit des conditions et des altitudes extrêmes, l'artillerie française utilisa des obusiers Schneider de 280 mm et, grâce à un tir précis, neutralisa six des huit tourelles en une journée. Cette action, conduite notamment par la 6e batterie du 154e régiment d'artillerie de position sous les ordres du lieutenant André Miguet, fit plusieurs victimes dans la garnison et rendit l'ouvrage largement inutilisable. Les deux tourelles restantes continuèrent à tirer quelques jours, puis l'activité déclina jusqu'au cessez-le-feu et à l'armistice. Le fort fut abandonné le 8 septembre 1943 et brièvement réoccupé à l'automne 1944 par des parachutistes de la République sociale italienne. À l'issue de la guerre, le vallon des Baïsses, le sommet et la batterie furent annexés à la France en application du traité de Paris de 1947. Des projets de reconversion, notamment une station météorologique ou un refuge d'altitude, furent évoqués dans les années 1950 mais n'aboutirent pas. L'enlèvement des pièces métalliques des tourelles et des tubes fut réalisé à l'été 1957, marquant le démantèlement de l'équipement militaire. Aujourd'hui subsistent principalement les supports maçonnés des tourelles et les ouvrages souterrains, en dégradation rapide et dont la visite présente des risques. Le site, inscrit au titre des monuments historiques depuis le 4 février 2021, s'appuie géologiquement sur des roches du Trias supérieur.

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