Origine et histoire du Palais
Le palais Brongniart, ancien palais de la Bourse, est un édifice périptère de style néoclassique élevé sur l'ordre de Napoléon Ier pour abriter la Bourse de Paris. Conçu par Alexandre-Théodore Brongniart, qui proposa six projets et retint l'idée d'un "temple grec", les travaux commencèrent en 1808. Brongniart mourut en 1813 ; Éloi Labarre prit la succession et poursuivit l'ouvrage, qui fut inauguré après la chute de l'Empire en 1826 et achevé quelques années plus tard. Le bâtiment s'élève sur l'emplacement de l'ancien couvent des Filles-Saint-Thomas, délimité alors par les rues Feydeau, Notre-Dame-des-Victoires et le passage Feydeau. Brongniart avait régularisé la place et ménagé de nouveaux accès afin d'intégrer la Bourse au tissu urbain et d'en faire un élément d'articulation de la voirie. Plusieurs aménagements prévus par l'architecte ne furent pas réalisés tels quels : l'ordre corinthien remplaça l'ordre ionique prévu, le grand relief fut remplacé par un niveau d'arcades, et l'étage des magasins fut transformé en bureaux. À l'origine, le bâtiment reçut un toit à double pente, modification que Brongniart n'avait pas imaginée, tandis que la grande inscription monumentale de la façade fut bien réalisée. Les gravures de 1814 montrent un monument entouré d'une double rangée d'arbres ; en pratique, seule une double allée longeant le bâtiment fut créée et conservée jusqu'à l'agrandissement de 1902–1903. L'agrandissement réalisé par Cavel en 1903 dota le rectangle originel de deux ailes, transformant l'ensemble en croix grecque ; à la mort de Cavel en 1905, Eustache, premier inspecteur des travaux, lui succéda et termina certaines restaurations. D'autres projets, notamment de Bernier et de Bernier et Azema, n'ont pas été exécutés. L'achèvement par Labarre a aussi modifié la décoration intérieure et les aménagements extérieurs : la décoration monochrome imitée de motifs sculptés fut remplacée par des peintures. Le plafond à caissons avec verrière centrale de la grande salle accueillit des peintures de Charles Meynier et d'Alexandre Denis Abel de Pujol représentant des allégories des villes de France et une frise figurant les différentes bourses d'Europe. La salle du tribunal de commerce, devenue salle de réunion des agents de change, fut aménagée en cinq travées séparées par des pilastres corinthiens ; les portes sont surmontées de bas-reliefs de Caillouette et de Bay, et la voûte a été peinte en grisaille par Vinchon et Blondel. Les décors comprennent par ailleurs des statues et bas-reliefs de Louis-Denis Caillouette et de Jean-Baptiste Joseph De Bay. Inspiré du temple de Vespasien à Rome, le palais est pourvu d'un péristyle de soixante-six colonnes corinthiennes selon certaines descriptions contemporaines, et son intérieur comprend une grande salle, une galerie et de nombreux bureaux. À l'inauguration, le fronton portait l'inscription "Bourse et tribunal de commerce" : le tribunal y tint audience et le lieu abrita aussi la Bourse de commerce qui occupa les locaux à partir de 1885. Un décret impérial de 1856 institua un droit d'entrée perçu par des tourniquets, ce qui fit couler beaucoup d'encre, notamment à propos des contributions quotidiennes exigées de certains acteurs du marché. Au fil du XIXe siècle la Bourse de Paris prit une place internationale, le péristyle servant aux coulissiers et aux négociants de valeurs étrangères. À partir de 1987 les cours au comptant furent gérés informatiquement hors du palais ; le marché à terme y subsista jusqu'en 1998. Géré par Euronext entre 1999 et 2009, le palais fut concédé à GL Events pour trente ans à partir de 2010 et se transforma en lieu de conférences, salons, réceptions et expositions. Il accueillit par ailleurs des initiatives en faveur des start-ups, avec notamment des promotions du programme Le Camping entre 2011 et 2013 et l'ouverture en 2014 d'un nouvel incubateur et espace de coworking, le Planetic Lab. Des expositions photographiques sont régulièrement présentées sur les grilles du palais, comme celle consacrée à la chanteuse Barbara à l'hiver 2017–2018, qui associait photographies, archives et modules vidéo interactifs. Propriété de la Ville de Paris, le palais Brongniart a fait l'objet d'un bail emphytéotique à la Compagnie des agents de change et a été inscrit au titre des monuments historiques en 1987. Ses agrandissements et transformations témoignent, sans le dévaloriser, de l'évolution du goût architectural et du néo-classicisme urbain ; le bâtiment reste l'un des monuments capitaux de Paris pour son intérêt historique et archéologique.