Origine et histoire du Palais de justice
Le Château-Neuf de Laval est une galerie de la Renaissance édifiée pour Guy XVII et dirigée vers 1542 par Jean Garnyer ; elle domine la Mayenne et a été construite en pierre de tuffeau. Conçue comme une promenade privée plus que comme une résidence, la galerie se présente comme un long couloir à deux niveaux, reposant sur une cave voûtée qui s'étend sur toute sa longueur. La travée méridionale côté Mayenne et la façade côté cour respectent les ordres classiques : pilastres ioniques et composites sur la face fluviale, dorique au rez-de-chaussée et ionique à l'étage sur la cour, avec des trumeaux sculptés et des cartouches autrefois armoriés. L'élévation du rez-de-chaussée offre des arcades jumelées en plein cintre et un mur-bahut orné à l'origine de sgraffites ; les arcades géminées du rez-de-chaussée constituent un exemple rare dans l'architecture de la Renaissance française. Le décor sculpté comporte atlantes, putti, figures animales et vases, tandis que des éléments du xixe siècle reprennent la composition des travées du xvie siècle. Au nord se trouvait le pavillon du « cabinet doré » bâti sur la tour de la Poterne, aujourd'hui détruite, et plusieurs pavillons ont été ajoutés ou remaniés aux xviie, xixe et xxe siècles. La ville acquit l'horloge en 1837 et fit édifier son campanile en 1856 ; l'architecte Pierre-Aimé Renous a ensuite réalisé l'aile sud entre 1851 et 1856 et reconstruit le pavillon nord dans les décennies suivantes. L'installation du palais de justice a profondément transformé l'intérieur : la galerie étroite (6,5 m) et longue (53 m) fut cloisonnée en bureaux et les niveaux divisés pour accueillir les services judiciaires, la cour d'assises prenant place dans un pavillon. La façade sur la place de la Trémoille est en pierre de calcaire de taille, le reste de l'édifice étant en moellons enduits ; le campanile est couvert de cuivre. Diverses mutilations anciennes ont affecté la galerie, notamment la réduction des corniches et la suppression du couronnement des fenêtres des combles au début du xixe siècle. Après la Révolution la galerie fut transformée en palais de justice et elle a abrité les tribunaux jusqu'en 1998, date à laquelle les services judiciaires ont déménagé. Les extérieurs ont fait l'objet d'opérations de restauration et l'aile sud a été utilisée comme lieu de stockage, tandis qu'une partie du monument reste étayée en attente d'aménagements intérieurs. Lors des travaux de requalification de la place de la Trémoille en 2012-2013, les grilles et la conciergerie du xixe siècle ont été supprimées pour ouvrir la cour sur l'espace public. La municipalité a exprimé le projet d'y installer un centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine et d'ouvrir le site au public, une réouverture étant envisagée pour 2025. Le Château-Neuf illustre la transition entre l'architecture de la Renaissance et les adaptations ultérieures liées à son usage public, et ses travées restent un témoignage majeur du goût classique cultivé par les comtes de Laval.
