Origine et histoire du Palais de justice
L'ancien palais de justice de Limeray, qui servait de salle d'audience de la prévôté, est implanté dans la commune de Limeray, en Indre-et-Loire, et a été inscrit au titre des monuments historiques en 1968. La localité possédait à l'époque mérovingienne un atelier de monnaie et la prévôté fut érigée en prévôté royale en 1431. L'édifice, d'apparence proche d'une église, présente un plan trapézoïdal long orienté du nord-est au sud-ouest et se distingue par une façade en biais destinée à gagner environ trois mètres de largeur et à renforcer sa monumentalité. Un mur de refend divise le bâtiment en deux espaces inégaux : une grande salle occupe les trois quarts de la surface du côté de la rue et une plus petite partie occupe l'arrière. Les murs gouttereaux sont en petit appareil de tuffeau, renforcés par des blocs de grand appareil aux angles. Une étude du bâti réalisée en 1997 sert de base à la description architecturale, mais elle reste incomplète en raison de l'accès difficile à certaines parties du bâtiment. Le monument a connu au moins cinq phases de construction et de remaniement datant, pour la phase initiale, de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle et, pour les plus récentes, du XXe siècle. La seconde phase a consisté à ménager un mur de refend séparant le tiers arrière ; la troisième a introduit des planchers séparant le rez-de-chaussée d'un étage ; la quatrième a vu la toiture rabaissée au niveau du plancher de cet étage et la destruction de ce dernier ; la cinquième phase correspond à la destruction partielle de l'arrière de l'édifice. La grande salle s'ouvre sur la rue par deux portes, une porte cochère et une autre plus étroite, et comporte deux baies dont l'une est aujourd'hui murée ; toutes les ouvertures sont voûtées en arc brisé. À l'étage, subsistent des vestiges de baies dotées de colonnettes et de chapiteaux mais dépourvues de linteaux. L'intérieur ne montre pas de cloisonnement net : seul le mur de refend, percé d'une porte, sépare la grande salle de l'espace nord‑ouest. La salle a presque toujours été dotée d'un étage dont le niveau a varié au fil du temps, mais l'accès primitif à cet étage reste inconnu avant la pose d'un escalier moderne en métal et bois. Dans le mur sud de la grande salle sont visibles une cheminée et une structure qui pourrait avoir été une chaire pour le prévôt, cette dernière hypothèse restant fragile. La petite salle, désormais à ciel ouvert, comporte un puits aménagé dans l'épaisseur du mur sud et fermé par une double porte en bois, et des traces de décor peint — gris‑bleu et fleurs de lys rouges — ont été mises en évidence, soit in situ soit sur des matériaux de démolition ; à l'étage, la présence d'un évier est attestée. Faute de mentions écrites précises, deux lectures architecturales ont été proposées : l'idée d'une maison polyvalente associant commerce au rez‑de‑chaussée et logis à l'étage est peu privilégiée, tandis que l'interprétation la plus vraisemblable fait du bâtiment un lieu de justice avec une salle d'audience au rez‑de‑chaussée, une salle de délibération à l'étage et le logis du prévôt à l'arrière. À la fin du XVIIIe siècle, la justice fut rendue à Amboise, la salle de justice perdit sa fonction et fut transformée en grange, tandis que le logis arrière devint indépendant.