Origine et histoire du Palais
Le Palais de Justice, associé à la Conciergerie, est situé sur l’île de la Cité dans le 1er arrondissement de Paris et occupe une emprise d’environ quatre hectares. Il entoure la Sainte-Chapelle, est attenant au 36 quai des Orfèvres et voisin du tribunal de commerce, de la préfecture de police et du Barreau de Paris. Il abrite la Cour de cassation, la cour d'appel de Paris et la cour d'assises spéciale, tandis que le Tribunal judiciaire de Paris y était installé avant son déménagement en 2018 vers le nouveau Tribunal de Paris. Issu de la curia regis, le Palais de Justice prend place au sein du Palais de la Cité, résidence des rois de France du Xe au XIVe siècle, dont subsistent la grande salle et sa cuisine, la Conciergerie, la Sainte-Chapelle, plusieurs tours et l’emprise d’anciens bâtiments. Lorsque le roi Charles V transféra sa résidence à l’hôtel Saint-Pol, les institutions judiciaires restèrent à la Cité, notamment le parlement de Paris, la Chambre des comptes et la Chancellerie. Le palais a été frappé à plusieurs reprises par des incendies qui ont détruit ou endommagé des parties importantes : la salle des pas perdus en 1601, la Grand’Salle en 1618 dont la reconstruction fut confiée à Salomon de Brosse, la flèche de la Sainte-Chapelle en 1630, la Cour des comptes en 1737 et un secteur entre la Conciergerie et la Sainte-Chapelle en 1776. La façade principale donnant sur la cour du Mai fut reconstruite en style néo‑classique avec colonnade à la fin du XVIIIe siècle et la grille monumentale ouvragée en fer forgé réalisée par le serrurier Bigonnet date de 1776. Sous la Révolution, le palais hébergea le Tribunal révolutionnaire, remplacé ensuite par le Tribunal de cassation. À partir de la Restauration puis sous la monarchie de Juillet et le Second Empire, l’augmentation des affaires judiciaires entraîna d’importants travaux d’agrandissement et de restauration, menés à partir d’un projet confié à Jean‑Nicolas Huyot puis repris par Joseph‑Louis Duc et Étienne‑Théodore Dommey. Les travaux, modifiés en 1846, se poursuivirent sous Napoléon III et furent illustrés par des sculptures comme celles de Charlemagne et Philippe Auguste réalisées par Henri Lemaire en 1860. Le chantier, presque achevé, fut ensuite ravagé par l’incendie allumé par la Commune en 1871, ce qui entraîna une reprise des travaux confiée après 1879 à Honoré Daumet ; la Conciergerie fut achevée lors de cette reprise et de nouveaux plans furent dressés en 1883. Depuis 1914, le palais n’a pas connu de travaux d’une pareille ampleur, mais il a été transformé au XXe siècle, notamment par la démolition en 1907 des maisons du quadrilatère pour une extension conçue par Albert Tournaire. La façade sud porte encore des impacts de balles de la Libération d’août 1944 et une fissure dans une verrière, visible en 2018, résulte d’un coup de feu tiré en 1975 lors de l’évasion de Jean‑Charles Willoquet. Après les attentats de 1986, des mesures de sécurité modifièrent l’organisation du palais, avec la fermeture de l’accès direct depuis la station de métro Cité. En 2009, le palais restait le centre névralgique de l’ordre judiciaire français en accueillant la Cour de cassation, la cour d’appel de Paris, le tribunal de grande instance alors présent, ainsi que les services du parquet et de nombreux locaux pour les avocats. Le tribunal de grande instance occupait, en plus d’espaces au palais, plusieurs annexes pour des services spécialisés et les avocats disposaient d’environ 4 500 m² de bibliothèques, vestiaires et bureaux. Trois lieux de détention existaient au palais : le « dépôt » sous le contrôle de la préfecture de police pour les personnes à l’issue de la garde à vue, la « souricière » sous la responsabilité de l’administration pénitentiaire comprenant 75 cellules, et un centre de rétention administrative pour les personnes en situation irrégulière ; le palais recevait chaque jour environ 13 000 personnes. La question du déménagement du tribunal de grande instance, discutée depuis la fin des années 1990, aboutit au choix du site des Batignolles et au transfert progressif qui vit l’installation du nouveau Tribunal de Paris en 2018, tandis que la direction régionale de la police judiciaire quitta le 36 quai des Orfèvres pour rester voisine au 36 rue du Bastion. En décembre 2016, un rapport proposa de renforcer l’attractivité culturelle et touristique de l’île de la Cité en transformant la cour du Mai et la Galerie en pôle public reliant la Conciergerie et la Sainte‑Chapelle, avec la couverture de certaines cours par des verrières. La rénovation prévue vise à améliorer l’accueil de la Cour de cassation et de la cour d’appel de Paris : la Cour de cassation doit réinvestir la grand‑chambre et y installer la chambre sociale, avec un calendrier de réhabilitations par quartiers étalé entre 2021 et 2040. Une construction provisoire installée dans la salle des pas perdus après treize mois de travaux en 2020‑2021, et prévue pour être démontée en 2025, a accueilli plusieurs grands procès liés aux attentats, à l’affaire du Mediator et à l’assassinat de Samuel Paty, tandis que le procès des attentats de janvier 2015 s’est tenu en 2020 au nouveau palais. Le Palais de Justice a également servi de lieu de tournage pour de nombreux films, du Clan des Siciliens à J’accuse et Le Comte de Monte‑Cristo, et pour des séries telles qu’Alice Nevers, Boulevard du Palais ou Engrenages.