Origine et histoire
Le palais de la Berbie, ancien château urbain des évêques d'Albi, jouxte la cathédrale Sainte-Cécile et abrite le musée Toulouse‑Lautrec. Construit entre 1228 et 1308, il a été édifié sous trois épiscopats successifs et conçu d'abord comme résidence avant d'être transformé en forteresse. Voulu comme demeure de prestige par Durand de Beaucaire, il devint un ouvrage défensif sous Bernard II et Bernard III, qui l'adaptèrent pour affirmer l'autorité épiscopale. Les aménagements se sont poursuivis du XVe au XVIIIe siècle, ajoutant du confort sans effacer entièrement le caractère militaire. Bâti en brique foraine comme la cathédrale voisine, il forme avec elle un ensemble architectural homogène au cœur de la cité épiscopale. Classé pour sa construction et pour certains éléments intérieurs, il fait partie de la zone inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Saisi lors de la séparation des Églises et de l'État, le palais accueille aujourd'hui le musée Toulouse‑Lautrec et sa collection importante d'œuvres de l'artiste albigeois. Le plan associe tours, courtines, ailes et terrasses organisées autour d'une cour d'honneur et d'un jardin aménagé en terrasse. Les parties médiévales comprennent notamment la massive composition formée par les tours Sainte‑Catherine et Saint‑Michel, des courtines épaisses et des contreforts hémicylindriques. Bernard II renforça les défenses par des voûtes, des mâchicoulis et des galeries ; Bernard de Castanet acheva le donjon et compléta les remparts en créant tours et courtines talutées. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, plusieurs prélats percèrent des ouvertures classiques, dressèrent galeries et terrasses et transformèrent la basse‑cour en jardin à la française. Les intérieurs conservent des décors remarquables : un grand salon du XVIIe siècle à plafond de poutres peintes aux motifs héraldiques, un salon dit de Berbie orné de boiseries sculptées XVIIIe siècle repeintes, et une chapelle Notre‑Dame décorée en stuc peint de goût italien, signée Antonius Lombard Massiliensis et enrichie de toiles de J.P. Rousselet portant les armoiries des archevêques. Une salle basse voûtée présente une cheminée en marbre et un trumeau en boiserie sculptée et dorée sur stuc, avec rinceaux, fleurs et oiseaux. Des pavements médiévaux en carreaux de terre cuite vernissée ont été mis au jour entre 2000 et 2012 dans l'aula, la tour Saint‑Michel et l'aile des Suffragants ; ils révèlent des décors en mosaïque et des motifs héraldiques. Ces découvertes, protégées par des remblaiements anciens, ont conduit à adapter les projets de réaménagement et à intégrer les vestiges au parcours muséal. Les jardins et terrasses, établis sur l'ancienne cour basse, offrent des promenades et des vues sur la rive droite du Tarn et le pont Vieux ; certaines parties sont librement accessibles au public. L'emploi de la brique locale explique la spécificité technique du palais et la possibilité d'élévations épaisses sans recours massif à la pierre taillée. Le palais conserve également des lambris peints du XVIIe siècle représentant des scènes architecturées et des jardins, témoins des aménagements intérieurs anciens. Les fonctions successives du site — résidence, siège du tribunal ecclésiastique, place forte puis musée et site patrimonial — se lisent dans la superposition des états. Les restaurations et réaménagements récents, notamment entre 2001 et 2012, ont restructuré le parcours muséographique, amélioré l'accueil et l'accessibilité et créé des espaces d'exposition temporaires et un auditorium. Des sondages archéologiques restent envisageables, car d'autres vestiges peuvent être masqués sous les planchers et lambris des ailes moins modifiées. Aujourd'hui, la Berbie témoigne de l'évolution d'un ensemble épiscopal mêlant architecture militaire et décors raffinés, au cœur de la cité épiscopale d'Albi.