Origine et histoire du Palais
Le Palais de l'Institut, ancien collège des Quatre-Nations, abrite notamment la Bibliothèque Mazarine et siège de l'Institut de France, institution créée en 1795 pour rassembler les élites scientifiques, littéraires et artistiques afin de perfectionner les sciences et les arts, de développer une réflexion indépendante et de conseiller les pouvoirs publics, ce qui lui vaut le surnom de « Parlement du monde savant ». Placé sous la protection du président de la République, l'Institut est installé quai de Conti, dans le 6e arrondissement de Paris. Il réunit cinq académies dont les réunions solennelles se déroulent en habit vert sous la coupole de l'ancien collège : l'Académie française (40 membres), l'Académie des inscriptions et belles-lettres (55 membres), l'Académie des sciences (250 membres âgés de moins de 75 ans, plus les membres de plus de 75 ans), l'Académie des beaux-arts (67 membres) et l'Académie des sciences morales et politiques (50 membres). Habilité à recevoir legs et donations, l'Institut gère de nombreuses fondations mécènes qui soutiennent la recherche et la création par des prix, bourses et subventions et qui administrent un important patrimoine légué depuis la fin du XIXe siècle.
La création de l'Institut succède à la suppression des académies royales et s'inscrit dans les textes établissant en 1795 et 1796 un organisme chargé de recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences, de publier les travaux et de décerner des prix ; son organisation évolue ensuite à travers plusieurs réaménagements jusqu'à l'établissement de sa configuration actuelle. Le Palais lui-même trouve son origine dans le testament du cardinal Mazarin, qui institue la fondation d'un collège destiné à instruire gratuitement soixante gentilshommes des « quatre nations » ; Colbert confie à Louis Le Vau la conception des plans et la construction, réalisée entre 1662 et 1688, comporte sur sa façade une inscription rappelant la volonté de Mazarin de bâtir l'église et le collège. Après avoir abrité en 1796 une école centrale, le bâtiment devient en 1805, à la demande de Napoléon Ier, le siège de l'Institut de France ; l'architecte Antoine Vaudoyer transforme alors la chapelle en salle de séance des académies. Au XIXe siècle, une aile ajoutée dans la deuxième cour, conçue par Hippolyte Le Bas et inaugurée en 1846, contient deux salles de travail utilisées par les académies, et l'ensemble est classé monument historique depuis 1862.
Des fouilles archéologiques menées en 2015 par l'Inrap, dans le cadre d'un projet d'auditorium, ont mis au jour un tronçon de l'enceinte de Philippe Auguste comprenant un mur de courtine, une tour et un fossé dont une phase remonte au règne de Charles V. Le site est desservi par les stations de métro Pont-Neuf, Louvre–Rivoli et Odéon.
Sur le plan juridique et administratif, l'Institut et ses académies sont constitués en personnes morales de droit public au titre de la loi de 2006 et leur règlement général a été approuvé par décret en 2007. Les organes de l'institution comprennent notamment un chancelier élu pour trois ans par la commission administrative centrale, cette commission étant composée des six secrétaires perpétuels et de deux délégués élus par académie, une assemblée générale réunissant les membres titulaires (l'Académie des sciences déléguant cinquante membres), diverses commissions techniques et spéciales, ainsi qu'un bureau et un président qui se succède annuellement parmi les académies ; le chancelier a autorité sur le personnel, est ordonnateur des recettes et dépenses et représente l'Institut en justice, tandis que la commission administrative centrale adopte le budget et règle l'utilisation des locaux. L'Institut est soumis aux règles de la comptabilité publique, dispose d'un « receveur des fondations » comme comptable public, passe des marchés publics selon le code de la commande publique et fait l'objet du contrôle de la Cour des comptes. Les membres des académies sont élus à vie, l'arrêt d'un mandat n'étant prévu par aucun texte hormis l'annulation exceptionnelle d'une élection par décret présidentiel.
Quatre bibliothèques de recherche dépendent de l'Institut, parmi lesquelles la Bibliothèque de l'Institut, la Bibliothèque Mazarine, la bibliothèque de la Fondation Dosne‑Bibliothèque Thiers et la bibliothèque du musée Condé à Chantilly. De nombreux dons et legs ont constitué des fondations chargées de gérer domaines, châteaux, collections et biens immobiliers ; la plus importante est la fondation d'Aumale, issue du legs d'Henri d'Orléans et comprenant le domaine et le château de Chantilly ainsi que les collections du musée Condé, dont la gestion du château et des grandes écuries a été déléguée en 2005 à la Fondation pour la sauvegarde du domaine de Chantilly. D'autres legs ont donné naissance à des fondations ou à des propriétés gérées par l'Institut, telles que les fondations Siegfried, Thiers, Jacquemart‑André, Edmond de Rothschild, Théodore Reinach, André Bussinger et d'autres donations au profit des académies, comme le château d'Abbadia, la maison de Louis Pasteur à Arbois, le musée Marmottan‑Monet, la villa Ephrussi et la maison de Claude Monet à Giverny.
L'Institut abrite également des fondations externes et coordonne la webradio Canal Académies, créée en 2004 et mise en service en 2005, devenue service de l'Institut en 2019 et dont le site a été modernisé en 2021. L'institution a fait l'objet de critiques publiques, notamment dans un rapport de la Cour des comptes de 2015 qui relève des carences de gestion et un manque de formalisation des règles en matière d'attribution de primes, d'indemnités et de logements de fonction, et l'association Anticor a dénoncé l'attribution de logements à un ancien dirigeant ; des chercheurs ont aussi critiqué la politique de diffusion de l'Académie des sciences, dont les comptes rendus sont toutefois ouverts gratuitement au public depuis le 1er janvier 2020. Enfin, le Palais et sa coupole ont été représentés par plusieurs peintres, parmi lesquels Albert Lebourg, Camille Pissarro et Jean‑François Raffaëlli.