Période
XIXe siècle, 1er quart XXe siècle
Patrimoine classé
Palais délimité au nord par la rue de la Préfecture, à l'est par la rue Saint-Gaëtan, au sud par la rue Alexandre-Mari, à l'ouest par le Palais de Justice, à l'exception des parties classées (cad. KS 55) : inscription par arrêté du 29 juin 1994 - Parties suivantes du Palais : façades et toitures ; passage cocher, escalier d'honneur et totalité de l'appartement du premier étage, avec leur décor, dans le corps principal affecté à la préfecture ; escalier central et sa cage, vestibule et salle des séances, avec leur décor, dans l'aile est affectée au conseil général (cad. KS 55) : classement par arrêté du 3 septembre 1996
Origine et histoire du Palais de la Préfecture
Le palais de la Préfecture, ancien palais des rois de Sardaigne, situé dans le Vieux-Nice, abrite aujourd'hui la préfecture des Alpes-Maritimes et la résidence du préfet. Jusqu'au rattachement du comté de Nice à la France en 1860, il fut la résidence des ducs de Savoie puis des rois de Piémont-Sardaigne. Construit à partir du milieu du XVIe siècle comme palais ducal, il a été profondément transformé aux XVIIe, XIXe et XXe siècles ; seuls le passage cocher et l'escalier d'honneur, édifiés par Jean-Antoine Scoffier en 1818, subsistent de l'édifice originel. Les premières campagnes de travaux mentionnées concernent la période 1571–1573 sous la direction de Cesare Ponsello, avec l'aménagement du jardin et la création d'un canal d'irrigation ramenant des eaux du Paillon. Le palais fut ensuite reconstruit et agrandi sous Charles-Emmanuel Ier, formant une bâtisse massive attestée sur une vue de 1610 et partiellement inaugurée en 1613, puis élargi au milieu du XVIIe siècle. Au XVIIIe siècle, les souverains de Sardaigne achetèrent une partie du couvent des Dominicains pour accroître la capacité du palais ; Bernardo Spinetta dessina en 1738 une porte d'accès au Boschetto. Après le saccage de 1792, le palais servit d'hôpital militaire pendant plusieurs années et le jardin ainsi que le couvent disparurent en 1796. En 1814, lors de la restauration sarde, Victor-Emmanuel Ier confia à Scoffier l'harmonisation de la façade, la reconstruction du vestibule et de l'escalier d'honneur ; ces travaux s'étendirent de 1818 à 1825 et les appartements royaux furent dotés de mobilier prélevé dans les palais de Turin et de Gênes. La remise officielle du comté de Nice au gouvernement de Napoléon III eut lieu dans les salons du palais le 14 juin 1860. Par décret du 21 novembre 1860, la résidence royale devint le siège de la préfecture des Alpes-Maritimes et fut progressivement adaptée pour réunir fonctions administratives, résidentielles et de réception. De 1862 à 1910, de larges campagnes de transformation furent menées pour en faire un lieu de représentation : Sabatier agrandit l'édifice vers l'est et l'ouest entre 1862 et 1869, puis la démolition de l'ancien couvent en 1892 permit de nouveaux empiètements vers l'ouest. La salle des fêtes fut dessinée entre 1892 et 1896 d'après les plans d'Auguste Dieudé-Défly et sous la direction de Lucien Barbet ; la sculpture "Nice se donnant à la France" est due à Henri Lombard et les peintures à Henri Leriche et Matton. La façade nord fut reprise en 1892-1893 ; de 1905 à 1908 Lucien Barbet mena l'agrandissement sud-est, édifia une nouvelle façade devant l'ancienne et remania entièrement l'aile est, permettant l'aménagement de la galerie Jules-Chéret et de la salle du Conseil général avec un escalier décoré par Martin-Sauvaigo. La grande galerie est ornée de toiles marouflées sur le thème du Carnaval et des fêtes niçoises réalisées par Jules Chéret entre 1906 et 1908 ; la décoration de la salle des fêtes illustre l'éclectisme stylistique de la Troisième République. L'aile ouest comprend un jardin d'hiver ; après les transformations fin XIXe–début XXe siècle, seuls le vestibule et l'escalier d'honneur rappellent l'ancien palais ducal. La salle à manger fut aménagée en 1958-1959 par Jansen dans un style qualifié "à la vénitienne" et, en 1960, le général de Gaulle y séjourna et présida un dîner de gala à l'occasion du centenaire de l'annexion. Les services administratifs furent ensuite transférés vers la plaine du Var, les derniers départs datant de 1983, mais le palais resta la résidence du préfet et du président du conseil général et un lieu de cérémonies officielles. La salle à manger accueillit la signature du traité de Nice en février 2001 en présence du président Jacques Chirac et du Premier ministre Lionel Jospin, et le palais a également servi pour l'ouverture du sommet Russie‑Union européenne le 14 novembre 2008. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 29 juin 1994 et partiellement classé le 3 septembre 1996 ; la protection porte notamment sur le passage cocher, les façades et toitures, l'escalier d'honneur, l'appartement du premier étage et plusieurs espaces du conseil général. Construit en pierres enduites, le palais se reconnaît à sa façade à fenêtres à colonnes ; la décoration intérieure associe sculptures, peintures et toiles marouflées qui témoignent des différentes campagnes de décor. Parmi les éléments remarquables figurent la statue "Nice se donnant à la France", des décors d'armoiries, le plafond de la salle des fêtes et la vue depuis le balcon sur le cours Saleya. Aujourd'hui, le palais demeure le siège de la préfecture des Alpes-Maritimes, la résidence du préfet et du président du conseil général, et il continue d'accueillir réceptions et cérémonies officielles.