Origine et histoire
Le palais des ducs et des États de Bourgogne à Dijon rassemble des bâtiments de périodes et de styles différents, du gothique flamboyant au classique des XVIIe‑XVIIIe siècles, le tout en bon état de conservation. La partie la plus ancienne remonte aux XIVe–XVe siècles : le logis ducal visible depuis la place des Ducs, les cuisines ducales de la cour de Bar et deux tours remarquables, la tour de Bar et la tour dite Philippe le Bon. L’essentiel des façades actuelles a été élevé aux XVIIe et surtout XVIIIe siècles, avec la création de la place royale — aujourd’hui place de la Libération — tandis que la façade du musée des Beaux‑Arts, sur la place de la Sainte‑Chapelle, date du XIXe siècle et remplace la chapelle détruite en 1802. Classé parmi les monuments historiques dès la liste de 1862 et par arrêté de 1926, l’ensemble illustre près d’un millénaire de vie politique à Dijon et abrite aujourd’hui la mairie, le musée des Beaux‑Arts, les archives municipales et l’office du tourisme.
Le duché de Bourgogne est mentionné comme fondé vers 880 par Louis III et Carloman II ; Richard II y est nommé marquis puis premier duc. À partir de 1365, Philippe le Hardi entreprend la reconstruction du palais sur l’ancien château ducal, poursuivie par ses successeurs ; la campagne comprend notamment une façade flamboyante, le logis ducal élevé entre 1448 et 1455, une grande salle de fêtes et des cuisines organisées pour de vastes banquets. La tour de Bar, construite vers 1365 par Belin de Comblanchien, comporte de vastes salles et a servi de prison pour René d’Anjou au XVe siècle.
La Sainte‑Chapelle, chapelle princière décorée par l’atelier de Claus Sluter et dotée d’œuvres peintes confiées à Arnoul Picornet, reçut une relique en 1454 et devint le lieu de l’Ordre de la Toison d’or ; elle fut détruite en 1802 pour permettre la construction d’un théâtre. La grande salle du logis ducal, appelée salle des Gardes, occupe le premier étage et a conservé sa tribune musicale et une cheminée monumentale remaniée après l’incendie de 1503 ; elle communique avec la tour de Bar et les appartements. La tour dite Philippe le Bon, haute de 46 mètres et érigée au XVe siècle, domine la ville ; ses étages supérieurs aménagés, son escalier richement décoré et la colonne hélicoïdale qui termine la structure témoignent de l’art du détail gothique.
Les grandes cuisines, rebâties en 1433, forment une salle carrée dont trois murs sont percés de vastes cheminées doubles et qui était prolongée par des locaux de stockage et une cour avec puits ; une partie de cet ensemble a disparu en 1853. Après la mort de Charles le Téméraire, le palais devient « Logis du Roi » et, intégré au domaine royal, sert de résidence aux gouverneurs de la province ; il accueille à partir de 1679 les États de Bourgogne. Organisé autour de trois cours — la cour d’Honneur ouvrant sur la place de la Libération, la cour de Flore à l’ouest et la cour de Bar à l’est — le palais connaît d’importantes restructurations classiques aux XVIIe et XVIIIe siècles, conduites notamment par Jules Hardouin‑Mansart et par Jacques Gabriel, qui a réalisé l’escalier d’honneur et la chapelle des Élus.
La place royale, conçue comme un écrin pour une statue équestre de Louis XIV, fut organisée par Mansart et dotée d’un hémicycle d’arcades ; la statue, commandée à Étienne Le Hongre, fut inaugurée en 1725 mais brisée pendant la Révolution. Les transformations révolutionnaires et le partage des lieux sous le Premier Empire modifièrent affectations et usages : le palais devint « Maison nationale », accueillit tribunaux et administrations, puis la ville acquit progressivement des parties pour y installer la mairie au XIXe siècle. L’École de dessin fondée par François Devosge en 1765 donna naissance au musée des Beaux‑Arts, ouvert au public après la Révolution, et la présence des tombeaux de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur, installés en 1827 dans la salle des Gardes, renforça le lien du musée avec l’histoire régionale.
Rénové et agrandi entre 2008 et 2012, le palais offre aujourd’hui de nouveaux espaces muséographiques et d’accueil pour le public, avec près de 150 000 visiteurs par an et environ 5 000 m² accessibles. Parmi les ducs qui firent l’histoire du lieu figurent Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire, dont l’action et les commandes artistiques ont profondément marqué l’ensemble.