Origine et histoire du Palais du Grabatoire
Le Palais du Grabatoire, couramment appelé Grabatoire ou hôtel du Grabatoire, est l'actuelle demeure épiscopale de l'évêque du Mans. Cet ancien palais canonial a été construit dans la première moitié du XVIe siècle pour Jean de Couthardy et se situe dans le quartier de la Cité Plantagenêt, face à la porte ouest de la cathédrale Saint-Julien, place du Cardinal Grente. Monument d'une taille peu commune, il reste pourtant peu documenté et figure parmi les édifices les moins connus de la ville. Le Grabatoire est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1927.
Élevé à partir des années 1520 pour un membre du Chapitre Saint-Julien, sa construction, étirée sur plus de vingt ans, a pu s'achever grâce à une transaction du 30 décembre 1542 entre Anselme Taron, héritier de Jacques de Courthardy, et le chapitre ; la pleine propriété fut acquise l'année suivante. Dès son achèvement, la maison canoniale fut louée au chanoine M. de Quincé contre un loyer annuel. Après le sac de la cathédrale en 1562, une salle capitulaire y fut installée, et en 1567 ses greniers servirent au stockage de grains pour le ravitaillement de la ville. Divers chanoines et dignitaires s'y succédèrent : Anselme Taron s'y installa en 1572, puis Étienne Roy, qui y mourut en 1579. En 1585 la ville devint locataire et y logea le gouverneur de la province. En 1612 le maréchal de Lavardin y reçut le jeune Louis XIII et sa mère Marie de Médicis, cette dernière y ayant été hospitalisée. Après le passage de plusieurs gouverneurs, qui laissèrent parfois le bâtiment en mauvais état, la ville dut rembourser des sommes au chapitre. Lorsque le fils du duc de Tresmes renonça à s'installer, le chapitre y relogea deux de ses membres jusqu'en 1791.
À la Révolution, le Grabatoire fut divisé en deux parties : le fond de la cour, occupé par le chanoine Fay, et le pavillon principal où résidait Jean-Charles de la Briffe-Ponsan. La partie occupée par Fay fut vendue comme bien national le 13 août 1791 pour 6 250 livres à Guy-Jean-François Martigné, notaire au Mans ; le pavillon fut acheté par le même notaire le 7 novembre 1791 pour 7 000 livres. Le 24 septembre 1794 Martigné céda l'édifice au chanoine Fay, qui en fit don le 21 mars 1795 à François Lambert, proche parent et ancien avocat.
Le logis resta longtemps inachevé, les lucarnes prévues n'ayant pas été réalisées au XVIe siècle. L'abbé Bruneau, qui acquit l'édifice en 1895, fit édifier deux lucarnes à croisée et de petits clochetons à la naissance du toit de la grosse tourelle, et fit adosser un appentis achevé en terrasse au grand pignon nord. L'ensemble fit l'objet d'une restauration en 1906-1907 au cours de laquelle les enduits anciens furent remplacés par un rejointoiement qui ne respectait pas l'esprit originel de l'hôtel. Une restauration menée en 2014 sous la maîtrise d'œuvre de l'Architecte du Patrimoine Laurent Cohin a rétabli un enduit conforme aux dispositions primitives.
Architecturalement, le bâtiment comprend un grand pavillon à deux étages prolongé vers l'ouest par une aile moins élevée et terminé par un pignon aux rampants assisés. En retour d'équerre vers le nord se trouve un corps de bâtiment plus bas, lui aussi pourvu de pignons aux rampants assisés. Deux tourelles polygonales renferment les escaliers desservant les étages de cette double habitation. La façade du pavillon est percée de trois fenêtres superposées, disposition reprise sur la façade en retour sur la cour qui comporte en outre deux ouvertures latérales ; celle du premier étage date de la fin du XVIe siècle, celle du second est contemporaine des travaux de restauration du début du XXe siècle. À l'origine, toutes les fenêtres étaient équipées de croisées en pierre ; disparues au XVIIIe siècle, elles furent restituées lors des travaux du début du XXe siècle.