Origine et histoire du Palais du Parlement de Bretagne
Le Palais de Justice, connu historiquement comme le palais du Parlement de Bretagne, est un édifice classique situé à Rennes (Ille‑et‑Vilaine), au 6 place du Parlement‑de‑Bretagne. Le siège du Parlement avait été fixé à Rennes en 1561 et l'emplacement du palais fut choisi en 1611 ; les plans furent commandés à Germain Gaultier en 1615 et les travaux commencèrent en 1618. Le projet fut ensuite modifié par Salomon de Brosse et le bâtiment, dont la décoration intérieure fut confiée à Charles Errard avec des peintures de Noël Coypel, Jean‑Baptiste Jouvenet et Louis‑Ferdinand Elle, fut progressivement achevé au cours du XVIIe siècle. Le Parlement siégea dans ce palais jusqu'à sa dissolution en février 1790, à l'exception de son exil à Vannes entre 1675 et 1689 ; l'édifice devint la cour d'appel de Rennes en 1804. Situé dans le secteur sauvegardé du centre‑ville, le palais s'ouvre au sud sur la place du Parlement‑de‑Bretagne, encadré par la rue Hoche et la rue Salomon‑de‑Brosse, et constitue un symbole fort de la ville. Sa construction, entreprise après la progressive ouverture de la ville hors de ses remparts, s'est élevée sur le placis Saint‑François, un site anciennement occupé par un cimetière et des jardins conventuels. Le chantier connut plusieurs interruptions pour raisons financières et sanitaires et passa entre les mains de divers maîtres d'œuvre ; les parlementaires s'y installèrent en 1655, tandis que l'achèvement des décors intérieurs se prolongea jusqu'en 1709. Le grand incendie de Rennes en 1720, qui entraîna la reconstruction du centre‑ville, a favorisé la création d'une place royale dessinée par Jacques Gabriel en 1726, moment où il fit aussi modifier la façade du palais et remplacer l'escalier extérieur par un grand escalier intérieur. Le palais a subi d'autres remaniements au XIXe siècle, des restaurations sous le Second Empire et une campagne de restauration menée par Jean‑Marie Laloy à la fin du siècle ; il a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 26 décembre 1883. Le 4 février 1994, lors d'une manifestation de marins‑pêcheurs, une fusée éclairante traversa les ardoises et déclencha un incendie qui détruisit partiellement la toiture, endommagea plusieurs salles et détruisit des milliers de documents ; l'intervention des pompiers permit de sauver la plupart des œuvres et tapisseries. En novembre 1994 la décision fut prise de reconstruire l'édifice à l'identique ; les travaux, engagés deux ans plus tard, ont duré trois ans et ont fait l'objet de montants diversément évalués dans les sources (35 millions d'euros selon l'une d'elles, ou 54,88 millions d'euros avec répartition détaillée). L'édifice est composé de quatre corps de bâtiments reliés par quatre pavillons d'angle autour d'une cour intérieure ; la circulation principale s'effectue par des galeries sur cette cour, construite en brique et tuffeau. La façade principale, rectangulaire et organisée en sept travées flanquées de pavillons saillants, présente un soubassement de granit à bossages, un étage en calcaire orné de pilastres doriques et de hautes baies en plein cintre, ainsi qu'une frise alternant triglyphes et métopes ornées d'hermines, du chiffre de Louis XIV et de la balance de la Justice. Le portail central est encadré de bas‑reliefs et surmonté d'un balcon et d'un attique comprenant un cadran solaire et un tympan portant les armoiries du Royaume de France ; l'ensemble est coiffé d'un comble d'ardoise à forte pente. Le toit, désormais couvert par une charpente métallique après la restauration post‑1994, conserve une galerie de faîtage en plomb mêlant emblèmes bretons et français pour symboliser l'union entre la Bretagne et la France ; quatre statues dorées installées en 1881 représentent la Loi, la Force, l'Éloquence et la Justice. La cour intérieure compte dix‑huit arcades de granit au rez‑de‑chaussée et une galerie de brique et de pierres blanches à l'étage ; c'est là que l'escalier principal fut reporté par Gabriel en 1726. Le rez‑de‑chaussée, originellement destiné aux communs et aux cachots, est peu décoré, tandis que l'étage noble réunit les salles les plus richement ornées. La salle des pas‑perdus, entièrement refaite après 1994, est une vaste salle voûtée ornée d'un médaillon central représentant les armoiries du royaume et de la Bretagne entourées de génies et de symboles; elle sert aujourd'hui surtout de lieu de passage. La Grand'Chambre est la pièce la mieux conservée : son plafond à caissons et son décor peint, dessinés par Charles Errard et exécutés par Noël Coypel dans les années 1660, offrent un programme allégorique centré sur la Justice et Minerve, complété par tapisseries historiques dont une partie a été sauvée et une autre détruite lors d'un incendie ultérieur en 1997. D'autres salles remarquables présentent des plafonds peints par Jean‑Baptiste Jouvenet, des décors de Louis‑Ferdinand Elle et des peintures du XIXe siècle par Félix‑Armand Jobbé‑Duval ; l'ensemble conserve cheminées, horloges et mobilier classé au titre des monuments historiques, dont une quinzaine d'objets, au moins quatre ayant été détruits en 1994. Le palais accueille des visites sur réservation, figure parmi les principaux sites touristiques de Rennes avec plus de 30 000 visites en 2003, et abrite des manifestations culturelles : une association régionale (ARAP) créée en 1999 en organise l'animation et facilite l'accès du public tout en présentant la justice et son fonctionnement. Il sert également à des événements contemporains : concours de plaidoirie, tournages de cinéma, expositions, et il a été évoqué dans plusieurs chansons ainsi que reproduit sur des timbres‑poste illustrant sa façade.