Origine et histoire du Palais Ducal
Le Palais ducal de Nevers, château des XVe et XVIe siècles situé à Nevers (Nièvre), est classé au titre des monuments historiques par la liste de 1840. Perché sur la butte qui domine le centre de la vieille ville, il est considéré comme le premier des châteaux de la Loire ; sa large façade Renaissance, encadrée de tourelles polygonales, donne sur la place de la République et un vaste parc. Édifié pour Jean de Clamecy en lieu et place d’une ancienne forteresse, l’édifice conserve deux grosses tours postérieures, les plus anciennes, datant du XVe siècle, tandis que la famille de Clèves le remania au XVIe siècle en y ajoutant notamment le splendide escalier d’honneur logé dans la tourelle centrale. On note une harmonie de proportions entre la façade ocre et les toitures d’ardoise ; depuis le château, une longue esplanade bordée d’arbres s’étire jusqu’aux bords de la Loire qu’elle surplombe, offrant un joli panorama. Héritière du dernier duc de Nevers, Mme de Cossé-Brissac vend le palais et ses dépendances à la ville et au département en 1810 ; le bâtiment est alors partagé entre la mairie et le tribunal de justice. En 1850, la municipalité s’installe dans un nouvel hôtel de ville conçu par Paillard et la justice occupe désormais la totalité du palais, qu’elle transforme profondément pour répondre à ses besoins fonctionnels ; la distribution intérieure et la décoration des salles sont remaniées, ainsi que la façade, qui, entièrement restaurée et rapprochée de son état primitif, reçoit des sculptures conçues par François Jouffroy. À la fin des années 1970, la ville propose le transfert du palais de justice dans l’ancien palais épiscopal et lance un nouveau programme de restauration visant à conserver la distribution du XIXe siècle tout en ajoutant un escalier monumental à l’extrémité ouest et une entrée latérale réalisée avec des matériaux contemporains associés aux décorations antérieures. Restauré sur ordre de Pierre Bérégovoy dans les années 1980, le palais abrite aujourd’hui l’hôtel de ville (bureau du maire et salle des conseils), une partie de l’office de tourisme, des salles d’expositions et de réception, une exposition permanente sur l’histoire et les atouts de la ville (Formule 1, faïence, etc.) ainsi qu’un aquarium consacré aux poissons ligériens. Des fouilles menées pendant la restauration, principalement en 1988, ont mis au jour de nombreuses pièces d’artillerie ; l’une d’elles, une pièce du XIVe siècle dite « chambre à poudre de veuglaire », est conservée au dépôt archéologique municipal de Nevers et constitue une pièce unique en France. Le 4 mai 1993, devant le Palais ducal, le président de la République François Mitterrand prononça l’éloge funèbre de Pierre Bérégovoy, discours resté célèbre pour cette phrase : « Toutes les explications du monde ne justifieront pas qu'on ait pu livrer aux chiens l'honneur d'un homme et finalement sa vie au prix d'un double manquement de ses accusateurs aux lois fondamentales de notre République : celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre-nous. »