Origine et histoire du Palais épiscopal
Le palais épiscopal, adossé au flanc ouest de l'ancienne cathédrale de Mirepoix, est un édifice de deux étages en pierre de taille, bâti au début du XVIe siècle par l'évêque Philippe de Lévis sur des constructions médiévales. Installé définitivement à Mirepoix en 1497, Philippe de Lévis acheta la « sacrestennerie » au chapitre et fit édifier une première maison qu'il jugea bientôt insuffisante ; il la fit alors agrandir et rebâtir « tout à neuf de pierre de taille ». Un marché conservé, passé avec le maître-maçon Georges Terrer en janvier 1520, précise des travaux tels que le rehaussement d'un mur entre l'église et la chambre de l'évêque, l'installation d'une cheminée, la création d'une galerie et d'un cabinet à cul-de-lampe et l'établissement des fondations d'un escalier. Il est aujourd'hui difficile de distinguer nettement les deux campagnes de travaux, mais le bâtiment présente à la fois des caractères gothiques et un escalier entièrement Renaissance, qui témoigne de remaniements importants. L'appartement du prélat communiquait directement avec l'oratoire logé au-dessus du portail de la cathédrale, la chapelle Sainte-Agathe, ouverte sur la nef et dotée d'un carrelage en faïence peinte figurant un labyrinthe. À l'intérieur du palais, la chapelle sur deux niveaux est voûtée d'ogives comparables à celles des chapelles palatines des XIVe et XVe siècles. Les voûtes du rez-de-chaussée, les profils d'arcs et les modénatures à baguettes croisées des fenêtres forment un ensemble cohérent ; en revanche l'escalier, de pure inspiration Renaissance et décoré à l'italienne avec de nombreux culs-de-lampe, apparaît distinct. G. Leblanc et B. Tollon ont proposé d'attribuer cet escalier au sculpteur et architecte toulousain Jean Rancy, qui se qualifie de « tailleur d'images » dans une requête de 1543 et indique avoir travaillé pour Philippe de Lévis pendant environ neuf ans. Le palais resta inachevé à la mort de Philippe de Lévis en 1537 et fut, par la suite, délaissé au profit du château de Mazerettes. Un inventaire de 1556 décrit les salles : au rez-de-chaussée la « chapelle neuve », la prison, le cellier, une salle basse, la cuisine et des dépendances ; à l'étage des pièces donnant sur une galerie ; au second étage la salle haute, la chambre haute, une étude et un cabinet. En 1723, l'évêque Jean-François Boyer obtint des fonds du conseil du roi pour construire un escalier en pierre et effectuer des réparations indispensables, et fit édifier l'aile en retour au nord dont l'escalier monumental a depuis disparu. Pendant la Révolution, le palais fut occupé par le Directoire du district, transformé en grenier public puis vendu comme bien national en 1795 ; il fut racheté par le duc de Lévis-Mirepoix, qui fit démonter plusieurs cheminées pour les remonter au château de Léran. Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, des réaménagements souvent maladroits affectèrent l'édifice : fermeture des arcades de la cour nord avec création de portes néo-gothiques, restauration de la chapelle et démontage de cheminées ; la date de 1888 figure sur le portail en ferronnerie de la cour. Le palais a ensuite servi d'école pour filles puis de musée « Patrimoine et Traditions » (fermeture dans les années 2010) et fait l'objet de projets de réhabilitation. Un bail emphytéotique de 50 ans signé fin 2019 entre le diocèse et la municipalité a permis d'entamer la réfection de la toiture et prépare, dans le cadre du label Pays d'art et d'histoire, l'accueil d'un centre d'interprétation de l'architecture et du patrimoine prévu en 2023. Le palais est classé au titre des monuments historiques depuis le 2 juillet 1999. L'édifice mérite une étude complète : des observations réalisées lors de travaux permettraient de préciser sa chronologie et ses dispositions d'origine.