Origine et histoire
Le Palais Rameau est un édifice lillois aux dimensions monumentales, initialement conçu pour accueillir des expositions horticoles grâce à la donation de l’agronome Charles Rameau. Construit entre 1875 et 1879 par les architectes Auguste Mourcou et Henri Contamine, il reprend des formules architecturales développées dans les décennies précédentes et s’affirme par une structure métallique inscrite de manière originale dans l’urbanisme du XIXe siècle. Son architecture, discrètement néo‑mauresque, associe une alternance de briques et de pierres blanches à des motifs d’orientalisme ; la façade est surmontée de deux clochetons et prolongée par une serre horticole circulaire en fonte. Le fronton est l’œuvre d’Albert d’Arc et les bas‑reliefs des Saisons sont signés du sculpteur Cordonnier.
Officiellement inauguré le 22 juin 1879, le Palais a accueilli de nombreuses expositions florales et manifestations horticoles, mais aussi des événements très variés — concerts, expositions canines, félines et avicoles, banquets et manifestations artistiques — ce qui a fait évoluer sa vocation initiale. L’exposition d’art industriels tenue en 1882 y a rencontré un retentissement national. À la fin de 1897 s’y déroula l’élection d’une Muse lilloise destinée au cortège en hommage au poète Alexandre Desrousseaux, cérémonie à laquelle assista le compositeur Gustave Charpentier.
De 1930 à 1960, le Palais a servi aussi de lieu d’examens scolaires, et en 1945 il a hébergé des prisonniers revenant d’Allemagne. Le 28 juin 1948 s’y tint le procès de cinq agents de la Gestapo de La Madeleine, qui aboutit à quatre condamnations à mort et un acquittement ; le 9 décembre 1949, le tribunal militaire de Lyon accorda des circonstances atténuantes à deux des condamnés à mort, transformant leurs peines en travaux à perpétuité. En 1953, les bulbes qui surmontaient l’édifice furent remplacés par des pyramidions.
Classé monument historique en 2002, le Palais Rameau a été partiellement rénové à l’occasion de Lille 2004. Il accueille périodiquement des manifestations ; depuis 2015 s’y tient chaque année le salon Solid’Art, organisé sous l’égide du Secours Populaire français. Dès 2021, des travaux portés par l’ensemble étudiant Junia ont été engagés pour transformer le Palais en un incubateur dédié à l’agriculture et à l’alimentation de demain, avec des espaces de recherche, d’expérimentation, de production et de sensibilisation. Le site est desservi par les stations de métro République — Beaux‑Arts et Rihour.
