Origine et histoire du Palais Rihour
Le Palais Rihour, situé au 42 place Rihour à Lille, est le vestige d’un palais du XVe siècle édifié par les ducs de Valois-Bourgogne ; la salle des gardes abrite aujourd’hui l’office de tourisme et l’édifice est classé monument historique en 1875. En 1450 Philippe le Bon engagea des négociations avec la ville et obtint une subvention de 6 000 livres sur quatre ans ; en 1453 le terrain dit de la manse de Rihout fut acquis et les travaux, menés d’après les plans d’Evrard de Mazières, s’achevèrent vingt ans plus tard sous Charles le Téméraire. Le palais originel formait un quadrilatère de quatre ailes inégales autour d’une cour d’honneur, mais le terrain marécageux et la mauvaise qualité de la pierre de Lezennes, ainsi que l’usage massif de la brique contre la volonté du duc, provoquèrent des désordres et des réparations précoces. Pendant quelques décennies une barrière en bois ornée de onze statues héraldiques rythmait l’entrée ; l’empereur Charles-Quint y séjourna. Racheté 90 000 florins par la ville au roi d’Espagne en 1664 pour servir de maison de ville, le palais remplaça la halle échevinale située sur la Grand’Place, disparue lors du percement de la rue Faidherbe. Plusieurs incendies endommagèrent les ailes nord, ouest et sud-est ; l’aile nord fut reconstruite après un feu survenu à l’occasion d’un bal nocturne, l’aile ouest restaurée dans le style Louis XIV, et une restauration partielle eut lieu en 1733, tandis qu’un beffroi fut élevé en 1826. Le palais fut démoli en 1846 puis reconstruit jusqu’en 1857 dans un style néo-renaissance par Charles Benvignat, la tour-beffroi de 1826 ayant été alors supprimée. La chapelle du XVe siècle, conservée à l’arrière, et l’escalier d’honneur furent préservés : l’escalier fut déplacé pierre par pierre et pivoté de 90° devant la chapelle. C’est au palais qu’eut lieu la première représentation de la cantate d’Hector Berlioz, Le Chant des chemins de fer. La nuit du 23 au 24 avril 1916 un incendie, parti du deuxième étage alors que le bâtiment servait de mairie, causa d’importantes pertes : les pompiers, retardés par le couvre-feu et gênés par une faible pression d’eau, sauvèrent les services financiers et la salle du Conclave mais les archives municipales du XIXe siècle et une partie des collections de la bibliothèque furent détruites. Après le sinistre, les services municipaux furent relogés successivement boulevard de la Liberté, à la préfecture, puis en avril 1918 rue Gambetta et dans des locaux d’enseignement catholique, avant la construction du nouvel hôtel de ville (1924–1932) par Émile Dubuisson. Le palais fut alors rasé à l’exception de la chapelle et de l’escalier du XVe siècle, ainsi que de quelques arcades de briques du XIXe siècle ; en 1929 le Monument aux Morts d’Edgar Boutry et Jacques Alleman fut érigé devant ces vestiges. Les éléments survivants — escalier d’honneur, chapelle et salle des gardes — présentent un gothique tardif caractérisé par des fenêtres à meneaux, une tourelle octogonale abritant un escalier en vis, et des voûtes d’ogives élancées dans la salle des gardes. La chapelle, dite salle du Conclave, a servi de lieu de justice et fut décorée de cinq tableaux monumentaux d’Arnould de Vuez dont les œuvres ont disparu ; leurs esquisses peintes sont conservées et exposées au musée de l’Hospice Comtesse. Plusieurs grandes caves voûtées d’ogives du palais se trouvent sous la place. En 2004, année où Lille fut Capitale européenne de la culture, le Palais Rihour accueillit une exposition d’œuvres de Victor Vasarely et son clocheton fut reconstruit. La salle des gardes abrite actuellement l’office de tourisme de Lille, tandis que la salle du Conclave, voûtée sur croisées d’ogives et à nef unique, accueille des expositions temporaires ; elle avait également servi de salle de réunion au Magistrat à partir de 1684.