Origine et histoire du Palais Rohan
Le palais Rohan se situe dans le centre-ville de Strasbourg, à côté de la cathédrale, et abrite aujourd’hui trois musées : les Arts décoratifs, les Beaux‑Arts et le Musée archéologique. Il est classé au titre des monuments historiques depuis le 20 janvier 1920. Bâtiment du XVIIIe siècle, il a été construit entre 1732 et 1742 par l’architecte Robert de Cotte pour le prince‑évêque Armand‑Gaston‑Maximilien de Rohan afin de remplacer le précédent palais épiscopal. Il est édifié dans le style classique, devenu en vogue après la conquête française de Strasbourg. Dès 1704, Armand‑Gaston‑Maximilien de Rohan acquiert plusieurs immeubles proches de la cathédrale et, en 1727, fait démolir les anciens bâtiments sur les bords de l’Ill pour lancer la construction du nouveau palais. Robert de Cotte réalise les plans ; Laurent Gourlade conduit les travaux avant d’être remplacé par Joseph Massol. Les bâtiments, commencés en 1732, sont achevés dix ans plus tard. Pendant la Révolution française, le palais sert de lieu de détention. Le 21 décembre 1794, l’École impériale du Service de santé militaire de Strasbourg ouvre solennellement et tient ses cours au palais Rohan ; après la défaite de 1870, l’école est transférée à Lyon. Après l’annexion allemande, le palais accueille les cours de la Kaiser‑Wilhelms‑Universität de 1872 jusqu’à l’ouverture du nouveau Palais universitaire en 1884. Le palais a aussi été le cadre d’événements récents, comme la rencontre entre les présidents Nicolas Sarkozy et Barack Obama le 3 avril 2009. En 2015, la terrasse a accueilli, du 26 juin au 29 novembre, les œuvres des lauréats du concours Verre et Architecture dans le cadre de la Biennale Internationale du Verre. Il porte le nom de « palais Rohan » en référence aux quatre prince‑évêques de la famille de Rohan qui se sont succédé au diocèse de Strasbourg au XVIIIe siècle : le cardinal Armand‑Gaston‑Maximilien de Rohan, Armand de Rohan‑Soubise, le cardinal Louis‑Constantin de Rohan et le cardinal Louis‑René de Rohan. L’approche se fait par un grand portail monumental surmonté de statues représentant la Clémence et la Religion, qui ouvre sur la cour d’honneur. La cour donne sur des bâtiments administratifs et utilitaires et mène au corps principal à deux étages, dont le rez‑de‑chaussée était réservé à l’évêque et l’étage à son personnel. La façade principale, côté Ill, présente dix‑sept axes et un corps central rythmé par quatre colonnes engagées surmontées d’un fronton triangulaire ; à l’ouest, une grande bibliothèque à baie appareillée rompt la symétrie. La façade sur cour, plus intime, est animée de pilastres, tandis que deux courtes ailes en retour abritent les vestibules d’entrée. Au nord, face à la cathédrale, un portail monumental à colonnes s’ouvre entre deux pavillons d’angle somptueux. Le coût estimé de l’ensemble est d’un million de livres, le mobilier étant évalué à trois cent mille livres. Les grands appartements, orientés au sud vers la terrasse sur l’Ill, constituent des appartements de parade réservés au roi ou aux hôtes que le cardinal recevait en son nom ; ils comprennent la salle du synode, le salon des évêques, la chambre du roi, le salon d’assemblée, la bibliothèque, ainsi que des œuvres comme un buste du cardinal par Edmé Bouchardon et l’autel de la chapelle. Les petits appartements, orientés au nord sur la cour d’honneur, forment la suite épiscopale et comprennent les pièces principales, des garde‑robes, des lieux d’aisance et un escalier de dégagement communiquant avec la chapelle ; on y trouve aussi des éléments comme un poêle en faïence Acker et le cabinet de l’hôtel Oesinger. Le musée des Arts décoratifs occupe les appartements royaux et cardinalices d’origine et présente des collections de céramiques, d’orfèvrerie, de mobilier et une salle d’horlogerie contenant des vestiges de l’horloge astronomique de la cathédrale. Le musée des Beaux‑Arts expose une collection de peintures du XIVe au XIXe siècle, comprenant des œuvres de Botticelli, Giotto, Memling, El Greco, Canaletto, Le Corrège, Corot, Van Dyck, Goya et Rubens. Le Musée archéologique, installé depuis la fin du XIXe siècle dans le sous‑sol, est l’un des plus riches de France dans le domaine des « Antiquités nationales » ; rouvert en 1992 après un réaménagement complet, il présente le passé de l’Alsace de la préhistoire, dès 600 000 av. J.‑C., à l’aube du Moyen Âge, vers 800 apr. J.‑C. Aujourd’hui, le palais demeure à la fois un monument historique, un modèle d’architecture classique et un lieu culturel majeur au cœur de Strasbourg.