Origine et histoire
Le Palais Rose, situé au 12 rue Diderot au Vésinet (Yvelines), est un hôtel particulier construit pour l'armateur Arthur Schweitzer vers 1899-1900, inspiré des lignes du Grand Trianon. La famille Schweitzer fit aussi édifier au Vésinet un monument sépulcral en marbre rose de facture similaire. Après la faillite de Schweitzer, la propriété est vendue aux enchères en 1906 à l'homme d'affaires Ratanji Tata, qui n'y réside pas et cède la demeure deux ans plus tard à Robert de Montesquiou. Le poète et collectionneur installe dans la maison un mobilier riche et des objets d'art, fait construire une annexe appelée l'Ermitage pour abriter sa bibliothèque et aménage le parc avec sculptures, bustes, torchères et un Pavillon de l'Amour inspiré du Petit Trianon. Une rotonde édifiée dans le jardin sera détruite en 1934 ; il en subsiste quelques fragments. Il orne également la demeure de ses armoiries, comme le M du trumeau de la cheminée du grand salon, et y organise des réceptions renommées. À sa mort, ses biens reviennent à son secrétaire Henry Pinard, qui vend une partie du mobilier puis cède la propriété en 1923 à la marquise Luisa Casati. La marquise y installe un jardin d'hiver chauffé pour ses animaux exotiques, possède une panthère « mécanique » empaillée et entretient des fêtes spectaculaires, jusqu'à sa ruine financière en 1934. Les meubles sont dispersés aux enchères et la propriété est adjugée à un créancier ; la Société Civile du Palais Rose finit par lotir le domaine en huit lots pour rembourser les créanciers. Le lot comprenant le palais et l'Ermitage est acquis en 1938 par Olivié Scrive, qui reconstitue partiellement la propriété en rachetant plusieurs lots et qui, en 1948, cède le palais à la Société Nouvelle du Palais Rose tout en conservant l'Ermitage. L'Ermitage reçoit un hôte notable lorsque le général de Gaulle y séjourne du 12 au 15 mai 1940, comme l'atteste une plaque apposée sur le bâtiment. Après diverses cessions, le couple Maurice Blumental et Geneviève Leroy achète le palais en 1981 puis rachète l'Ermitage en 1982, reconstituant ainsi approximativement l'ensemble montesquien. À la fin des années 1990, la SCI Palais Rose lance une vaste réhabilitation confiée à COGEMAD dirigée par Emad Khashoggi ; les travaux, engagés en 1999, se poursuivent jusqu'en 2005 tout en respectant la partie protégée de l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques. L'architecte originel du Palais Rose reste inconnu, mais l'édifice reprend les grandes lignes du Grand Trianon : une façade principale rectangulaire sur un seul étage, deux ailes, un large perron et neuf portes cintrées séparées par des pilastres ioniques en marbre rose, surmontées d'un entablement et d'une balustrade. Le niveau noble comprenait une enfilade de pièces d'apparat — salons, salle à manger, bibliothèque — à hauteur sous plafond de cinq mètres, tandis que les pièces de service, logées dans la partie basse, avaient une hauteur de 2,10 mètres et de petites fenêtres donnant sur le jardin. Deux entresols aménagés dans les ailes reliaient les deux niveaux et donnaient sur le jardin. Les transformations successives ont principalement concerné la décoration intérieure et l'aménagement du parc, Montesquiou et la marquise Casati ayant chacun apporté des aménagements liés à leurs collections et à leurs usages. Dans les années 1980, le couple Blumental confie à l'architecte Jean-Louis Cardin des travaux qui modifient les façades nord, sud et ouest, suppriment les entresols de l'aile Ouest et recomposent l'agencement intérieur, tout en traitant le soubassement par un placage de pierre. Les rénovations menées par la SCI à partir de 1999 comportent l'augmentation de la hauteur sous plafond du rez-de-jardin de 2,10 à 3,30 mètres par décaissement, l'agrandissement des ouvertures en portes-fenêtres, la création d'un niveau de sous-sol éclairé par des puits de lumière accueillant salle de sport, cinéma, piscine, salle de jeux et garage, ainsi que la modernisation des installations techniques et la restauration des décors par des artisans spécialisés. Elles incluent enfin la création d'une cage d'escalier monumentale et l'adaptation de l'Ermitage en appartements d'invités. Le Palais Rose est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 11 juillet 1986. Sur le plan culturel, le Palais Rose a inspiré la littérature et le cinéma : il sert de décor à une aventure d'Arsène Lupin, La Cagliostro se venge, figure dans le roman La Casati de Camille de Peretti publié en 2011 et apparaît fugitivement dans le film Les Visiteurs 2 : Les Couloirs du temps (1998).