Papeteries de Lancey à Villard-Bonnot dans l'Isère

Papeteries de Lancey

  • 38190 Villard-Bonnot
Papeteries de Lancey
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Crédit photo : Jvillafruela - Sous licence Creative Commons
Propriété d'une société privée

Période

2e moitié XIXe siècle

Patrimoine classé

Conduites forcées de 1869 et 1889 dans leur portion basse ; maison d'Aristide Bergès ; installations du site de la première usine au débouché de la Combe (cad. AO 62 ; AN 352, 353) : inscription par arrêté du 23 juillet 1992

Origine et histoire

L'invention du défibreur mécanique par l'Allemand Voelter permit l'usage industriel de la pâte de bois ; l'ingénieur Aristide Bergès adapta cet équipement à l'énergie hydraulique, exploitée désormais en conduite forcée avec une dénivellation passant d'abord de 200 à 500 mètres. Chaque défibreur était associé à sa propre turbine et l'augmentation de puissance contribua au succès de la « houille blanche », expression utilisée par Bergès lors de l'Exposition universelle de 1889. Arrivé en 1867 dans la vallée du Grésivaudan, Aristide Bergès installa en 1869 une première râperie à bois au bord du ruisseau de la Combe de Lancey et produisit de la pâte à papier alimentée par une conduite forcée. Il étendit son site avec une unité de papeterie mise en service à partir de 1883, une conduite forcée de 500 mètres et une dynamo Gramme utilisée pour l'éclairage de l'usine ; l'électricité issue de l'eau fit ensuite fonctionner les machines. Inspiré par les premières expérimentations de transport d'électricité, Bergès utilisa aussi l'idée de transmettre l'énergie au-delà du site et, à partir de 1886, régularisa les apports d'eau grâce à de petits lacs en amont des conduites. Dans les années 1890, deux nouvelles conduites forcées amenèrent l'eau du ruisseau de Vors jusqu'à l'usine. Une partie des installations de la première usine a été aménagée en petit musée.
Après la mort d'Aristide Bergès en 1904, l'usine prit la forme d'une société anonyme placée sous la direction d'Auguste Biclet, et resta propriété de la famille jusqu'en 1909 ; le bois employé provenait en partie des forêts voisines, notamment du massif du Vercors. L'expansion entre 1880 et 1907 transforma Villard-Bonnot, avec la création d'équipements publics, de cités ouvrières, de tramways électriques et d'une crèche. Dans les années 1920, l'effectif atteignait environ 1 800 salariés, presque la moitié d'origine étrangère, logés dans des cités ouvrières comme l'Avenue d'Espagne, la cité des Roses ou la cité de Vors.
En 1914 l'usine disposait de sept machines à papier et d'une machine à carton ; à partir de 1915, les installations permirent la production de 6 000 obus par jour. Après 1917, le groupe prit une dimension nationale en absorbant divers établissements et devint en 1921 la Société des Papeteries de France, devenant alors le premier groupe français du secteur ; en 1923, la société prit la concession de la mine d'anthracite de Saint-Mury-Monteymond, utilisée dans une centrale thermique jusqu'en 1962. Durant la seconde guerre mondiale, l'usine servit aussi de soutien aux maquis locaux, certains responsables employant des dispositifs de protection et offrant des emplois pour cacher des réfractaires au STO.
Après la guerre, la direction évolua : Pierre Rigault succéda à Biclet puis d'autres changements amenèrent Henry Jaussaud à la tête de l'entreprise, qui fit installer la « Machine 8 », inaugurée en mai 1960 par le ministre de l'Industrie Jean-Marcel Jeanneney. L'installation de cette machine nécessita le déplacement sur rails du château Bergès, bâtiment de 2 500 tonnes, sur 73 mètres vers sa nouvelle emprise. Les résultats financiers escomptés ne furent pas atteints, mais l'entreprise poursuivit des acquisitions ; l'ouverture du marché européen en 1958 contribua à des regroupements pour faire face à la concurrence scandinave.
À partir des années 1970 la situation financière se dégrada et plusieurs sites furent cédés ; la crise de 1975 affecta profondément l'industrie papetière. Au début des années 1980, le site employait environ 500 personnes. En 1984, l'usine redevint indépendante sous le nom de Société des Papeteries de Lancey, détenue par la société Aussedat-Rey ; International Paper entra au capital en 1986 puis, après une offre publique en 1989, prit 99 % des actions en avril. Le 23 juillet 1992, une partie du site fut inscrite au titre des monuments historiques. En 1995 l'activité carton fut arrêtée et 200 salariés furent licenciés ; en 1997 les cadres reprirent l'entreprise, qui rejoignit en 2002 le groupe Matussière et Forest SA. En 2005 une crue du torrent de la Combe de Lancey provoqua une grave inondation des locaux et un chômage technique touchant 280 salariés ; la même année le groupe MatlinPetterson racheta la société et vendit les centrales hydroélectriques de Lancey. La persistance du déficit entraîna la mise en liquidation judiciaire du groupe Matussières et Forest SA et la fermeture du site en septembre 2008.
La demeure d'Aristide Bergès est devenue la Maison Bergès - Musée de la Houille blanche en 2011 ; ce bâtiment, d'inspiration éclectique et marqué par le style Art nouveau, conserve des éléments liés à Alfons Mucha et la statue Allégorie de la Houille Blanche d'Auguste Davin, et accueille des expositions temporaires dans ses intérieurs et ses jardins. Après la fermeture des papeteries, une partie du site a été reconvertie en pépinière d'entreprises et en boulodrome, tandis que certaines zones restent désaffectées et exposées au risque d'inondation en 2024. Enfin, sont protégées au titre des monuments historiques la portion basse des conduites forcées datées de 1869 et 1889, la demeure d'Aristide Bergès et les installations du site de la première usine au débouché de la Combe.

Liens externes