Origine et histoire
Le parc Corbin occupe l'ancienne propriété d'Eugène Corbin, grand mécène de l'École de Nancy. La maison familiale, agrandie en 1911-1912 d'après les plans de Lucien Weissenburger, abrite aujourd'hui le Musée de l'École de Nancy. Dans le parc se trouve un pavillon circulaire qui servait d'aquarium, probablement conçu dès 1904 par Lucien Weissenburger. Ce petit édifice en pierre de taille au parement irrégulier présente un plan circulaire couronné d'un belvédère et d'une ombrelle vitrée d'inspiration japonaise. La puissante corniche et la modénature vigoureuse des percements cintrés lui donnent un caractère rustique ; les verrières de Jacques Gruber qui ornaient porte et impostes ont été déposées au musée. Devant l'aquarium, un ensemble de bassins aux contours irréguliers forme avec le pavillon un ensemble paysager cohérent. À l'intérieur, des aquariums métalliques sur consoles étaient disposés devant les fenêtres ; le sous-sol est traité en rocaille avec un bassin central structuré par des branchages rustiques en ciment, et un escalier métallique en vis suspendu donne accès à la terrasse par un sas cylindrique supportant la verrière. Des bustes et des potelets placés devant certaines baies sont des adjonctions postérieures. Une chapelle funéraire de style Art nouveau, provenant du cimetière de Préville et conçue avant 1904 par Pierre Roche pour la famille Nathan, a été remontée dans le parc. Ce petit monument associe pierre de taille et bronze, s'orne de deux ouïes latérales avec verrières à décor floral et complète l'ensemble des constructions de la propriété. Un autre monument funéraire, élevé en mémoire de Georgette Vierling par Jules Nathan et déplacé du cimetière de Préville en 1969, présente une chapelle conçue par Jean Marius Girard et décorée par le sculpteur Pierre Roche ; elle est ornée de vitraux floraux d'Henri Carot et surmontée d'un lys en grès émaillé d'Alexandre Bigot. Cette sépulture, l'un des premiers exemples d'architecture funéraire Art nouveau à Nancy, mesure 5,25 m de haut sur une base de 1,91 × 2,45 m. Dans le jardin se trouve également une porte en chêne réalisée par l'ébéniste Eugène Vallin pour les ateliers Gallé en 1897 ; installée au musée en 1964, elle a été restaurée en 1999 et porte la devise « Ma racine est au fond des bois ». Le parc comporte enfin une statue de l'ébéniste Louis Majorelle qui, au fil des ans, prend la couleur de son environnement végétal. Réhabilité en 1999 par le paysagiste Philippe Raguin, le jardin restitue les ambiances végétales du début du XXe siècle et sert d'espace verdoyant en milieu urbain. Autour des bassins plantés de nénuphars, on trouve des lilas, pivoines, hortensias et anémones, issus d'hybridations locales de la fin du XIXe siècle ; la berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) y est utilisée pour ses qualités ornementales et figure comme motif décoratif de l'époque. L'aquarium et le jardin ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté du 21 avril 1998. Le pavillon-aquarium a fait l'objet de restaurations en 1999 puis en 2008 pour maintenir son usage et son intérêt patrimonial. Le parc accueille par ailleurs des éléments déplacés et remontés depuis d'autres sites, témoignant des pratiques de conservation et de mise en valeur du patrimoine local.