Origine et histoire
Le parc du domaine de Chantilly s'étend dans la vallée de la Nonette, affluent de l'Oise, autour du château et sur les communes de Chantilly et Vineuil-Saint-Firmin. Le site occupe l'emplacement d'une forteresse médiévale, dotée à l'origine de sept tours et de douves, qui contrôlait la route de Paris à Senlis et appartenait aux Bouteiller de Senlis. Vendue en 1386 à Pierre d'Orgemont, la forteresse est reconstruite à la fin du XIVe siècle par sa famille, puis passe en 1484 aux Montmorency, qui modernisent fortement l'ensemble. C'est sous Anne de Montmorency que sont lancés d'importants travaux au XVIe siècle : la rénovation par Pierre Chambiges, la construction du Petit Château par Jean Bullant en 1551, l'aménagement d'une terrasse et de premiers jardins. La Maison de Sylvie, édifiée dans le parc pour Henri Ier de Montmorency, servira plus tard de refuge au poète Théophile de Viau et donnera son nom à une partie du domaine. Confisqué puis restitué à la lignée des Condé, le domaine devient au XVIIe siècle la propriété de Louis II, dit le Grand Condé, qui fait appel à André Le Nôtre pour dessiner le parc. Le Nôtre canalise la Nonette et crée le Grand Canal d'une exceptionnelle longueur, établit des parterres à la française entre la terrasse et le canal, trace la perspective reliant la grille d'honneur à la terrasse et travaille avec Daniel Gittard et Jules Hardouin-Mansart à la composition d'ensemble. Les parterres, les allées et les aménagements de cette époque, ponctués de vases, bassins et statues, donnent au site sa structure fondatrice. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les princes de Condé multiplient les embellissements : terrasse et grand degré, réaménagements intérieurs, création d'un petit parc ou « parc de La Caboutière », jeux d'eau, labyrinthes et un spectaculaire jeu de l'oie géant qui furent des attractions jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Jean Aubert, au XVIIIe siècle, élève les Grandes Écuries, vaste bâtiment long de 186 mètres, et reconfigure le Grand Château, tandis que Louis IV Henri de Bourbon-Condé développe une manufacture de porcelaine et crée de nouvelles salles et fabriques de jardin. Au XVIIIe siècle encore, sont réalisés le Jeu de Paume, le château d'Enghien pour les invités et, à la place des prairies orientales, un jardin anglo-chinois ponctué de fabriques et d'un hameau d'agrément. La Révolution entraîne la mise sous séquestre du domaine, la transformation du Grand Château en prison sous la Terreur, la négligence des jardins et la vente puis la démolition partielle des bâtiments ; le Petit Château et les Grandes Écuries sont toutefois épargnés. Au XIXe siècle, malgré des aliénations et la création d'une route qui coupe le parc, certains développements sont poursuivis : le jardin anglais est aménagé par Victor Dubois et, au siècle suivant, le duc d'Aumale poursuit la restauration et la reconstitution muséale du château en y installant ses importantes collections. Henri d'Orléans lègue l'ensemble à l'Institut de France en créant le musée Condé, afin de préserver le domaine et ses collections pour la nation. Le parc actuel couvre 115 hectares dont 25 hectares de plans d'eau, auxquels s'ajoutent les 60 hectares du parc de Sylvie, tandis que la forêt de Chantilly, de plus de 6 300 hectares, reste partie intégrante du domaine. La composition du parc conserve la structure en deux axes perpendiculaires propre à Le Nôtre : l'axe Nord‑Sud de la terrasse et l'axe Est‑Ouest du Grand Canal, prolongé vers la forêt par des perspectives et des fabriques. Les parterres restaurés au XIXe siècle ont perdu leur trapèze d'origine au profit de rectangles plus réguliers, mais subsistent des broderies végétales et des aménagements hérités des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment autour de la Maison de Sylvie et de la Volière. Le Petit Parc garde des traces des promenades et des « chambres de verdure » conçues pour le divertissement, ainsi que des vestiges du grand jeu de l'oie et de labyrinthes aujourd'hui disparus ou arasés. À l'est, le jardin anglo-chinois conserve quelques fabriques et les maisons rustiques du hameau, dont plusieurs sont encore visibles, tandis que le jardin anglais aménagé au début du XIXe siècle intègre d'anciennes fabriques et offre des allées sinueuses et des vues sur le château, avec notamment le Temple de Vénus parmi les éléments subsistants. Le parc, qui a fait l'objet de nombreuses restitutions et réaménagements au fil des siècles, reste un exemple significatif de la superposition des goûts et des techniques de l'art des jardins du XVIe au XIXe siècle. Le domaine continue d'accueillir un public nombreux et des événements culturels, tout en conservant pour l'essentiel la silhouette et la disposition générale voulues par ses principaux aménageurs. Enfin, un incendie localisé déclaré le 7 novembre 2022 dans un couloir technique sous des terrasses a entraîné l'évacuation des visiteurs, sans modifier la vocation patrimoniale du domaine.